Vœu relatif aux opérations d’aménagement d’espaces en reconversion notamment des projets des Messageries (friche ferroviaire Gare de Lyon), de l’ancien garage de Picpus, de Netter-Debergue, de la ZAC Bercy Charenton (12e)
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déposé par David Belliard, Joëlle Morel, Jérôme Gleizes
et les élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP)

 

Considérant la faible part d’espace vert sur le territoire parisien, faisant de Paris la capitale la plus dense d’Europe (21 067 habitants par km² ; pour le 12e arrondissement 22 683 hab./km²) et une ville très minérale (intramuros 5,8 m² d’espace vert par habitant / 14,5 m² avec les bois de Boulogne et de Vincennes, contre 36 m² à Amsterdam, 45 m² à Londres, 59 m² à Bruxelles ou encore 321 m² à Rome) ;

Considérant les derniers événements climatiques, leur ampleur et leur fréquence de plus en plus impressionnantes, la prise de conscience des associations et des citoyen.ne.s pour lutter contre les dérèglements climatiques et faire des villes, des espaces résilients ; 

Considérant le fait que les villes sont en première ligne pour gagner la bataille du climat, et qu’en cela, notre ville doit agir concrètement pour la transition écologique afin de devenir une ville neutre en carbone, plus solidaire, plus résiliente ;

Considérant le vœu de l’Exécutif adopté au conseil de Paris du mois de novembre 2016 répondant à un vœu du groupe écologiste de Paris et qui acte l’élaboration d’une charte des « bons usages » et affirme que les projets soutenus par la Ville doivent être des projets qui ne pourraient émerger sans ces mises à disposition temporaires, des projets qui en outre répondent au principe de coconstruction avec les acteurs locaux des quartiers dans lesquels ils souhaitent s’insérer, aux valeurs de solidarité, de partage, d’innovation ;

Considérant que la Ville de Paris, les bailleurs sociaux et les aménageurs publics ou privés disposent d’un nombre important de parcelles encore non bâties ;

Considérant que dans le cadre des conventions dites intercalaires que la Ville, les bailleurs ou les aménageurs ont d’ores et déjà contracté avec des occupants dans l’attente de ces travaux ont permis de sécuriser tant les lieux que le statut des résidents qui les occupent et ont permis de faire émerger des expériences qui valorisent nos communs et permettent de construire la Ville différemment ;

Considérant que même en situation d’occupation temporaires, en période intercalaire, les projets réalisés doivent être pensés et organisés en association avec les riverain.nes, contrairement au Marché Pop installé sur l’emprise située au 77, avenue du Docteur Arnold Netter, mis en place en partenariat avec Pernod Ricard et source de nuisances environnementales, sonores, olfactives et lumineuses ;

Considérant les tensions existantes autour de la réalisation de différentes opérations d’aménagement dans Paris, comme le montrent les mobilisations citoyennes des riverain.e.s, d’associations et d’élu.e.s récurrentes, voire les recours déposés contre les permis de construire ;

Considérant le passé souvent industriel de ces sites et les enjeux sanitaires y afférant, la non disposition dans les dossiers de ces projets quant aux différents niveaux de degrés de dépollutions envisagés selon les usages futurs, ainsi que l’absence d’information sur les modalités et le phasage de ces différentes dépollutions ;

Considérant certains aménagements de l’espace public aux abords de ces projets, notamment de la mauvaise qualité des trottoirs par rapport au flux des piéton.ne.s, l’exemple de la Rue de Picpus étant déjà surchargé du fait de la présence de plusieurs écoles et l’arrivée prévue en 2020 des 20 000 étudiant.e.s (flux de 6 000 étudiant.e.s par jour) de l’Université Sorbonne Nouvelle ; de l’absence de piste cyclable ; la non anticipation de la saturation des transports en communs actuels (exemple de la Zac Bercy-Charenton ou du site des Messageries) ; 

Considérant le fait que ces opérations d’aménagement contre toutes logique et urgence climatique de par la densité des programmes et l’imperméabilisation des sols que ça implique, de l’abattage des arbres de grande hauteur en nombre (Netter-Debergue) vont à l’encontre des enjeux de résilience et de lutte contre les effets du dérèglement climatique auxquels la ville doit répondre ;

Considérant en effet l’engagement de la Ville de Paris dans la transition écologique ;

Concernant l’adoption, lors du Conseil de Paris de novembre 2017, d’un Plan Climat Energie ambitieux, qui rappelle notamment l’importance de la végétalisation pour résister aux canicules et aux effets d’îlots de chaleur urbains ;

Concernant l’adoption, lors du Conseil de Paris d’octobre 2017, d’une stratégie de Résilience pour la Ville de Paris, selon laquelle “la résilience urbaine est la capacité d’un territoire à anticiper, survivre et se développer quels que soient les chocs (attaque terroriste, inondation majeure, canicule, etc.) et les stress chroniques (du logement, de l’emploi, migratoires, climatiques, etc.) auxquels il est et sera confronté dans les décennies à venir. Elle propose une approche holistique et intégrée du développement territorial, dans toutes ses composantes, visant à transformer ces défis en opportunités, en mobilisant un large panel de parties prenantes”, et qui repose sur trois piliers, dont le second s’intitule “II. Une ville construite et aménagée pour s’adapter aux défis du XXIe siècle” ;

Considérant justement que la végétalisation et la perméabilisation des sols sont des occasions et leviers fondamentaux pour améliorer la résilience d’une ville, tandis que le déficit d’espaces verts et de pleine terre amplifie les risques qui menacent Paris et diminue son potentiel de résilience ;

Considérant en cela que toutes ces projets d’aménagements urbains sont des exemples emblématiques d’une politique urbaine dangereuse pour la résilience de la Ville.

 

Aussi, sur proposition de David Belliard, Joëlle Morel, Jérôme Gleizes et des élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP), le Conseil de Paris émet le vœu :

  • Que l’amendement porté par le groupe écologiste et voté lors du Conseil de Paris de juillet 2019 et demandant que « tous les projets urbains votés durant cette mandature et tous les projets à venir feront l’objet d’une étude permettant un diagnostic de leur impact sur l’effet d’îlot de chaleur urbain avant le démarrage des travaux. » soit appliqué ;
  • Que dans l’attente, un moratoire soit décrété pour l’ensemble des projets urbains de grande ampleur qui vont à l’encontre d’une ville résiliente et en accord avec le plan climat et les objectifs de la Cop21 ;
  • Que l’ensemble des espaces de pleine terre de ces parcelles soient sanctuarisé ; 
  • Que des évaluations en Impacts en Santé (Eis) soient programmées sur l’ensemble de ces secteurs ;
  • Que les riverain.nes soient concerté.es et impliqué.es dans les différentes phases de ces projets urbains.

 


Le voeu a été rejeté au profit du voeu de l’exécutif


 

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