Atelier Seine – Livre Blanc pour le site de la Seine dans Paris.
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2019 DU 273 : Atelier Seine – Livre Blanc pour le site de la Seine dans Paris.


 

L’eau va devenir une denrée rare dans les villes, elle pourrait devenir insuffisante pour répondre aux activités humaines et aux besoins de l’environnement. Dans ce cadre, avoir un fleuve est un atout majeur, et la Seine devient stratégique.

L’initiative d’organiser les 6 ateliers Seine a été positive, elle a été l’occasion de réinterroger les usages nouveaux sur et aux abords de la Seine et d’imaginer concrètement l’avenir de notre fleuve qui donne une identité si forte à Paris

Nous nous félicitons de cette première concertation qui a regroupé un nombre d’acteurs institutionnels, commerciaux très important. Nous regrettons néanmoins l’absence de certaines associations à ces réunions, elles étaient très demandeuses de pouvoir participer. Les Parisiens et les Parisiennes sont très attachés à la participation.  Notre impulsion de concertation pendant cette mandature, notamment à travers le budget participatif, provoque encore plus d’attentes, mais aussi de frustration si nous ne sommes pas à la hauteur des demandes. Il est donc essentiel d’ouvrir une nouvelle page de la concertation en incluant plus largement les associations et les Parisiens sur le devenir de la Seine.

La Seine est avant tout un exceptionnel couloir de ventilation pour Paris et les communes qui la longent, à préserver à tout prix dans notre contexte actuel de dérèglement climatique et de pics de chaleur de plus en plus fréquents. La Seine est un « bien commun » fragile, qui a déjà subi de fortes transformations et dont  l’évolution des usages doit être maîtrisé.

Nous souhaitons réaffirmer quelques points auxquels nous sommes particulièrement attachés :

  • l’usage, justement ! l’usage des abords de la Seine doit rester attribué à des projets et des activités d’intérêt général, la Seine doit appartenir à toutes et tous. Je nous engage collectivement à être très attentifs à cela et à résister à des potentielles tentations de privatisation, qui par définition, se feront au profit de certains, mais pas de tous. Les berges doivent rester majoritairement libres et libérées de la marchandisation, car sinon un risque existe qu’elles se transforment en de nouveaux boulevards avec un alignement de cafés. Si nous ouvrons les berges à des activités marchands, priorisons-la aux établissements liés à l’ESS.

 

  • ensuite, cela va dans le même sens d’une préservation de la Seine : les berges doivent rester non constructibles. Lors de la prochaine mandature, la prochaine équipe devra lancer une révision du PLU de Paris, afin d’adapter notre ville aux défis qui sont devant nous. Cette révision devra être l’occasion de bien préciser le zonage de l’espace Seine et mettre en zone urbaine verte les quais bas ainsi que les quais hauts et les mails plantés. Dans ce cadre, le projet Barges et Berges qui accepte la construction sur la berge une basse d’un immeuble sur deux niveaux (bureaux) – sur le Port de Tolbiac est très problématique, notamment car il prend la place d’une des rares zones d’activités portuaires dans Paris.

 

  • la Seine est un enjeu métropolitain qui doit être travaillé à l’échelle du Grand Paris, car il a des effets et des impacts sur l’ensemble de la métropole. Il en est de même des grandes opérations Nouvel R Bruneteau et Bercy Charenton : les tours de grande hauteur vont impacter lourdement le paysage, le refermer, voir boucher les couloirs de ventilation et limiter la respiration que permet la Seine. C’est aussi pour cela que nous nous sommes opposés à ces projets.

 

  • ensuite, la Seine doit être un lieu de repos et de flânerie, mais aussi de déplacement doux. Aujourd’hui, il nous manque encore, pour emprunter les quais à vélos notamment, une cartographie qui recenserait des plans d’ensemble précis et des plans locaux des liaisons quais hauts et bas rive gauche et rive droite qui permettent de savoir quel itinéraire choisir pour rallier son but. Un tel plan serait utile non seulement aux cyclistes et promeneurs mais aux touristes. Continuons de renforcer la continuité cyclable par le Réseau express vélo et l’itinéraire V33. Le groupe écologiste est enthousiaste concernant le projet d’aménagement de la piste vélo Paris, le Havre / Honfleur.

