DFA 95 – Subvention (3 437 662,24 euros) pour la Maison des Réfugiés
Cette délibération vise à permettre à la Ville de bénéficier d’un soutien financier de l’Etat, à travers une subvention d’investissement à hauteur de 3,4 millions d’euros pour la création de la future Maison des Réfugiés, qui sera construite sur le site de Jean Quarré dans le 19e arrondissement.
C’est évidemment une bonne nouvelle pour l’avancement de ce projet, dont les écologistes sont à l’origine, via un voeu déposé au Conseil de juillet 2018. Nous avons d’ailleurs pu assister le 15 juin dernier à l’inauguration de la préfiguration de l’établissement dans le 14e arrondissement.
La création de cette Maison des Réfugiés s’inscrit dans la continuité de l’engagement de la Ville en faveur des personnes exilées, depuis les débuts de la crise de l’accueil en 2015. Face à une Europe qui peine à adopter une stratégie cohérente et efficace pour accueillir ces populations en errance, la Ville de Paris, à travers cette Maison des Réfugiés, adresse un message clair d’ouverture et d’hospitalité.
Les associations désignées pour la gestion de l’établissement, Emmaüs et Singa, sont déjà reconnus pour leur travail et leur savoir faire en matière d’accueil et d’orientation des personnes exilées. C’est un premier motif de satisfaction. La démarche participative qui sous-tend le projet, et qui associe acteurs professionnels, citoyens bénévoles, chercheurs et personnes exilées, est également une bonne chose.
Ce lieu, qui sera ouvert à la société parisienne dans sa diversité culturelle, économique et sociale, mettra en valeur la culture, les pratiques artistiques et l’écologie pour mettre l’accent sur ce que peuvent apporter ces personnes que nous accueillons, et sans doute répondre aux peurs et fantasmes qu’elles peuvent susciter.
Nous tenons donc à saluer ce projet, mais aussi à renouveler les interrogations que nous avions exprimé lors de notre précédente intervention sur le sujet :
à l’heure où la politique du gouvernement apporte plus de craintes que de garanties quant au traitement qui sera réservé aux populations exilées (quotas d’immigration, restriction du droit à la santé des demandeurs d’asile et des sans-papiers, durcissement des conditions du regroupement familial), la question de l’accès au logement semble absente du projet de Maison des Réfugiés. Or c’est la première difficulté rencontrée par ces populations, comme le démontre la formation régulière de campements de rue où l’on trouve notamment des réfugiés statutaires. Un Pôle accès au logement est-il prévu au sein de ce nouvel établissement, auquel seraient associés les partenaires opérationnels du logement ainsi que la Métropole ou encore les villes adhérentes de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants ?
Autre interrogation : qui rédigera la Charte de la Maison des Réfugiés, qui constituera l’acte fondateur du projet et auquel se référeront tous les acteurs impliqués dans l’activité de ce lieu ?
Enfin, quel sera le statut de la future Maison des Réfugiés, son modèle de gouvernance, et qui composera le comité de pilotage et de suivi ?
Indépendamment de ces questions, c’est avec une grande satisfaction que nous voterons pour cette délibération qui permettra à ce beau projet de voir le jour.
Fatoumata Koné