Courrier à Anne Hidalgo, Maire de Paris au sujet de la mise à l’abri des jeunes isolées étrangers dans le contexte de crise sanitaire du COVID-19
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Paris, le 4 avril 2020


Monsieur David Belliard
Président du groupe écologiste au Conseil de Paris

Madame Fatoumata Koné
Vice-présidente du groupe écologiste au Conseil de Paris

Madame Anne Hidalgo
Maire de Paris

 

Madame la Maire,

En cette période de crise sanitaire sans précédent, le groupe écologiste au Conseil de Paris tient à exprimer son soutien et sa gratitude à l’ensemble des agentes et agents de la Ville mobilisé.e.s à Paris pour lutter contre l’expansion du COVID-19. Nous saluons l’ensemble des mesures prises par la municipalité dans ce cadre, notamment pour les personnels soignants et de secours, les sans-abris, les personnes âgées ou handicapées.

Alors que l’état d’urgence sanitaire a été déclaré il y a bientôt deux semaines en France, nous souhaitons attirer votre attention sur la situation extrêmement préoccupante des jeunes isolés étrangers à Paris.

La fermeture du Dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers de Paris (DEMIE 75) a privé une partie de ces jeunes de la possibilité d’être pris en charge par les services de l’Aide sociale à l’enfance. En outre, les recours déposés par les jeunes ayant été évalués majeurs par le DEMIE 75 ont été suspendus jusqu’à la fin du confinement, laissant ce public dans une impasse administrative et totalement livré à lui-même.

Dans un courrier adressé à l’ensemble des présidents de conseils départementaux en date du 21 mars 2020, le Secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’Enfance Adrien Taquet a déclaré que la « priorité doit être donnée à leur mise à l’abri quand bien même les conditions de l’évaluation de la minorité sont perturbées. La protection des mineurs, et notamment de ceux se présentant comme mineurs non accompagnés, doit être garantie par des mises à l’abri systématiques ». Le 22 mars, il a également annoncé sur les réseaux sociaux que chaque jeune qui en ferait la demande, « évalué mineur ou majeur », serait mis à l’abri par les services de l’Etat et des départements.

Or, dans un signalement adressé le 2 avril dernier au procureur de la République de Paris, avocats, ONG et associations qui accompagnent au quotidien ces jeunes en dénombrent plus de 200 aujourd’hui à Paris. Les élu.e.s du groupe écologiste au Conseil de Paris souhaitent alerter sur le double risque que courent ces jeunes à la rue, à la fois pour eux-mêmes car ils sont davantage exposés à une contamination au COVID-19 et pour autrui avec les risques de transmission accrus dans ces conditions sanitaires indignes.

Notre groupe salue votre proposition de co-financer une structure d’hébergement pour ces jeunes avec l’Etat, proposition que nous avons d’ailleurs appuyée à travers un courrier adressé au Secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’Enfance, Adrien Taquet.

Néanmoins cette solution de moyen terme ne permettra pas de répondre à la situation d’urgence dans laquelle se trouvent actuellement ces jeunes en attente d’une décision de justice. Comme vous le savez, les hébergements proposés par les associations, notamment dans les hôtels, exigent des moyens financiers dont elles ne disposent plus.

Aussi nous souhaitons nous associer aux demandes des associations pour que des lieux d’hébergement adaptés au contexte de l’épidémie soient mis à disposition de ce public particulièrement vulnérable dans les plus brefs délais : la résidence étudiante de 92 studios de la Régie immobilière de la ville de Paris et l’internat du collège Thomas Mann dans le 13e arrondissement, les auberges de l’association Maisons Internationales de la Jeunesse et des Étudiants (MIJE) dans le Marais, les loges des théâtres de la Ville (comme celles du Théâtre des Abbesses), ou encore le bâtiment du 14, avenue Parmentier dans le 11e arrondissement semblent par exemple adaptés. Dans le cas contraire, pour éviter que ces jeunes retournent à la rue, nous demandons que la Ville prenne à sa charge le coût des nuitées d’hôtel actuellement payées par les associations.

Nous nous tenons à votre disposition pour échanger sur les moyens que vous jugerez appropriés de mettre en oeuvre pour la prise en charge de ces jeunes, et vous prions d’agréer, Madame la Maire, l’expression de nos meilleurs sentiments.

David Belliard
Fatoumata Koné

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Réponse de Dominique Versini, Adjointe à la Maire de Paris Chargée des solidarités, de la lutte contre l’exclusion, de l’accueil des réfugiés et de la protection de l’enfance – 9 avril 2020

 

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