2019 DVD 120 : Communication sur l’avenir du Boulevard Périphérique. Premier Bilan de la concertation.
2019 DVD 119 : Boulevard Périphérique. Convention d’études pour améliorer la connaissance du trafic et de ses nuisances.
2019 SG 72 : Convention de subvention d’investissement (630.000 euros) à l’association AIRPARIF pour l’achat de matériel de mesure innovant de la qualité de l’air.
Les écologistes l’ont rappelé en juin 2019 lors de l’adoption par notre instance du rapport de la Mission d’Information et d’Évaluation qui portait sur le périphérique : cet axe routier, véritable autoroute urbaine est le symbole du désastre écologique et sanitaire provoqué par une politique tournée vers le tout-voiture individuelle. Sans surprise, le constat reste 6 mois plus tard, inchangé.
1.1 million de véhicules par jour sur 150 hectares au sol, un trajet moyen de 7.5 km qui coûte à la ville environ 4 centimes par trajet soit un coût de plus de 10 millions d’euros sur le budget de cette mandature. Le périphérique ce sont donc ces chiffres qui en cachent d’autres.
Tous les jours, ce sont 100 000 personnes au moins qui souffrent des pollutions sonores, visuelles mais surtout de l’air que le périphérique génère. Rappelons-le, la pollution de l’air est la deuxième cause de mortalité évitable dans notre pays, l’exposition aux particules fines peut réduire l’espérance de vie de 2 ans dans les grandes villes. De plus, d’après BruitParif les pollutions sonores dues aux transports causent, en moyenne, pour les habitants de la Métropole du Grand Paris une perte de 10,1 mois de vie en bonne santé, au cours de leur existence. A lui seul, le périph’ génère 37% des émissions d’oxydes d’azote et 35% des particules fines du secteur du transport routier à Paris. Le périphérique doit donc être abordé en premier lieu comme un enjeu majeur de santé publique.
D’ailleurs, les écologistes sont les premiers mobilisés sur le sujet depuis des années, tant par des actes militants comme en témoigne l’opération Carré Vert de 2008, visant à bloquer la circulation sur le périphérique. A cette époque les écologistes revendiquaient déjà la transformation du périphérique en « boulevard urbain » accueillant d’autres modes de transport et d’autres usagers comme les transports en commun, taxis, piétons, cyclistes…
Que par nos actions au sein même de cet hémicycle, rappelons par exemple que ce sont les écologistes qui ont demandé la réduction de la vitesse de circulation afin de faire baisser tant les nuisances que la pollution générés par les moteurs. La Nuit Blanche 2019 sur le périphérique qui a par ailleurs été plébiscité par les parisiennes et parisiens, s’est faite également sous l’impulsion des écologistes. Nous avons la conviction que ce type d’événements, s’apparente à de petites révolutions culturelles permettant au plus grand nombre d’imaginer le périphérique autrement que ce qu’il est aujourd’hui à savoir des kilomètres de béton destiné à l’unique usage de la voiture.
Le périphérique, c’est aussi une grande balafre dans le tissu urbain qui enceint Paris et, coupe la capitale de ses voisins, c’est pourquoi, les métropolitain.e.s qui utilisent et subissent les nuisances du périphérique sont tout autant légitimes que les Parisiens à prendre part aux décisions sur l’avenir de cette infrastructure.
De plus, cet espace de marge concentre des populations très fragiles, c’est encore le cas actuellement, exilés, SDF trouvent souvent refuges aux abords et sous le périphérique et ces publics doivent être accompagnés et ne pas être laissés pour compte.
Lors de la MIE, les écologistes se sont battus, pour stopper toute construction aux abords du périphérique tant qu’il revêt encore cette fonction d’autoroute urbaine. Mais nous avons été bien seuls à souligner l’urgence de ce moratoire. Dans les contributions à la mission d’information, nous avions proposé de :
- de 2019 à 2024 : Prendre des mesures d’urgences sanitaires, en particulier, le déclassement de cette route en boulevard urbain afin de réduire sa vitesse et imaginer de nouveaux usages comme son ouverture aux cyclistes et autres mobilités douces. Rappelons quand même que la vitesse moyenne (sur 24h où les bouchons des heures de pointe sont lissés avec le reste de la journée) est de 40km/h, encore en deçà des 70 km/h réglementaires. Le déclassement donc, ne changera rien à la situation actuelle du périphérique. Il faut dès aujourd’hui limiter la vitesse sur cet axe à 50km/h pour en réduire les nuisances.
- Entre 2024 et 2030, il faut entreprendre concrètement des réalisations, urbanistiques notamment, pour faire du périphérique d’hier, un boulevard urbain vert et habité. Dès 2024, il faut mailler cet espace de véritables îlots de vie et de nature, au service et dédié au confort de tous les métropolitaines et métropolitains. Faire de ces 150 hectares, un espace métropolitain de résilience et d’adaptation de la ville aux changements climatiques.
