Dans le prolongement de mon collègue, je pointerai quelques éléments qui manquent particulièrement d’ambition.
Tout d’abord, un point qui m’est particulièrement cher et sur lequel je suis intervenue tout au long de la mandature :
La nature en ville
Les écologistes sont mobilisés sur ce point depuis des décennies, c’est notre ADN il faut :
Augmenter de manière significative le nombre d’espaces verts, les m2 de pleine terre pour faire respirer la ville, la rendre plus résiliente au changement climatique.
Avoir accès à des espaces de fraîcheur est une priorité en période de canicule.
Favoriser la végétalisation et accompagner très concrètement les initiatives des parisiens et des parisiennes est indispensable en permettant l’accès à l’eau, en distribuant de la bonne terre, en réalisant des aménagements pour les permis de végétaliser adéquats, esthétique et de bonne qualité. Des moyens humains sont nécessaires pour que ces initiatives perdurent dans le temps
Plutôt que de densifier, il faut garder les derniers espaces verts si rares à Paris. A chaque fois que c’est possible, il faut en créer de nouveaux.
Les espaces verts, parcs ou jardins, sont des lieux publics, de plus en plus fréquentés les usages s’y sont diversifiés. Pour faire de ces espaces, des lieux de cohabitation heureuse pour toutes et tous, il faut renforcer la présence des agents municipaux, tant en matière d’entretien et d’embellissement de ces espaces de nature qu’une présence bienveillante pour réguler les usages de ces lieux.
Il faut aussi parler de la gestion des cimetières parisiens. En effet, il a été décidé par la Maire de Paris de mettre en place les inhumations le dimanche, créant ainsi une demande plutôt qu’y répondant. Contestable sur le principe, cette décision est également contestable sur le plan des ressources humaines, puisque le personnel des services du funéraire n’a pas été augmenté. C’est le sens de nos requêtes pour plus de personnels à la direction des espaces verts.
L’éducation à l’environnement
Les récentes manifestations de la jeunesse pour le climat l’ont montré : l’écologie et la protection de notre environnement sont des préoccupations majeures pour la nouvelle génération. Il appartient donc aux responsables politiques de répondre à cette demande en intégrant ces grands enjeux aux politiques municipales et départementales, et notamment à l’école et au collège où se forment les esprits citoyens
La Ville disposait d’un Centre de ressource et d’éducation à l’environnement, dans le 13e arrondissement, qui permettait à des centaines d’élèves de se former tout au long de l’année, il a été décidé de le fermer en mai dernier ! Quel manque de vision, quel gâchis surtout pour tous ces jeunes qui ne demandent qu’à apprendre, et pour le personnel des écoles de la Ville qui y était également formé !
Même constat pour le centre du Jardin Naturel, la Maison des oiseaux ou le Bus pédagogique du Parc floral, autant de structures qui permettaient aux jeunes parisiens de découvrir la nature en Ville et qui ont dû fermer, victimes d’une logique comptable aveugle à l’urgence écologique.
Bref les écologistes dénoncent le manque de moyens consacrés par notre collectivité à l’éducation à l’environnement et au développement durable, alors même que la demande et les besoins n’ont jamais été aussi importants.
La réforme des classes découverte en cours est une autre illustration de cette logique comptable qui détruit peu à peu tous les dispositifs consacrés à l’éducation verte qui existaient jusque-là dans notre ville. La façon dont cette réforme est mise en œuvre est tout aussi contestable. Le groupe écologiste dénonce l’opacité dans laquelle cette réforme est menée, et alerte sur les graves conséquences économiques qu’elle aura pour beaucoup de structures et de personnels avec lesquels la Ville a travaillé pendant des années. C’est pourquoi nous déposons un vœu en 6e commission sur le sujet.
L’hébergement d’urgence
La Communication, rattachée au budget, sur l’effort de la collectivité parisienne en faveur de l’intégration des immigrées offre un tableau complet des moyens considérables . Nous pourrions en tirer un orgueil légitime si la situation ne restait pas aussi dramatique sur le terrain pour tous ces hommes, femmes et enfants qui continuent d’habiter les campements de rue du nord-est de Paris, dans des conditions absolument indignes.
Alors oui, l’Etat entretient cette situation en n’assurant pas sa mission régalienne d’hébergement d’urgence. Mais l’hiver est là, et face aux besoins criants nous devons agir au-delà de nos compétences.
