Rixes
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Intervention de Fatoumata Koné relative aux affrontements entre bandes rivales à Paris

 

Madame la Maire, chers collègues, ces dernières semaines, les affrontements entre bandes rivales de jeunes ont coûté la vie à trois mineurs dans des quartiers populaires de l’Est parisien. Les personnes interpellées suite à ces affrontements étaient elle-même des mineurs.

Si les rixes entre bandes rivales ne sont pas un phénomène nouveau à Paris, les modalités de ces affrontements, elles évoluent. On assiste ainsi à un net rajeunissement des protagonistes, puisque 50 % ont entre 13 et 15 ans, à une présence systématique d’armes : armes de poing, battes de base-ball, et à une mobilité de plus en plus grande des bandes qui ne se cantonnent plus à un territoire de prédilection dans Paris.

Le groupe Ecologiste de Paris se réjouit donc de la prise en compte de cette évolution dans les conventions liant le Département aux 10 associations de prévention spécialisée. Trois nouveaux axes d’action ont été intégrés : la prévention des rixes d’une manière générale, la mobilité territoriale des associations qui sont structurellement affectées à un territoire délimité et doivent donc pouvoir s’adapter à un public lui-même mobile, la rue numérique, les réseaux sociaux par lesquels s’organise une part de plus en plus importante de la socialisation des jeunes jusqu’aux cas extrêmes des rixes.

Si la stabilité du budget dédié à ce dispositif essentiel est un point encourageant, nous espérons voir celui-ci augmenter dans le futur pour répondre à des besoins qui apparaissent comme de plus en plus criants. Plusieurs autres avancées positives par rapport aux précédentes conventions sont également à noter, parmi lesquelles l’extension de la durée de ces conventions, qui passent de 3 à 4 ans, ce qui va permettre aux clubs de prévention une planification de leurs actions à plus long terme et un temps de négociation-concertation plus adéquat avec tous les acteurs et partenaires en vue des nouveaux conventionnements.

D’autre part, le travail de coordination réalisé par le Département avec les différentes associations a abouti à une réaffectation des moyens en fonction des besoins des territoires. C’est également un progrès considérable pour une action plus efficace de la prévention spécialisée au même titre que le lancement des Etats généraux des rixes à Paris le 3 octobre dernier, que la réunion annuelle de bilan et de perspectives prévue début 2019.

Dans la même logique, il importe de rappeler la nécessité que les bilans et propositions d’évolutions soient faits en concertation avec les éducateurs eux-mêmes pour tenir compte de leur expertise en tant qu’acteurs de terrain.

Si ces deux derniers points, que nous évoquions déjà dans un courrier adressé à la Maire en novembre 2015, ont été intégrés aux nouvelles conventions, les Ecologistes regrettent cependant que la tutelle politique au sein de l’Exécutif parisien des actions de prévention spécialisée reste assurée par l’adjointe en charge de la sécurité. Cela contrevient à l’arrêté de 1972 et à la charte départementale de la prévention spécialisée à Paris qui placent ces interventions sociales et éducatives dans le champ de la protection de l’enfance. Comme nous le signalions alors, ce rattachement crée une confusion malvenue autour des actions de la prévention spécialisée qui a pour objectif la prévention de la délinquance dans un cadre éducatif construit dans un climat de confiance avec les jeunes.

Par ailleurs, nous tenons à rappeler la nécessité, pour avoir une action optimale en la matière, de coordonner les actions de prévention avec celles des départements limitrophes, sur lesquels évoluent également ces jeunes. A défaut d’une telle coordination, nous pourrions assister à un simple déplacement des problèmes vers les territoires voisins.

Mes chers collègues, compte tenu du contexte social souvent très dégradé dans lequel évoluent les jeunes suivis par les éducateurs de rue, il importe de ne pas limiter l’action publique à un volet répressif et de s’attaquer aux causes profondes de leurs problèmes. C’est ce que tentent de faire quotidiennement les acteurs de la prévention spécialisée, lesquels interviennent sur le terrain auprès des jeunes concernés et auprès de leurs familles pour conforter, lorsque cela est nécessaire et possible, l’autorité parentale pour offrir à cette jeunesse un meilleur avenir.

Il nous semble encore aujourd’hui indispensable de réaffirmer la place irremplaçable des éducateurs de rue dans leur mission éducative auprès des jeunes et des groupes de jeunes dans leur milieu de vie. C’est pourquoi mon groupe votera le renouvellement des conventions avec ces 10 associations pour la gestion d’actions de prévention spécialisée à Paris.

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