Deux ans et deux mois, c’est ce qu’il aura suffi pour que Johnny ait sa place, son espace public. Cela illustre ce que je disais tout à l’heure sur Michou et avec un malaise d’autant plus grand qu’il a, en quelque sorte, grillé tout un tas de gens, des dizaines de personnalités qui attendent également dans les listes de la Commission des dénominations, qui attendent leur tour, si je puis dire, d’avoir une place. Alors lui plus qu’un autre, comme cela, cela ne le fait pas !
Cela étant, une fois que l’on a dit cela, mon groupe se réjouit de l’emplacement qui a été choisi. Parce qu’il y a l’artiste, sur lequel je ne vais pas m’étendre car tout le monde connaît Johnny ici et je ne vous chanterai même pas une chanson, mais il y a l’homme aussi et franchement, lui attribuer la place qui longe le Ministère de l’Economie et des Finances, je dis bravo à ceux qui ont eu cette idée ! Il laisse quand même une ardoise de 11 millions d’euros – en fait probablement 30, semble-t-il, ce qui va permettre peut-être de rabibocher la famille mais on ne va pas jouer « Gala » ici. Bref ! Je vous entends rire mais pensez, par exemple, à BALKANY, lui qui a vu les portes du pénitencier se refermer derrière lui et ce n’est pas « sympa » pour lui parce qu’il a été petit jeu à côté de Johnny. Et je pense à tous ces citoyennes et citoyens qui ont triché avec les impôts de quelques dizaines ou centaines d’euros et qui se retrouvent avec des pénalités qui leur coûtent cher. Johnny, lui, on lui a pardonné ! C’est comme le gars de Renault dont j’ai oublié le nom… Carlos GHOSN, qui fuit le Japon vers le Liban et que l’on va interviewer comme un héros romantique, alors que c’est une canaille au regard de la loi.
Il y a là quelque chose qui crée quand même un malaise, admettez-le. C’est tout le problème que l’on a entre l’homme et l’oeuvre. Mais on a connu cela dans d’autres domaines. Je pense, par exemple, à la place Stalingrad. Cela nous ramène il y a longtemps mais on n’aimait pas Stalingrad parce que c’était rendre hommage à Staline. On a donc changé pour la nommer « place de la bataille de Stalingrad ». Oui, mais enfin la tolérance… On l’a renommé « place de la bataille de Stalingrad » car on ne voulait plus l’appeler Stalingrad à cause d’un petit problème politique.
Ce n’est pas facile de distinguer le citoyen Jean-Philippe Smet et l’auteur. Là aussi, c’était la précipitation. C’était très drôle, au lendemain du décès de Johnny, on les a tous vus ; c’était le premier qui allait faire le voeu pour avoir la paternité. On veut une place pour Johnny ! Une compétition mémorielle à des fins électoralistes, excusez-moi ! En plus, j’arrête, je m’en vais, mais cela fait partie des petites choses
mesquines que j’ai vues. Bref ! Voilà les raisons pour lesquelles nous allons nous abstenir sur ce projet de délibération.
Sachez quand même et mon collaborateur me l’a fait remarquer tout à l’heure que son nom est déjà référencé sur Google. Quand vous tapez « esplanade Johnny Hallyday », hop ! vous y arrivez, c’est déjà fait. Vous n’avez pas voté que c’est déjà fait. Vous voyez la précipitation ? C’est ce que j’espère que vous combattrez dans la prochaine mandature, mais vous combattrez sans moi parce que je n’en serai plus.
J’en profite simplement, puisque c’est l’usage, pour dire que ces dix-neuf ans passés en conseil d’arrondissement et ici ne m’ont pas appris grand-chose en matière d’humanité. Les élus ne sont ni pires ni meilleurs que le reste de la société. Les petites mesquineries, les petits calculs politiques, les petits machins narcissiques, les trahisons, on a tout cela dans la société, mais il y a également les hauteurs de vue, les générosités, le dévouement et l’humour jusqu’à l’autodérision. Voilà ! Vous êtes, nous sommes, ni pires ni meilleurs et c’est ce qu’il faut répéter partout ailleurs, à mon avis, quand on entend des bêtises sur les élus. Il y en a qui « bossent », d’autres qui ne « bossent » pas et c’est comme partout.
2020 DJS 108 – Attribution de la dénomination « Esplanade Johnny Hallyday » au parvis de l’AccorHotels Arena situé à l’angle de la rue de Bercy et du boulevard de Bercy (12e). – adopté