Prolongation de la mise à disposition temporaire de la Ville de Paris d’un bâtiment
situé aux 21, 23, 25 et 31 avenue du Président Wilson à Saint-Denis (93200) dénommé le « Dock des Alcools » ; avenant à la convention de sous-occupation partielle temporaire au bénéfice de la Fondation de l’Armée du Salut pour la création d’un accueil humanitaire de jour.
La création en juin dernier de la Halte humanitaire de jour, gérée par la Fondation de l’Armée du Salut, a permis de répondre à des besoins essentiels pour les personnes vivant dans les campements de rue de la Porte de la Chapelle, et au-delà. Son succès a d’ailleurs été immédiat, avec des centaines de visites quotidiennes. Ici, les exilés peuvent s’approvisionner en eau, se laver, nettoyer leurs vêtements, ou simplement se reposer, toutes choses qui nous paraissent élémentaires et qui pourtant font défaut à ces personnes qui ont déjà traversé tant d’épreuves dans l’espoir de trouver refuge sur notre territoire.
Il est faux de penser qu’avec l’évacuation des campements de la Chapelle, le 7 novembre dernier, la Halte n’aurait plus de raison d’être. Les associations nous le confirment d’ailleurs : celle-ci continue de recevoir une forte affluence quotidienne.
Cette évacuation, réalisée à grand renfort médiatique, a permis de sortir de nombreuses personnes, et notamment des familles, des conditions terribles qui étaient celles des campements de la Chapelle. Mais elle n’a pas réglé la situation des nombreux exilés qui restent en situation de rue, dans les campements d’Aubervilliers ou ailleurs.
Beaucoup d’entre eux, notamment les dublinés, craignant d’être expulsés, avaient déjà quitté les campements avant l’arrivée des services de la Préfecture de Police. D’autres campent sur d’autres sites, ailleurs dans la ville, et viennent bénéficier des services de la Halte humanitaire. D’autres encore sont retournés à la rue après avoir été abrités quelques jours suite à l’évacuation. D’autres enfin sont arrivés depuis, ou continueront d’arriver. Car le flux migratoire est constant, structurel : il est dû aux guerres, à la misère, aux dérèglements climatiques contre lesquels les arrêtés préfectoraux sont de peu de poids. Si ces personnes ne peuvent réoccuper l’espace sur lequel se trouvait le campement de la Chapelle, elles en trouveront d’autres, et continueront d’avoir besoin des services proposés par la Halte Humanitaire.
Nous ne pouvons donc croire que cette 59e évacuation pourra à elle seule résoudre la crise de l’accueil qui a commencé en 2015. Les écologistes le rappellent une nouvelle fois : seule une politique coordonnée à l’échelle régionale, nationale et européenne peut apporter une solution durable à cette crise. Et cette politique passe nécessairement par la création de nouvelles places d’hébergement, d’urgence et de longue durée, pour désengorger les centres d’hébergement qui sont aujourd’hui saturés et laissent des familles à la rue ou sur le sol des maternités. Ces places ne se créeront pas du jour au lendemain : des campements continueront de se former malheureusement. C’est pourquoi une autre de nos revendications de longue date est la mise en oeuvre d’un protocole d’urgence à l’apparition de chaque nouveau campement, pour permettre aux personnes qui s’y trouvent de répondre à leurs besoins de base, à l’image de ce que proposent les campements du Haut Commissariat aux Réfugiés, sous l’égide de l’ONU.
Il ne s’agit bien évidemment pas pour nous de nous satisfaire de l’existence de ces campements, et de nous contenter de les aménager ; mais en l’absence de solution d’hébergement, il nous faut être pragmatique et ne pas laisser se développer des campements comme ceux de la Chapelle, où des familles avec enfants dormaient à même le sol, au milieu des rats, des ordures et des seringues. Ces services de base, ce sont ceux proposés par la Halte humanitaire de la Chapelle : nous voterons donc bien évidemment pour cette délibération qui permet la prolongation de ce dispositif jusqu’au 31 mars 2020.
Fatoumata Koné