Paris Med’ : réduire les inégalités sociales et territoriales de santé dans la capitale
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3 questions à Bernard Jomier, adjoint à la maire de Paris chargé de la Santé, qui présentera lors du Conseil de Paris des 16, 17 et 18 mars 2015 le dispositif Paris Med’ favorisant l’installation de jeunes professionnels de santé en secteur 1 à Paris.

 

1/ De quel constat êtes-vous parti ?

jomierDemandez à un parisien qui cherche un médecin généraliste : il vous dira que c’est de plus en plus difficile. Les jeunes ne s’installent plus à Paris et parallèlement, on note que l’âge moyen des généralistes est de 55 ans. Leur départ en retraite, sans remplaçants en perspective, pourrait faire que, d’ici cinq ans, certains arrondissements perdent jusqu’à 50 % de leurs praticiens en secteur 1. Paris est le département de France qui s’est vidé le plus vite ces dernières années. Les loyers et le coût de la vie sont devenus trop élevés pour les jeunes généralistes.
Il faut sortir de sa tête la vision d’un Paris où l’offre médicale serait pléthorique : c’est exact pour les spécialistes à honoraires libres, mais pour les professionnels de santé en secteur 1, et particulièrement les généralistes, Paris devient un désert.
Depuis cinq ans Paris a perdu autour de 300 généralistes, cet affaissement est une véritable catastrophe sanitaire. Avec leur disparition ce sont tous les soins de proximité, organisés autour du médecin généraliste, qui sont fragilisés. Car quand on a la grippe, si on va aux urgences au lieu de consulter en ville, il en résulte non seulement un surcoût pour l’Assurance-maladie, mais surtout une conception à court terme de la santé, où le soin ne prend plus en compte l’ensemble de la personne mais seulement la réponse ponctuelle au problème aigu. C’est une régression.
Certes, on peut encore se faire soigner à Paris, mais mieux vaut avoir les moyens de financer les inévitables dépassements d’honoraires, ce qui creuse inexorablement les inégalités territoriales et sociales de santé. De plus, on néglige la prévention et l’éducation à la santé puisque seul le médecin traitant fait le lien entre la santé du patient et ses problèmes sociaux, environnementaux, sa vie familiale.
La disparition des médecins généralistes me préoccupe tout comme celle d’autres professionnels de premier recours : ophtalmologistes, psychiatres, infirmiers, orthophonistes, sages-femmes… Mais cette situation n’est pas inéluctable et avec la maire nous avons décidé d’agir.
 

2/Comment comptez-vous lever les obstacles à l’installation des professionnels de santé à Paris ?

 
La stratégie adoptée pour cette mandature en matière d’offre de soins repose sur trois piliers complémentaires destinés à résorber cette situation et à améliorer le premier recours pour les Parisiennes et les Parisiens : les maisons de santé pluridisciplinaires, les centres de santé, et la médecine libérale, avec le soutien à l’installation de professionnels en secteur 1. Paris Med’ c’est ce troisième pilier, qui doit stimuler fortement les nouvelles ouvertures de cabinets sur le territoire parisien.
Avec Paris Med’, la Ville va débloquer le “verrou” de l’accès au foncier en proposant, grâce au parc immobilier de la ville et des bailleurs sociaux, des locaux d’activité à des tarifs abordables pour permettre aux professionnels de santé de s’installer dans les quartiers identifiés comme prioritaires et, in fine, augmenter l’offre de soins sur notre territoire.

Le dispositif est simple : les professionnels de santé pourront louer leur local à un tarif bien en-dessous des prix du marché – de 30 à 50% – et en échange ils s’engagent à exercer aux tarifs de la sécurité sociale, sans dépassements d’honoraires. En complément, nous leur verserons une aide à l’installation pour qu’ils puissent s’équiper. La région Ile-de-France abondera cette aide dans certains quartiers. S’installer ne coutera rien au jeune professionnel de santé. Et le loyer mensuel de chacun ne dépassera pas 4 à 500 euros.

C’est aussi un dispositif qui s’inscrit dans la dynamique de modernisation de la médecine ambulatoire, en soutenant le regroupement des professionnels, l’installation sur un territoire en fonction des besoins identifiés et en favorisant des objectifs de santé publique et un suivi coordonné des patients.

 

3/Combien cela va-t-il coûter à la Ville et qui en seront les bénéficiaires ?

 

Les bénéficiaires de Paris Med’, ce sont les habitants de notre ville ! L’objectif, c’est qu’ils accèdent plus facilement à des soins de proximité aux tarifs de la sécurité sociale.

Paris Med’ est un projet parisien innovant, co-construit avec l’appui de l’ARS Ile de France, la CPAM de Paris, le Conseil départemental de l’ordre des médecins, le Conseil Régional d’Ile de France et en lien avec les départements de médecine générale et les représentants des professionnels de santé. 14 arrondissements sur 20 seront prioritaires pour les aides.

Paris Med’ ce sont 3,5 millions d’euros consacrés sur la période 2015 – 2020 devant permettre d’attirer une centaine de professionnels de santé chaque année en créant 15 à 20 lieux par an.
Je suis vraiment heureux d’avoir pu porter et concrétiser si rapidement l’élaboration de ce dispositif avec nos partenaires ; il va contribuer à réduire les inégalités sociales et territoriales de santé dans la capitale. Et à porter la vision d’un système de santé mieux organisé, plus juste, plus porteur d’un abord global de la santé.

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