ENVIRONNEMENT : Projet « Oasis » + Réponse de Célia Blauel
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80 hectares de bitume, c’est ce que totalisent les cours d’écoles parisiennes, à un moment où enfin tout le monde ou presque se rend compte que notre territoire est confronté à une urgence climatique et sanitaire. Tout concorde dans ce sens. Sur l’année écoulée, Paris a été confrontée à des pics de canicule et à une crue de la Seine. Il est urgent donc de répondre à ces événements qui risquent malheureusement d’être de plus en plus récurrents.

Pour répondre à l’enjeu de résilience de la Ville, les cours des établissements scolaires sont des leviers importants car leurs sols bitumés participent massivement à l’effet d’îlots de chaleur urbains. Dans ce cadre, débitumer nos cours d’école, pour développer les îlots de fraîcheur dans Paris, est un acte essentiel.

Nous remercions donc notre adjointe Célia BLAUEL pour le travail qu’elle mène en portant ce beau projet.

 

La prochaine étape est d’aller plus loin encore dans la renaturation de notre ville si dense, si minérale, si imperméable. Chaque élève scolarisé à Paris devrait au sein de son école, dans sa cour de récréation, avoir accès à un jardin pédagogique, à des ombrages d’arbres, à des points d’eau, des fontaines pour boire et se rafraîchir, ou encore des mares pédagogiques intégrées dans une trame bleue.

Nous devons maintenant ouvrir la voie à un nouveau paradigme dans lequel la débitumisation est la règle et non un beau projet. Permettons aux jeunes Parisiennes et Parisiens de créer un vrai lien avec la nature. Créons des zones humides, des espaces de pleine terre, des herbes hautes. Saisissons ce projet pour sensibiliser et éduquer toute l’année les élèves au jardinage, au travail à la terre, à la connaissance des différents fruits et légumes.

Nous savons bien que nombre de petits citadins parisiens manquent cruellement de ce lien à la terre. C’est une occasion en or pour leur proposer des activités dans ce sens. Alors comment la Ville envisage-t-elle cela ? Est-il prévu de travailler avec des associations par exemple ?

Je vous renvoie au livre « Les cours d’école se mettent au vert » de Sharon GAMSON DANKS, qui est édifiant et très inspirant sur l’utilité des cours de récréation dans l’apprentissage des enjeux écologiques. Ainsi, Pierre RAHBI demande souvent quelle planète laisserons-nous à nos enfants, mais aussi quels enfants laisserons-nous à la planète ? Les enfants sont l’avenir de l’humanité et c’est à travers ce type de sensibilisation qu’ils seront mieux préparés aux enjeux de demain.

L’enjeu est également éminemment social car on voit bien que ces nouvelles cours d’école font l’objet d’une demande et d’une appropriation forte de la part des Parisiennes et Parisiens, notamment dans les quartiers populaires, comme en témoigne l’explosion des projets déposés dans le cadre du budget participatif.

A ce sujet, l’un des objectifs de l’implantation de ces cours « Oasis » est de s’ouvrir aux Parisiens, afin d’offrir des îlots de fraîcheur aux habitants dans les quartiers en dehors des jours de classe. Pouvez-vous me dire comment la Ville envisage ce dispositif ?

Je terminerai mon intervention sur une alerte concernant le collège Guillaume Budé dans le 19e arrondissement, dans lequel nous sommes heureux d’accueillir la transformation de la cour qui en a tant besoin. Mais peut-on réellement parler d’ »Oasis » lorsqu’un tiers des espaces extérieurs de l’établissement demeure à usage de parking ? Cela ne répond ni aux objectifs environnementaux ni aux demandes des élèves et des parents qui n’ont sans doute pas été suffisamment consultés sur un projet qui aura des conséquences durant des décennies pour l’établissement, et alors que justement les élèves et les parents déplorent sans cesse l’exiguïté de la cour.

A ce titre, mon groupe avait demandé au Conseil du 19e arrondissement que soit étudiés, avec les parents d’élèves et toutes les parties concernées, la reconquête des surfaces actuellement utilisées comme parking, ainsi que l’aménagement de l’entrée du collège rue Henri-Ribière pour agrandir la cour et mieux l’adapter aux besoins des élèves.

