Plan Economie Circulaire
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Réponse d’Antoinette Guhl aux interventions relative au Plan Economie Circulaire

 

Madame la Maire, chers collègues, vous l’avez noté, la coïncidence des calendriers est très opportune aujourd’hui puisque, ce matin même, alors que nous débattons de ce premier plan pour l’économie circulaire – Anne SOUYRIS nous l’a dit -, se tient actuellement au Parlement européen le débat sur le rapport sur l’obsolescence programmée qui est présenté par mon ami et collègue, Pascal DURAND.

Cette coïncidence des calendriers se voit aussi par l’intervention qu’a tenu la semaine dernière – Nicolas BONNET-OULALDJ l’a précisé – Nicolas HULOT lors de l’ouverture des assises de l’économie circulaire. Il disait : « Longtemps, nous avons cru que l’abondance était la norme. On découvre aujourd’hui que la norme, c’est la rareté ». Cette phrase prononcée par Nicolas HULOT montre bien son engagement aujourd’hui pour l’économie circulaire, qui est d’ailleurs l’un des cinq axes de la feuille de route qu’il se fixe dans le cadre de cette transition écologique et solidaire.

Paris, quant à nous, nous nous sommes engagés en 2014 pour l’économie circulaire, vous l’avez noté, dans une trajectoire qui, aujourd’hui – et, là aussi, il y a unanimité – est irréversible. Elle est irréversible parce qu’elle permet à la fois le développement économique et l’emploi – Marinette BACHE vous l’avait dit : ce sont 50.000 emplois non délocalisables – mais aussi parce qu’elle est indispensable pour la planète et la préservation des ressources naturelles qui, elles-mêmes, vont aller préserver le climat et la biodiversité.

Je tiens à remercier tout particulièrement les services qui sont ici présents et qui ont fait un travail absolument remarquable – merci à la DEV et à l’Agence écologie urbaine en particulier -, un travail remarquable pour jouer ce rôle de chef d’orchestre, dont vous parliez, et qui permet cette transversalité au sein même de notre administration pour installer l’économie circulaire.

Aujourd’hui, par rapport à l’économie circulaire, la question n’est plus du pourquoi. Elle est aujourd’hui du comment. Et c’est bien à cette question que nous voulons répondre par ce plan d’actions.

Je le disais : notre démarche a débuté en 2014. Elle a débuté par les états généraux de l’économie circulaire. Je tiens à saluer la présence, ici, de M. Franck JUNG, le directeur de l’E.I.V.P. – nous le saluons – qui n’a pas hésité, dès 2015, à signer la charte que nous avons initiée avec Marie-Christine LEMARDELEY, la charte des acteurs académiques pour l’économie circulaire et qui, aujourd’hui, traduit un véritable dynamisme, que ce soit dans les universités, en particulier dans l’école de l’E.I.V.P. par la mise en place d’un cursus spécifique, et de l’économie circulaire dans le cursus des ingénieurs de la Ville de Paris, mais aussi par des actions initiées par le C.R.O.U.S. pour les étudiants et des actions initiées elles-mêmes par deux grands réseaux étudiants, le R.E.F.E.D.D. et Animafac.

Mais, aujourd’hui, notre feuille de route se décline sur différents axes, dont un que vous avez tous souligné, dont un qui est extrêmement important. Le premier de ces trois axes est le développement de l’économie circulaire dans le bâtiment et les travaux publics : 20 millions de tonnes de déchets, contre 1 million de tonnes pour les déchets ménagers. Bien entendu qu’il nous fallait prendre en compte le bâtiment et les travaux publics dans notre stratégie d’économie circulaire. Il s’agit de changer de fond en comble la manière dont nous menons les travaux à Paris. Il s’agit de passer d’une logique de la démolition à une logique de la déconstruction. Mais, pour cela, nous avons trois actions importantes à mener dans les années à venir.