La Ville a su le faire quand il s’est agi de créer un centre d’hébergement pour femmes SDF à l’Hôtel de Ville. Or il existe un autre public particulièrement vulnérable et qui doit être pris en charge avec des moyens spécifiques : il s’agit des jeunes isolés étrangers. Qu’ils soient mineurs en attente d’une décision de justice, ou jeunes majeurs, ils constituent un public particulièrement vulnérable et susceptible. Si ces jeunes ne sont pas pris en charge, ils risquent d’être victime de prédateurs qui sont présents autour de ces campements, ou des dealers actifs dans ces mêmes quartiers. C’est non seulement une question d’humanité, mais c’est aussi l’intérêt des riverains des quartiers concernés.
Voilà pourquoi le groupe écologiste de Paris demande depuis si longtemps la création d’un accueil de nuit pour ces jeunes isolés étrangers : la Ville de Paris, qui se veut Ville-refuge, s’honorerait donc à créer un tel accueil, à l’image de ce que Médecins sans Frontières fait avec son programme d’hébergement à Neuilly Plaisance.
Un budget sensible au genre
Autre sujet, que nous avons évoqué tout à l’heure lors de notre intervention sur le rapport égalité femmes-hommes : l’adoption d’un budget sensible au genre. Les écologistes avaient fait adopter au Conseil de Paris de février 2016 un vœu demandant la mise en place d’un tel budget, dans lequel la Ville s’engageait à le présenter dès 2017.
Nous voilà fin 2019, et la seule chose concrète dont nous disposons c’est la mention “d’expérimentations” (dont nous n’avons d’ailleurs pas le détail) et la promesse – une fois encore – d’un budget sensible au genre pour l’année prochaine. Nous sommes donc très loin du compte sur cette question.
Pouvez-vous nous indiquer précisément ce qui a été réalisé en la matière ?
Le sport
La natation est le sport préféré des français. Le groupe écologiste a soutenu et continue de soutenir l’initiative qui était plus que nécessaire d’offrir des infrastructures aquatiques décentes, aux normes et agréables. Un grand nombre d’associations sont aujourd’hui déçues et le Plan nager à Paris semble s’être noyé ! De nombreux sites sont en travaux (nécessaires), et trouver des créneaux, pas trop loin de chez soi, relève parfois du calvaire. Il faut davantage étendre les horaires de nos piscines et faire cohabiter clubs et usagers, notamment le soir.
Toujours sur le sport, mais cette fois les jeux olympiques.
Les jeux olympiques ont été imposés par la Maire de Paris, sans référendum. Une grande campagne publicitaire se déroule sur l’héritage des jeux olympiques, mais nous savons qu’avant l’héritage éventuel il y aura des dépenses. La préparation de cet événement mobilise d’énormes budgets. Et souvent les JO ont coûté bien plus qu’annoncé. Est-ce que cela sera à nouveau le cas pour les JO 2024 ?
Nous avons lors du dernier Conseil de la métropole constaté que pour la piscine olympique de Saint Denis, toutes les propositions financières des grands groupes du BTP étaient largement au-dessus du budget prévu. De quel montant est ce dépassement ? Nous engageons de l’argent public pour des dizaines d’années. Des millions ? ou des dizaines de millions ? voire plus quand toutes les clauses du contrat seront analysées ? Nous en saurons plus lors du prochain Conseil extraordinaire de la métropole dont l’ordre du jour unique sera le dépassement de budget pour la piscine des JO. Je ne parle là que d’un seul équipement. Où en sont les autres équipements ? Où en est Solidéo (la société de livraison des équipement olympiques) présidée par la Maire de Paris ? Les chiffres donnent le tournis. Je lance un cri d’alarme. Il est urgent de faire un état des lieux de ce qui est engagé comme dépense pour la ville pour la tenue de ces jeux. Nous avons besoin de transparence.
Le Groupe écologiste de Paris demande un état des lieux sur les impacts environnementaux et les dépassements budgétaires des JO.
Joëlle Morel
- Budget primitif 2020 : Pour un budget à la hauteur du défi climatique – Intervention de Fatoumata Koné
- Budget primitif 2020 : Bilan financier de la mandature – Intervention de Jérôme Gleizes
- Budget primitif 2020 : Convention avec I4CE-Institute for Climate Economics – Intervention de Jacques Boutault
- Budget primitif 2020 : Débat sur le budget de la préfecture de Police – intervention de Pascal Julien
- Vote du Budget primitif 2020 : Explication de vote de David Belliard et résultat du vote