 

 

 

REPONSE de Celia Blauel, adjointe à la Maire de Paris chargée de toutes les questions relatives à la transition écologique, au climat, à l’environnement, à l’eau et à l’assainissement.  

Vous avez prononcé, dès les premiers mots de votre intervention, un mot que je vais reprendre et qui est celui de plaisir. Oui, c’est un plaisir de conduire ce projet des cours « Oasis ». Nous le copilotons avec Patrick BLOCHE et c’est vraiment un projet de transformation urbaine.

Il a démarré avec l’idée d’améliorer la qualité de vie pour les enfants au quotidien, en permettant un retour à plus de nature dans ces cours d’écoles. Il permet de répondre aussi à un enjeu de désimperméabilisation des sols nécessaire dans notre ville, notamment pour permettre la mise en œuvre de ce Plan ParisPluie qui me tient tant à cœur.

Mais c’est aussi, et vous l’avez dit, un écho à une problématique bien plus globale dans le cadre de notre stratégie d’adaptation au dérèglement climatique de créer de plus en plus des îlots de fraîcheur pour faire face aux épisodes de canicule, auxquels notre ville fait face et va faire face encore plus à l’avenir.

Je suis persuadée que ce que nous faisons avec les cours « Oasis » est une petite révolution urbaine, discrète mais certaine, pour faire, comme vous l’avez très bien dit aussi, de ces projets une règle d’aménagement dans nos villes.

Pour répondre à vos différentes questions, peut-être en trois temps, sur la question des projets, de l’ouverture et de ce cas spécifique du 19e arrondissement, vous dire que, l’année dernière, nous avons traité trois cours d’école. C’était pour nous une expérimentation qui a trouvé une issue extrêmement positive et qui nous amène cette année à engager des travaux dans 40 cours d’école.

Cette expérimentation nous a permis d’affiner aussi le plan des travaux. Cette année, l’idée est d’aller vers encore plus de vert, d’être tentées de travailler sur la pleine terre – deux sujets qui nous tiennent particulièrement à cœur avec Pénélope KOMITÈS -, de démultiplier aussi nos partenariats.

C’est notamment l’objet de cette délibération : il y a le C.A.U.E. et d’autres partenaires associatifs qui travaillent avec nous sur ces questions pour être encore meilleurs sur l’élaboration des plans de ces cours, toujours faite en concertation avec tous les acteurs locaux, des parents aux enfants, associés à l’élaboration des plans, mais aussi au personnel éducatif.

Je découvre au passage l’ouvrage que vous citez et je serai ravie d’aller m’y plonger.

Cette expérimentation est aussi une réussite qui nous vaut beaucoup de curiosité de la part de nombreuses collectivités qui viennent se pencher sur le cas parisien pour en faire de même dans leur collectivité.

Voilà où nous en sommes sur la partie projet.

Sur l’ouverture : oui, à très moyen terme, l’idée est de faire de ces cours d’école des espaces de quartier en été et cela paraît d’autant plus aisé qu’en été, il n’y a pas d’enfants dans les écoles. Nous pouvons donc imaginer ouvrir ces espaces. Nous sommes en train d’affiner une méthodologie pour voir comment ouvrir ces cours en fonction des retours locaux et des demandes qui pourraient émaner des mairies d’arrondissement, en fonction également des caractéristiques techniques de ces cours pour que nous puissions très rapidement rentrer dans un dispositif le plus souple possible d’ouverture de ces cours aux habitants du quartier en période de canicule.

Enfin, sur le cas spécifique du 19e arrondissement, je ne l’avais pas particulièrement en tête aujourd’hui, mais cette question des parkings et des espaces à reconquérir dans les collèges et dans les écoles ne nous est pas étrangère. Elle est déjà remontée dans d’autres cas. Là aussi, je vous propose que, pour le coup, je me rapproche de Patrick BLOCHE et que nous puissions regarder cette situation de manière plus précise pour revenir vers vous afin de voir comment, dans la concertation, qui est très importante dans ce sujet et ce dossier, on peut avancer sur cette question dans le cas du 19e en particulier.

 

 

 

 

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