 

  • autre sujet, il faut absolument améliorer encore l’accessibilité aux PMR, qui  reste encore problématique : il y a encore trop peu d’ascenseurs ;

 

  • autre sujet, il est tentant de se servir de la seine comme d’un lieu de  circulation et de livraison. Tous les bateaux circulant sur la Seine doivent être non polluants afin de faire respecter la sortie du diesel à Paris à l’horizon de 2024. J’attire également notre vigilance concernant  collective au sujet du rejets d’eaux usées dans le Seine par les bateaux et les immeubles en bord de Seine et de la Marne. Il faut renforcer la surveillance et la verbalisation, qui, tant qu’elles ne sont pas rigoureusement appliquées, rendront les baignades dans la Seine très problématiques. Nous devons de la même manière verbaliser les personnes jetant des déchets dans la Seine.

 

  • Sur les véhicules circulant sur la Seine, je pense qu’il faut mener une étude approfondie à propos des taxis Sea bubble sur la Seine qui semble plutôt un gadget qu’un mode de transport innovant.

 

  • enfin, sujet majeur, celui de la végétalisation des berges. Dans le cadre de nos objectifs de désimperméabilisation, nous devons tout faire pour préserver les espaces naturels et  la biodiversité très riche, typique des zones humides. Je rappelle que le groupe écologiste avait déposé un vœu, adopté, lors de l’approbation de la modification générale du plan local d’urbanisme en juillet 2016, indiquant que « la Ville de Paris s’engage à mettre en œuvre, partout où cela est possible, un aménagement naturel perméable des berges, au détriment des berges minéralisées et que pour cela une étude en ce sens soit rapidement menée. ». Nous avions également déposé un amendement  « La Seine corridor écologique » dans le cadre du plan biodiversité de mars 2018.

Je vais donner quelques exemples, proposés notamment par les associations, qui pourraient participer de la végétalisation du lieu :

 

  • créer des zones de reproduction le long des berges en installant des jardins flottants et/ou des frayères en particulier sur la rive droite coté Tuileries ;
  • créer des zones végétalisées, en particulier sur les pentes douces en rive gauche ;
  • réaliser des protections contre le batillage en particulier face à l’université de Jussieu et sur l’ile aux Cygnes très riche en biodiversité ;
  • renforcer la végétation spontanée de la rive gauche en particulier sur l’ile aux Cygnes et sur la rive droite Pont de Garigliano ;
  • réaliser des aménagements submersibles afin de développer des roselières/jardin semi submergés dans les couloirs qui ne sont pas utilisés canal Saint Martin, le long du quai de Valmy et également canal de l’Ourcq ;
  • végétaliser certains murs de quais ;
  • créer des espaces sanctuarisés afin de constituer des réserves pour les espèces en particulier au bois de Boulogne ;
  • entretenir les berges de façon différenciée afin de conserver la végétation qui se développe de façon spontanée sur certaines parties ;

 

Enfin, je relaie cette demande des association d’ouvrir une mission de préfiguration d’une Maison de la Seine à  Paris ou dans une autre ville du cœur de la Métropole. La Seine est au cœur de l’histoire de Paris et reste un milieu naturel essentiel à la vie des territoires, qui peut fédérer et rassembler habitants, associations et acteurs publics et privés. 

Je terminerai en remerciant pour ces ateliers, notamment les associations qui ont fait un énorme travail de contribution, absolument passionnant, qui ont soulevé de nombreuses questions sur le devenir de la Seine, et aussi mis en exergue des points de friction. Nous devons les dépasser, la Seine est notre bien commun, nous le lui devons bien.

Joëlle Morel 

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