La première d’entre elles, ce sont 10 chantiers expérimentaux de déconstruction. Je vais prendre pour exemple la crèche Max-Jacob dans le 3e arrondissement où, au cours de sa reconstruction, sont récupérés des dalles de faux plafond, des sanitaires, la robinetterie, les portes, les dalles de plancher. Cet exemple montre bien qu’il nous faut aussi, et c’est la deuxième action, des ateliers du réemploi pour pouvoir récupérer, stocker et pour pouvoir travailler sur ces différents éléments et produits récupérés. Et c’est là que l’atelier Bédier, que vous n’avez pas manqué de souligner, Madame CHARNOZ, prend toute son importance. Un atelier sur 2.000 mètres carrés, qui est à la fois un atelier de menuiserie, d’électricité, un atelier qui permet le stockage de produits de quincaillerie, un atelier qui permet le ponçage, qui permet de remettre en peinture tous ces produits avant qu’ils puissent être réemployés.

Mais ce n’est pas si simple. Et lorsque vous évoquez le temps qui est nécessaire – et je crois que, Madame PAWLIK, vous l’avez énoncé – pour mettre en place une telle politique, c’est aussi parce que les normes qui sont en cours aujourd’hui dans notre pays ne permettent pas si aisément de passer d’une politique linéaire à une politique circulaire. Et je pense en particulier aux normes du bâtiment et des travaux publics qui, elles, sont encore trop souvent basées sur l’utilisation de matériaux neufs. C’est un combat que nous avons à mener et que nous mènerons, je l’espère, avec le gouvernement pour pouvoir faire changer cette normalisation qui, aujourd’hui, ne nous permet pas d’agir de manière très fluide dans le réemploi des matériaux, mais nous nous y efforçons tout de même.

Le troisième sujet sur la question du BTP, parce que si les déchets du BTP sont importants, il existe également toute la question de l’écoconception qui est capitale. La troisième action vise, bien sûr, les constructions expérimentales que nous allons mener en matériaux bio-sourcés dans les années à venir. Nous allons tester des constructions en terre crue, des isolations en paille et bien d’autres innovations que vous allez pouvoir découvrir au fil de ces prochaines années. Mais, là encore, nous avons aussi à travailler sur les questions normatives.

Le deuxième axe – vous avez été nombreux à le souligner – c’est le développement économique et l’innovation. Didier GUILLOT ou Thomas LAURET, vous avez souligné l’importance de cet incubateur dans le 18e arrondissement. Je voulais citer quelques projets qui étaient incubés. Je prendrai, par exemple, le projet « Plast’if » qui permet la réutilisation des déchets plastiques dans les imprimantes 3D et qui nous permettra, Monsieur BONNET, de pouvoir, dans tous les « fab labs » de la Ville, mettre en place la réutilisation de ces déchets plastiques pour pouvoirs refabriquer à Paris.

Le deuxième sujet, qui fera sans doute plaisir à Anne SOUYRIS – et je lui en parlerai de vive voix -, concerne la consigne francilienne qui permet, en fait, de mettre en place une consigne de fûts de bière pour les nouvelles brasseries parisiennes. Ces nouveaux brasseurs parisiens qui s’installent de plus en plus fréquemment, aujourd’hui, dans notre ville. Je prendrai, enfin, un dernier exemple qui est « reconcile remove », qui met en place des emballages réutilisables et consignés pour la vente à emporter. Un sujet, là aussi, très important que nous aurons à traiter dans les années à venir pour Paris.

Deuxième sujet sur le développement économique : la création d’un quartier circulaire à Paris, qui est le quartier des deux rives, que nous menons avec les grandes entreprises du secteur. Cela, sans doute, fera plaisir à M. Didier GUILLOT qui notait la grande diversité des acteurs économiques de l’économie circulaire. Là, c’est avec la R.A.T.P., c’est avec La Poste, c’est avec « Le Monde » et avec de nombreuses autres grandes entreprises que nous menons la création de ce quartier circulaire à Paris, le quartier des deux rives, entre le 12e et le 13e arrondissement.

