Bernard Jomier, adjoint à la Maire de Paris chargé de la santé, du handicap et des relations avec l’AP-HP, dresse un bilan de son action en 2015 et évoque ses priorités pour 2016.
Adoption du Plan parisien de santé environnementale, meilleures prise en charge et insertion des personnes en situation de handicap, préparation de la nouvelle stratégie Vers Paris sans sida, … La santé et le handicap s’inscrivent durablement au cœur de toutes les politiques menées par la Ville de Paris.
Vers une santé mieux intégrée
L’action de Paris en matière de santé s’articule autour de deux principes directeurs indissociables. Il s’agit de placer la santé au cœur de toutes les politiques publiques et d’œuvrer à la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé. Autrement dit : faire passer la santé d’un statut de variable d’ajustement à celui de déterminant de la décision publique. Paris intègre par cette démarche l’un des principes fondateurs de l’action de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avec qui la Ville intensifie ses échanges comme son adhésion au réseau des Villes-Santé OMS a pu l’illustrer.
2015 aura été une année pivot avec le lancement de plusieurs chantiers dont la vocation était d’enclencher ce mouvement – mouvement qui ne pourra réussir qu’avec une appropriation aussi large que possible des problématiques, des enjeux et des solutions dont il est ici question. Deux processus y auront, en particulier, contribué. D’une part le Plan de santé environnementale. Celui-ci a permis, au cours d’un travail de plusieurs mois associant de nombreux experts et partenaires extérieurs à la Ville, d’identifier les principaux risques sanitaires environnementaux présents sur le territoire de la capitale et d’opposer à chacun d’entre eux une série de mesures concrètes, organisées et hiérarchisées, qui entrent en application dès 2016 et s’étaleront jusqu’à la fin de la mandature. D’autre part, les Etats généraux de la PMI ont permis à ses acteurs de questionner leurs outils et pratiques, de les confronter à une série de diagnostics territoriaux réalisés avec l’Université Paris Ouest, et ainsi de les affiner et réorienter, au plus proche des besoins des plus jeunes des Parisiens et de leurs parents.
Pour faire face à la chute du nombre de médecins à Paris et soutenir l’offre de soins en secteur 1, plusieurs actions structurantes ont été engagées. Le dispositif Paris Med visant à faciliter l’installation de professionnels de santé, conventionnés en secteur 1, dans les quartiers prioritaires, a été lancé. Les premiers cabinets mis en place dans ce cadre ouvriront dans le courant de l’année 2016, et leur nombre se développera à partir de 2017. L’offre de soins dans les centres de santé de la ville s’est quant à elle développée avec un élargissement progressif des horaires d’ouverture qui permet d’accueillir un plus large public. La politique de modernisation des centres qui passe par leur informatisation a été engagée, avec notamment la rénovation complète et l’extension du centre Épée de Bois (Ve) qui ouvrira ses portes en 2017. Enfin, la Ville s’est engagée dans le soutien à 11 Maisons de santé pluridisciplinaires en cours de création.
Tout au long de l’année 2015, enfin, Paris aura travaillé à l’élaboration de sa nouvelle stratégie afin de lutter contre le sida sur son territoire ; stratégie définie dans un rapport rédigé par l’épidémiologiste France Lert et remis à Anne Hidalgo le 1er février 2016 (CF. ci-dessous).
Le handicap, compétence majeure de la collectivité parisienne
Les politiques consacrées au handicap constituent une compétence particulièrement importante pour notre collectivité : 331 millions d’euros y étaient alloués en 2015 dont 227 millions sur le seul champ de l’autonomie.
Les lignes prioritaires – rappelées dans une communication au Conseil de Paris de septembre – renvoient à l’impératif d’égalité qui constitue, là encore, un point cardinal de notre action ; aux capacités de prise en charge des personnes en situation de handicap, à l’accès au droit et à l’information, et plus largement à leur intégration pleine et entière dans la vie de la Cité. Un focus particulier est en outre mis sur la question de l’autisme, notamment en ce qui concerne l’accueil des enfants concernés.
On pourra notamment citer :
- la création de 224 places d’accueil et hébergement ; 7000 logements accessibles et 800 adaptés supplémentaires,
- la réduction de 9 à 5.5 mois des délais moyens constatés pour le traitement des dossiers par la MDPH,
- le triplement des investissements, en début de mandature, en vue de la mise en accessibilité de 1800 établissements recevant du public municipaux,
Sans oublier 1.4 millions de subventions aux associations, acteurs incontournables de cette politique inclusive, qui interviennent tout au long du projet de vie des personnes handicapées et auprès de leurs familles et de leurs aidants.
2016 entre concrétisation et appropriation
2016 permettra quant à elle à la fois la concrétisation de certains de ces chantiers et une meilleure appropriation de ces thématiques par les Parisiens eux-mêmes :
En matière de santé
- La stratégie Paris sans sida connaîtra dès les prochaines semaines ses traductions concrètes. Un comité stratégique sera mis en place, une conférence annuelle permettra d’évaluer les progrès et difficultés dans l’application du plan, qu’un coordinateur sera chargé d’animer au quotidien. Un fonds sera également créé dans des modalités qui restent à préciser.
- L’ouverture d’une Salle de consommation à moindre risque a été validée dans son principe par le Conseil constitutionnel. La SCMR sera donc adossée à l’Hôpital Lariboisière et opérationnelle au cours du second semestre.
- La première édition du Samedi qui Sauve aura lieu le 26 mars prochain et permettra le lancement du plan Paris qui sauve. Quelques mois après les attentats de novembre 2015, ces dispositifs visent à répondre à la très forte demande citoyenne en matière de sensibilisation aux premiers secours.
- En outre, les Assises de la santé qui débuteront au Printemps permettront la mise au cœur du débat public, tout au long de l’année, de la politique de santé à Paris. Ce processus de réflexion partagée et de démocratie sanitaire permettra ainsi de mettre les mesures actuellement déployées en regard des besoins et du ressenti des habitants eux-mêmes, de les faire dialoguer avec les professionnels et institutions parisiens, et de dégager pistes et préconisations pour les années à venir.
En matière de handicap
- Les premiers Ambassadeurs de l’accessibilité sont sur le point d’être déployés dans les cinquième et treizième arrondissements de la Ville.
- De nouvelles créations de places sont d’ores et déjà programmées,
- La modernisation des outils et procédures de la MDPH se poursuit et devrait permettre de réduire encore les délais de traitement des dossiers qui lui sont présentés.
- Tout au long du mois de juin le Mois Extraordinaire mettra la performance à l’honneur, notamment à l’occasion de la nuit de l’accessibilité le 11 juin et lors d’un weekend sport, culture et handicap les 25 et 26 juin place de la République.
- Enfin, le Schéma Handicap 2016/ 2020 est en cours d’élaboration et le sera jusqu’à la fin de l’année. Dans la même logique que les Assises de la santé ou que les Etats généraux de la PMI, il permettra tout à la fois de confronter les pratiques et outils de la Ville aux besoins de la population parisienne et ainsi, de mieux prendre en compter et mieux servir cette dernière.