En ces temps de déconfinement, le Conseil de Paris s’est donné comme priorité de construire une ville résiliente, c’est-à-dire capable d’amortir, sans trop de dommages sociaux et économiques les futures crises, qu’elles soient environnementales ou sanitaires.
Il en est presque incongru de voir apparaître, la crise à peine amoindrie, des délibérations concernant Jeux Olympiques et Paralympiques. Comme si c’était l’urgence !
Avant le Covid-19 et la mise à l’arrêt de notre pays, les écologistes dénonçaient déjà le caractère dispendieux et énergivore de cette grande fête internationale des sponsors, où le sport n’est que prétexte à la mise en scène de spectacles destinés à encourager la surconsommation.
En totale contradiction avec les objectifs affichés par le Plan Climat Énergie adopté en 2018 par le Conseil de Paris, la Ville soutient ces Jeux au nom de l’attractivité économique, au mépris du réchauffement climatique et de l’exemplarité dont Paris devrait faire preuve.
Au rendez-vous des JO il y a toujours l’artificialisation des terres, les trajets en avion, les équipements surdimensionnés qui deviennent vites inutile, les éléphants blancs – ce sera la cas du centre aquatique. La face cachée des JO ce sont aussi : les nuisances pour les habitants, une ville et des quartiers qui se gentrifient, rejetant les plus modestes encore un peu plus à la périphérie et des coûts de plus en plus onéreux pour les finances publiques.
Comme si les petites entreprises, mises à l’arrêt pendant sept semaines, n’étaient pas en difficulté. Comme si des milliers de personnes n’allaient pas perdre leur travail. Comme s’il était pertinent de concentrer à Paris hypertourisme, hyperconnectivité, extrême densité de population et augmentation des loyers.
La crise sanitaire est passée par là. Les Jeux Olympiques de Tokyo ont été repoussés en 2021. Et nous, que faisons-nous ? Nous examinons des délibérations sur les Jeux Olympiques comme si rien ne s’était passé. Business as usual.
La ministre des sports, Roxana Maracineanu, a elle-même pointé le risque de dépassements de coûts, compte tenu de la hausse des prix de la construction en Ile-de-France et de la baisse des recettes de sponsoring.
Alors est-il pertinent de maintenir les JOP dans la même forme que naguère ? Ne devrions nous pas saisir l’occasion de les repenser ? Ne serait-il pas plus sage de se donner un an de plus, comme l’a fait Tokyo, et d’évoquer Paris 2025 ?
Sur un autre sujet, quelques mots concernant les délibérations portant exonérations pour les restaurateurs et les cafetiers. Les écologistes y sont bien entendu favorables. Cependant nous aurions souhaité que ces aides soient conditionnées à la mise en œuvre de bonnes pratiques environnementales afin de contribuer à la transition écologique de notre ville.
C’est l’objet de nos amendements. Les écologistes vous demandent madame la Maire de bien vouloir conditionner les mesures d’exonération à la transition écologique au moins partielle de ces commerces. Les aides publiques ne devraient jamais être accordées si elles ne pas sont utiles à la nécessaire transition écologique. En l’espèce, les exonérations doivent être conditionnées à la suppression du chauffage sur terrasses ouvertes. Pour rappel : les terrasses chauffées parisiennes consomment chaque année l’équivalent de 110 000 vols Paris-New York.
Les écologistes souhaitent, dans la même logique, que les exonérations soient réservées aux commerces ne disposant d’aucun dispositif publicitaires, notamment les écrans derrière les bais vitrées qui, je le rappelle, sont interdits par notre RLP mais qui sont hélas tolérés.
En ce qui concerne l’extension gratuite de leurs terrasses de façon provisoire jusqu’en septembre, je me félicite madame la Maire que vous ayez soumis cette mesure à l’avis des Maires d’arrondissement, les mieux à même de juger des conséquences de la mesure sur leur territoire, la tranquillité des riverains, les circulations piétonnes et cyclistes en respect des distanciations physiques… Ces extensions de terrasses sur chaussées doivent être en adéquation avec un espace public sécurisé et respectueux de l’ensemble des usages de la rue et du voisinage.
Il nous semble enfin indispensable d’aider les commerçants des marchés découverts alimentaires parisiens, qui ont souffert de la fermeture pendant le confinement et qui permettent aux familles les plus modestes d’acheter des produits frais moyennant des prix souvent plus modiques qu’en supermarché. Et nous sommes favorables à la pérennisation des paniers des essentiels. Leur succès valide la bonne idée du chèque fruits et légumes que les écologistes défendent depuis 2008.
Enfin, nous pourrions là aussi, conditionner l’exonération de la taxe d’enlèvement des ordures non ménagères à des critères environnementaux de réduction des volumes présentés à la collecte.
Un dernier mot sur la culture. Les bibliothèques, fermées pendant le confinement, doivent rouvrir rapidement. Elles sont un outil de lutte contre la fracture numérique et répondent aux difficultés à accomplir des démarches administratives rencontrées par certains publics, tout en assumant une mission de formation en direction de personnes précaires, tant en ce qui concerne l’apprentissage du français que de l’informatique.
Par ailleurs, le propriétaire du Lavoir Moderne Parisien ayant fait connaître son souhait de vendre, la ville doit se prononcer avant fin juin sur une éventuelle préemption, pour éviter que ce lieu de création historique du quartier de la Goutte d’or, soit livré à un destin incertain.
Enfin, nous nous inquiétons du devenir de l’offre de livres d’occasion. La librairie Boulinier, boulevard Saint-Michel, ferme ses portes, tandis que Gibert n’a pas encore ouvert les siennes, mettant ses salarié.e.s au chômage. Leur avenir suscite une certaine inquiétude et les écologistes regretteraient de voir encore des librairies historiques être remplacées par des magasins de vêtements ou des épiceries fines.