Troisième sujet dans ce développement économique : « Free Vet », qui est la création, là aussi, d’une filière tout à fait nouvelle de recyclage des vêtements professionnels, que nous menons avec la SNCF, avec d’autres grandes entreprises, avec le ministère des Armées ou encore, le ministère de l’Intérieur.

Et, enfin, troisième sujet : développer la consommation responsable à Paris. Vous l’avez noté : s’est développée la commande publique parisienne sur laquelle nous avons déjà eu le schéma de la commande publique parisienne, et pour laquelle je tiens à dire que le C.E.S.E. nous a auditionnés, a auditionné la Ville de Paris dans cette commande parisienne, que ce soit dans son engagement écologique et circulaire ou dans son engagement social, commence à être remarquée.

Le deuxième sujet, c’est le développement des nouveaux modes de consommation : le vrac, le recyclé, le circuit court, le bio, le coopératif, illustré avant-hier par l’inauguration de la Maison du zéro déchet à Paris, portée par « Zero Waste France », qui est, d’ailleurs, lauréate de « Cap sur l’économie circulaire ».

Et, enfin, le troisième sujet : la lutte contre le gaspillage alimentaire, que vous avez été nombreux à souligner cette année et par une délibération. Je vous propose, là aussi, de soutenir, avec Pauline VÉRON, des restaurants qui servent des repas à base de produits gaspillés, de nouveaux produits moches qui vont être transformés en confiture, par exemple, dans le projet « Confiture rebelle », ou encore, la production de biscuits à partir de pain dur récupéré chez nos boulangers.

Au-delà de ces trois grands axes, nous menons cette politique et, vous l’avez dit, en partenariat avec la métropole, mais aussi l’Institut de l’économie circulaire pour ce qui est du domaine national et avec la Fondation Ellen MacArthur pour ce qui est de l’international.

Deux de vos questions ont porté sur le plan local de prévention des déchets. Je voulais y répondre, car c’est très important. Effectivement, il n’est pas mentionné dans ce plan d’économie circulaire, car il fait l’objet – et c’est, à partir de cette année, obligatoire – d’un plan spécifique que nous vous présenterons en décembre. Je tiens à dire qu’il est aujourd’hui en consultation publique, ce plan local de prévention des déchets ménagers et assimilés. Il est en consultation publique jusqu’au 14 juillet. Si vous voulez vous en saisir ou que les Parisiens s’en saisissent, vous pouvez en être le relais.

Pour terminer, je dirai, que ce soit la question des normes, que ce soit le fait de changer de paradigme de traitement des déchets, en inventant, peut-être, des syndicats du réemploi ou en demandant une T.V.A. modulée en fonction de la première ou seconde vie des produits, telles sont les propositions que nous avons portées, nous, Paris, lors de ces troisièmes assises de l’économie circulaire et que nous portons aujourd’hui au nom de Paris, en complément de cette politique qui sera portée par le Gouvernement.

Je vous remercie, j’espère avoir répondu à l’ensemble de vos questions. Il en est une à laquelle je n’ai pas répondu, je le sais bien, et elle concerne la fiscalité. Je propose, Monsieur de FROMENT, et je suis sûre que vous n’y manquerez pas, – il est parti ? Non, il est là – que nous ayons ce débat très prochainement puisque j’imagine qu’il ce sera à l’ordre du jour au moment de la question budgétaire. Je tiens à dire ici, et Mao PENINOU l’a déjà dit, que non, elle n’est pas excédentaire, sans quoi vous en auriez largement été informé.

Voilà, je terminerai en mettant simplement au clair cette petite désinformation qui a été donnée et je vous remercie de voter à la fois ce plan d’économie circulaire et les quatre délibérations qui y sont associés.

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