Avec la croissance d’Airbnb et la récente spécialisation en hébergement touristique du Centre de Paris, les logements pour les habitants se réduisent comme peau de chagrin. D’ailleurs, on compte 26 % de logements vacants dans le 2e arrondissement, c’est-à-dire de logements soit libres, soit destinés à la résidence secondaire. Et c’est dans ce contexte que 40 familles et quelques célibataires sans logement ou mal logés, toutes et tous ayant une activité, un emploi pour la plupart d’entre elles mais ne parvenant pas à trouver de quoi se loger, ont investi au 1er
janvier de cette année le 18, rue du Croissant, qui est un immeuble précédemment occupé par le commissariat du 2e arrondissement, qui a déménagé au mois de septembre, si bien que cet immeuble était libre depuis 4 mois.
Les familles se sont installées, la Préfecture de police a été déboutée dans sa demande d’expulsion. C’est la raison pour laquelle nous souhaiterions que cet immeuble puisse trouver une autre vocation que celle à laquelle il était promis par son propriétaire, lequel a d’ailleurs demandé à la Préfecture de police de partir de cet immeuble parce qu’il avait pour projet d’y construire un hôtel de luxe. Le Conseil du 2e arrondissement avait d’ailleurs adopté un voeu en sa séance du 23 juin 2016 pour que la parcelle soit réservée en vue de la réalisation d’installations d’intérêt général. Construire un énième lieu d’hébergement pour touristes dans le Centre de Paris ne nous paraît pas pertinent compte tenu des difficultés prégnantes avec lesquelles les familles ont à se loger.
D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, au mois de juillet 2016, j’ai déposé un voeu en Conseil de Paris puis ai donné un avis négatif au permis de construire que demandait le propriétaire pour y créer son hôtel de luxe.
Aujourd’hui, les écologistes souhaitent que la Ville de Paris préempte ou que l’Etat réquisitionne et qu’en parallèle une action soit menée pour que les personnes qui sont logées dans ce bâtiment, au cas où les opérations de réquisition ou de préemption échoueraient, soient relogées très rapidement.
déposé par Jacques Boutault, Pascal Julien
et les élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP)
Considérant la fermeture en octobre 2019 du commissariat du 2e arrondissement, situé au 18 rue du Croissant ;
Considérant que ce bâtiment désormais vide est la propriété de la chaîne hôtelière Citizen M ;
Considérant que 26 % des logements sont vacants dans le 2e arrondissement de Paris ;
Considérant que les locations meublées saisonnières raréfient encore dans le centre de Paris l’offre de logements disponible pour celles et ceux qui veulent s’installer ou rester dans notre ville ;
Considérant que le centre de Paris est d’ores et déjà touché par l’hypertourisme, transformant la structure économique des quartiers pour attirer les personnes de passage, au détriment d’habitant.e.s résidant durablement ;
Considérant qu’en conséquence, plusieurs classes ont fermé ces dernières années faute d’élèves en nombre suffisant ;
Considérant l’amendement déposé au Conseil de Paris de juillet 2016 relatif au classement de la parcelle située au 18, rue du Croissant, 2e, en tant qu’emplacement réservé en vue de la réalisation d’installations d’intérêt général ;
Considérant qu’un permis de construire a été déposé à la Direction de l’Urbanisme le 17 février 2016 en vue de la transformation du bâtiment sis 13 rue du Croissant en hôtel de tourisme, projet qui a reçu un avis défavorable du Maire du 2e arrondissement en date du 6 juin 2016 ;
Considérant qu’en France, des dizaines de milliers de personnes sont à la rue et 4 millions de personnes mal logées ou privées de logement ;
Considérant qu’une politique volontariste est indispensable pour assurer un possible accueil de chaque personne en situation de rue, notamment des réfugiés ;
Considérant que la production de logement à Paris est contrainte dans son exécution et limitée par des niveaux de densité déjà socialement et écologiquement préoccupants ;
Considérant que 40 familles et personnes célibataires sans logis se sont installés au 18 rue du Croissant en cet hiver 2020, pour la plupart prioritaires au titre du droit au logement opposable (DALO) ;
Considérant que la Préfecture de police de Paris a été déboutée le 24 janvier 2020 par le tribunal administratif de sa demande d’expulsion.
Aussi, sur proposition de Jacques Boutault, Pascal Julien et des élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP), le Conseil de Paris émet le vœu que :
- la Ville de Paris loge les personnes et les familles concernées de façon pérenne ;
- la Ville de Paris préempte le bâtiment 18 rue du Croissant ou demande à l’Etat sa réquisition.
Avis favorable de l’exécutif, le voeu a été adopté après amendement
[wp_pdfjs id=11292 ]