Pourtant dans la délibération DVD 120 intitulé « Avenir du boulevard périphérique : premier bilan de la concertation, il est écrit que la Ville de Paris mènera, entre autres, des initiatives de réduction massive de la pollution environnementale et sonore via, notamment, des “aménagements envisagés, et des innovations technologiques pour la dépollution” sous formes d’expérimentations. Ce n’est pas ce sur quoi nous avions atterrit pendant la MIE ! Si nous entamons rapidement le travail de transformation du périphérique, nous ne comprenons pas l’utilité de dépenser des millions d’euros pour des dispositifs visant à répondre à la catastrophe écologique et sanitaire générée par l’usage qu’il en est fait actuellement et qui devrait s’atténuer puis disparaître une fois la transformation initiée. Ce sont des pansements très onéreux sur une jambe de bois. Ce qu’il faut, c’est d’ores et déjà commencer à investir massivement dans la transformation totale du périphérique !
Aujourd’hui, on le sait, seulement 5% des trajets effectués quotidiennement sur le périphérique partent et arrivent à Paris. Toutes décisions que nous prendrons, en tant que “propriétaires” impacteront autant, si ce n’est davantage, nos voisins et l’ensemble des habitant.e.s de la région Ile de France qui sont plus nombreux à détenir une voiture. Point de rencontre entre Paris et la couronne, il est impératif de penser le futur, la mue du périphérique ensemble. C’était l’objet du voeu que mon groupe avait déposé en juin 2019 demandant la tenue d’une grande concertation au sujet du périphérique. Il nous semble nécessaire d’obtenir un consensus entre tous les territoires de la Métropole sur la nécessité de transformer le périphérique car sa transformation aura un impact pendant plusieurs décennies sur l’ensemble de la métropole, Paris ne peut donc décider seule de l’avenir de cette infrastructure.
Nous manquons cruellement de chiffres et de données qualitatives sur l’usage du périphérique et en ce sens, il nous semble nécessaire de mener des études avec tous les partenaires concernés ; afin d’ajuster au mieux nos politiques publiques communes pour permettre à cette autoroute urbaine de muter vers un boulevard urbain végétalisé qui, à terme, pourra même être habité. Nous saluons donc la signature de la convention d’études avec l’Etat, la Région Ile de France, Ile de France Mobilité, la Métropole du Grand Paris, les départements des Hauts-de-Seine, Seine-St-Denis et Val de Marne.
Sur la méthode néanmoins, nous avons des appréhensions. En effet, page 7 de la convention, il est écrit qu’il a été choisi de recourir à de la “reconnaissance par caméra et analyses d’image” afin de compter le nombre d’usagers par véhicule. La loi LOM, ainsi que la loi Olympique ouvrent la voie à des usages futurs incertains de ces dispositifs de comptage. Notre ministre de l’Intérieur se dit lui-même “très heureux que l’on puisse travailler sur l’expérimentation de la reconnaissance faciale à Nice” en saluant “l’ambition sécuritaire” du maire, Christian Estrosi. Alors si nous installons des dispositifs de reconnaissance par caméras capables de compter le nombre de passagers par véhicules, caméras qui seront à même de surveiller et reconnaître ces mêmes personnes, dans une logique toujours plus sécuritaires, les écologistes, craignent une dérive sur l’usage futur de ces caméras. C’est la raison que nous nous abstiendrons sur la délibération DVD 119.
Enfin, la dernière délibération rattachée à ce débat, la SG 72 vise, elle, à augmenter la subvention versée à AirParif pour son travail de mesures de la qualité de l’air. AirParif est devenu une véritable sentinelle et nous avançons ensemble pour adapter aux mieux l’action de la ville sur cette question. Nous nous réjouissons de cette hausse importante de la subvention versée à cet organisme, sans lequel, nous aurions pris davantage de retard que nous en avons déjà, dans l’adaptation de notre ville à la protection des parisiennes et parisiens face à la pollution de l’air. Les subsides versés permettront notamment d’affiner notre connaissance de certains polluants de l’air comme les particules ultra fines (dont l’ Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) recommande le contrôle attentif), l’ammoniac ou les métaux lourds. Ces composants sont reconnus comme des nouveaux polluants dont la nocivité est maintenant avérée. En plus de continuer à éveiller les consciences encore sceptiques sur le sujet de la qualité de l’air et du danger que la ville carbonée nous fait courir à tous, tout en contribuant au désastre écologique, ces résultats permettront, je l’espère, de parfaire notre rôle de collectivité dans la protection de ses habitants et de l’environnement.
Vous l’aurez compris, les écologistes continueront à porter un projet ambitieux de transformation du périphérique, une réelle vision du périphérique de demain, qui répond à l’impératif écologique et qui offre un cadre de vie désirable à celles et ceux qui vivent au plus près de cette autoroute urbaine. Boulevard urbain végétalisé, ceinture verte habitée, création de bassin de vie vert et cyclable… cette transformation, nous souhaitons la faire en concertation avec les riverain.e.s et tous les acteurs impliqués sur le sujet. Car les pollutions et le dérèglement climatique nous oblige à agir vite pour adapter notre ville aux enjeux à venir.