déposé par David Belliard, Joëlle Morel, Jérôme Gleizes, Jacques Boutault
et les élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP)
Considérant le projet de « méga complexe commercial et de loisirs », porté par le groupe de grande distribution Auchan et composé de 24 0000 m² de centre commercial, 20 000 m² de restaurants, 50 000 m² de parcs d’attraction climatisé, des salles d’exposition et de congrès, ou encore cinq cents boutiques de luxe, prévu pour 2024 sur le territoire actuellement agricole du « Triangle de Gonesse » de la commune de Gonesse dans le Val-d’Oise ;
Considérant que la réalisation de ce projet consommerait 80 hectares de terres agricoles fertiles et nourricières ;
Considérant les chiffres alarmants concernant la pérennité des terres de la Région Ile-de-France, qui perd 1 400 hectares de terres agricoles par an depuis 10 ans, alors que la demande locale pour une alimentation de proximité n’a jamais été aussi grande ;
Considérant que les projets d’artificialisation et de bétonisation massive de terres agricoles de qualité en faveur de l’étalement urbain et commercial ne répondent pas à cette demande et au besoin toujours plus grand des francilien.ne.s, des grands parisien.ne.s et des parisien.nes, de consommer une alimentation locale et de qualité ;
Considérant que de nombreuses métropoles internationales, Barcelone, Milan, Turin, Aarhus, Montréal, Ottawa, Détroit, ont saisi la nécessité majeure de protéger les terres agricoles, et font le choix de se réapproprier les terres nourricières en développant des projets mettant leur préservation au centre ;
Considérant dans ce cadre que le maintien de terres agricoles dans la métropole du Grand Paris est une opportunité immense et incontournable pour toutes les Villes du Grand Paris, afin de gagner en autonomie alimentaire et énergétique, mais aussi de lutter contre le dérèglement climatique, et limiter la hausse des températures ;
Considérant par ailleurs les effets désastreux que la réalisation de ce projet aurait sur les emplois locaux existant, comme l’ont montré plusieurs rapports et études, mais aussi la Confédération des Commerçant.e.s de France ;
Considérant l’existence d’un projet alternatif porté par le groupement Carma (Coopération pour une ambition rurale métropolitaine et agricole) en réponse à l’appel à projet Inventons la Métropole du Grand Paris, qui propose de faire du triangle de Gonesse un pôle d’excellence de l’agroécologie périurbaine, et fait partie des nominés du Grand Prix Convergences, qui récompense « les partenariats innovants pour la réduction de la pauvreté à travers des projets innovants et viables » ;
Considérant que ce projet alternatif permettrait à la fois de conserver les terres agricoles et de créer des emplois locaux, durables, non délocalisables, utiles et adaptés aux besoins locaux dans des secteurs d’avenir et au service de la transition écologique du territoire, dans l’agriculture, les commerces de proximité, le compostage, la santé, l’écoconstruction ;
Considérant les multiples débats publics et saisines juridiques qui entourent ce projet depuis ses débuts, comme dernièrement un rapport commandé par le gouvernement et rendu fin 2016, qui pointe de nombreux risques écologiques, mais également pour les transports, les commerces, l’économie locale, et l’urbanisme ;
Considérant que, parmi les nombreux opposants, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis s’est exprimé contre ce projet, ainsi que certaines municipalités franciliennes telles qu’Aulnay, Tremblay en France, Le Bourget, Le Blanc-Mesnil et Aulnay-sous-Bois ;
Considérant que le mouvement citoyen en opposition au projet est toujours bien présent, preuve du refus des habitant.e.s Gonessiens, mais également francilien.ne.s, d’accepter la réalisation sur leur territoire d’un nouveau gros projet inutile, d’un autre âge, et ne répondant plus aux besoins actuels ;
Considérant les Plans Climat de Paris et de la Métropole du Grand Paris ;
Considérant que la conservation des terres agricoles est un enjeu qui dépasse le niveau strictement local, car, dans un contexte dans lequel les terres se raréfient de plus en plus, faire le choix politique de les préserver est un geste en faveur du bien commun ;
Considérant, de ce fait, que ce projet n’est pas d’envergure locale, mais métropolitaine et régionale, et à ce titre concerne bien tou.te.s les habitant.e.s, et donc toutes les communes situées dans ces périmètres ;
Considérant que ce site, situé à une dizaine de km seulement de la capitale, concerne, au même titre que les francilien.ne.s, tou.te.s les Parisien.ne.s, qui qui attendent légitimement que leurs représentant.e.s s’engagent réellement pour la transition écologique de leur territoire et pour améliorer l’autonomie alimentaire à laquelle ils n’ont pas accès ;
Considérant l’activité dont fait preuve Paris sur les thématiques d’agriculture urbaine, et son attachement à alimenter ses habitant.e.s en produits sains, locaux et de qualité ;
Considérant qu’aucun projet de création d’une ceinture nourricière autour de nos territoires franciliens ne saurait être possible sans engagement fort pour les sanctuarisation des terres agricoles autour des villes ;
Concernant les annonces de la Maire de Paris concernant la création d’une coopérative agricole, notamment en “rachetant directement des fermes, prenant une participation dans les exploitations agricoles existantes et facilitant l’installation de nouveaux agriculteurs », en « priorité” en “Île-de-France », afin de « structurer l’approvisionnement en denrées alimentaires de qualité » ;
Considérant que le projet Europacity contrevient à tous les principes de durabilité et à la réalisation de tous les objectifs conclus à travers l’accord signé durant la COP21, ainsi qu’aux récents positionnements de la municipalité à l’égard de l’importance de structurer et renforcer la filière et le maraîchage biologique, ce que propose justement le projet CARMA.
Aussi, sur proposition de David Belliard, Joëlle Morel, Jérôme Gleizes, Jacques Boutault et des élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP), le Conseil de Paris émet le vœu que :
- la Ville de Paris prenne position contre la réalisation de ce projet ;
- la Ville de Paris déclare dès à présent vouloir s’engager à passer des conventions avec les agriculteurs qui cultiveront les terres du projet CARMA.