Budget Participatif Parisien : allons plus loin dans la concertation
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Intervention de Fatoumata Koné relative au budget participatif 2015

Madame la Maire, chers collègues,

 

Dès le début de cette mandature, vous avez présenté le budget participatif aux Parisien-ne-s comme un projet de démocratie participative majeur et innovant.

Nous sommes d’accord, le budget participatif constitue un des plus beaux défis de la mandature.

Ce budget qui représente 5% de l’effort d’investissement municipal est le plus important au monde pour une initiative de ce type pour une ville à l’échelle de Paris.

Le premier budget participatif de la mandature a donc été lancé en septembre 2014. Plus de 40 000 Parisiens ont participé au scrutin pour choisir 5 projets qu’ils jugeaient prioritaires parmi les 15 projets proposés par la Ville. L’enveloppe allouée était de 20 millions d’euros, ce qui permettra de réaliser 9 projets. Et nous étions ravis de constater que les Parisien-ne-s avaient plébiscité les projets de nature en ville (des jardins sur les murs; cultiver dans les écoles, reconquête urbaine).

Madame la Maire, Anne Hidalgo, l’avait elle-même précisé, cette première édition a été un succès, les Parisien-ne-s ont répondu présents, les Parisien-ne-s ont pris les clés du budget d’investissement qu’elle leur a donné en leur faisant une double promesse :

– la transparence sur les dépenses de la Ville

– l’effectivité de l’action de la participation citoyenne

Nous sommes désormais entrés dans la phase de mise en œuvre des projets qui représente cette seconde promesse.

Cette nouvelle étape va être déterminante pour l’avenir du budget participatif durant la mandature car les Parisien-ne-s seront attentifs à la concrétisation des projets qu’ils ont choisis.

Madame Véron, vous aviez d’ailleurs précisé que plus de 20 000 Parisien-ne-s avaient laissé leurs coordonnées sur la plateforme internet pour être informé du suivi des projets.

La ville est donc soumise à un devoir d’exemplarité pour éviter que les déceptions des Parisien-ne-s ne soient proportionnelles à leurs attentes et ainsi, continuer à leur donner la volonté de s’engager véritablement dans ce processus démocratique.

La ville doit informer largement sur le budget, ses procédures d’élaboration et sa mise en œuvre, aussi bien auprès des élus que des habitants car l’information de tous les acteurs est un élément clé de la réussite du budget participatif.

La démarche participative doit également s’appliquer au niveau de la mise en œuvre des projets. Si celle du projet « des jardins sur les murs » se fait en concertation avec les acteurs concernés, je regrette que la situation soit tout autre pour le projet « cultiver dans les écoles » qui s’est placé en 2ème position dans le choix des Parisien-ne-s. Nous avons récemment appris que la DASCO avait fait procéder, dans certains arrondissements, à la distribution automatique des bacs sans concertation avec les écoles. Certaines écoles ont dû refuser la livraison car elle ne répondait pas à leurs besoins. Il est nécessaire dans un tel projet de mettre en place une concertation avec le personnel éducatif et les élus d’arrondissement afin que le matériel livré puisse être adapté à la situation de chaque école. Il serait nécessaire que des processus de travail soient rapidement mis en place dans les arrondissements afin que les projets prennent place dans les écoles dès la rentrée prochaine. La réussite de ce type de projet dépend de la collaboration de tous les acteurs concernés. Par ailleurs, il me semble nécessaire d’ajouter que tous les projets doivent être réalisés d’une façon équitable dans tous les arrondissements.

 

A l’heure d’internet qui améliore, c’est vrai, notre réactivité et notre efficacité, il serait dommageable de penser que seul cet outil suffit à créer une relation de proximité favorisant la participation citoyenne à la vie de la cité.

Mieux qu’une somme d’idées et d’actes individuels, le budget participatif, à toutes ses étapes, se doit d’être une démarche collective. La délibération qui nous est proposée vise à déléguer à la Maire toutes les décisions relatives à l’exécution et la gestion des marchés et accords cadre de travaux, fournitures et services pour les projets prévus au budget participatif parisien de 2014 et réalisés en 2015. Si nous comprenons cette volonté de fluidifier les filtres administratifs pour espérer gagner en efficacité, il n’en demeure pas moins que cette étape-là est aussi importante que les autres et que là aussi la codécision peut permettre une meilleure réalisation des projets, voire d’innover en choisissant des modes de gestion alternatifs, nouveaux, mais peut aussi permettre plus simplement d’éviter des erreurs telles que celles que j’ai évoqué qui ralentiraient davantage la mise en œuvre des projets.

 

Ainsi, le Groupe Ecologiste de Paris a déposé un amendement à cette délibération afin d’améliorer le suivi et l’accompagnement dans la mise en œuvre des projets.

Nous demandons :

– que le comité de pilotage du budget participatif créé par la délibération du 27 octobre 2014 assure un suivi et une coordination aux différentes étapes de réalisation des projets

– qu’un état des lieux trimestriel très localisé soit transmis aux élus d’arrondissements

– et enfin, qu’une présentation annuelle du bilan d’avancement des projets prévus au budget participatif 2014, réalisés à partir de 2015 fasse l’objet d’un vote au Conseil de Paris.

Le budget participatif est un réel outil de politique publique, un instrument de démocratie directe que nous ne devons pas prendre à la légère, une des façons la plus noble de faire de la politique et de lancer les bases d’une démocratie participative. Si la Ville de Paris souhaite réellement impliquer ses habitants mais également tous les acteurs de la société civile et politiques, elle doit s’en donner les moyens en jouant le jeu de la concertation du début à la fin du processus.

Je vous remercie.

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