Je suis inquiet. Je suis inquiet, en cette rentrée 2019, car les études le disent : l’exposition des parisiennes et des parisiens à différentes sortes de polluants est critique. Je suis inquiet car ce sont les enfants, dont les organismes sont en pleine croissance, qui sont les premiers exposés.
Il a beaucoup été question récemment de la pollution liée au plomb, suite à l’incendie de Notre-Dame-de Paris. Les procédures face à un tel événement n’étaient manifestement pas prêtes, et les institutions et organismes concernés ont trop tardé à agir. Quant à l’action de l’Etat, nous l’attendons encore. Certes nous sommes allés au-delà de ce que préconise les consignes nationales en matière de tests environnementaux, puisqu’ils sont désormais déclenchés dès que le seuil de vigilance est atteint (entre 25 et 50 microgrammes par litre) : je tiens à saluer l’action de l’adjointe écologiste à la Santé Anne Souyris sur ce sujet.
Mais pour répondre aux craintes légitimes des parents d’élèves, il nous faut aller plus loin et être entièrement transparent dans notre communication. Plus largement, c’est la question de la pollution au plomb à Paris qui est posée. C’est pourquoi nous demandons la création d’une cartographie en temps réel des niveaux de pollution au plomb, une sorte de Plombparif, à l’image de ce qui se fait pour la pollution de l’air avec Airparif, avec un principe qui constitue notre boussole : le principe de précaution.
Je suis inquiet également car l’étude de l’association Respire a révélé en mars dernier des taux de pollution aux particules PM2,5 supérieurs aux normes de l’OMS dans 100% des écoles parisiennes : il est plus que temps d’agir !
C’est précisément ce que nous avons fait en organisant à la rentrée des blocages ponctuels de la circulation aux abords des écoles. C’est ce que nous faisons à ce Conseil en déposant un vœu demandant la piétonnisation des rues où se situent des établissements scolaires. Il s’agit d’une question de santé publique : on estime à plus de 2000 le nombre de décès annuels liés à la pollution aux particules fines à Paris.
Je suis inquiet car je si je me réjouis, comme tous les élus de mon groupe, de l’annonce de 100% de lait bio dans les crèches pour tous les âges, mesure que nous réclamons pourtant depuis longtemps : le contrat pour ce lait bio a été passé avec… Nestlé, multinationale dont on connaît trop bien les nuisances éthiques et écologiques à l’échelle planétaire : son rôle dans la déforestation du Ghana et de la Côte d’Ivoire a été dénoncé par plusieurs ONG, et un article du Washington Post a confirmé début septembre les soupçons d’emploi du travail d’enfants esclaves dans certaines de ses filières… Si nous voulons véritablement amorcer une transition écologique en faveur de l’humain, il nous faut être plus cohérent et conséquent dans le choix de nos fournisseurs.
Notre objectif, c’est de rendre nos écoles sûres, plus apaisées, plus vertes, moins bruyantes. Notre objectif, c’est de remettre l’enfant au centre de l’école. Et pour cela nous devons avoir une vision globale des enjeux.
Alors certes, oui, la place croissante de l’alimentation bio dans la composition des menus scolaires est une bonne chose. Le temps est loin où nos propositions de repas éco-responsables valaient aux écologistes d’être taxés de «secte» par certains. Aujourd’hui nous nous fixons l’objectif de 100% de bio dans les cantines, et grâce à une délibération que nous avons porté au conseil de Juillet, des goûters bio durables vont être proposés dans les écoles élémentaires.
Mais, pardonnez-moi, je reste inquiet. Inquiet car nous avons un autre sujet, et vous le connaissez : c’est celui du pouvoir d’achat.
Cette année Paris a encore perdu 1400 élèves. Les familles quittent une ville devenue trop chère. Certes, des mesures comme la gratuité du Pass Paris Access pour les enfants, et notamment pour les enfants en situation de handicap comme nous l’avions demandé dans un voeu de la rentrée 2018, ces mesures vont dans le bon sens. Mais c’est insuffisant quand on sait que le véritable problème réside dans la cherté des loyers.
La seule façon d’agir en la matière, c’est de réglementer le marché et de mettre en oeuvre le blocage des loyers : cela signifierait pour les locataires une baisse des loyers de 7 à 10% en 2025 !
Je suis heureux de constater que cette proposition a déjà été reprise par plusieurs membres de cette assemblée. Il nous faut un consensus plus large sur cette question essentielle : droite, gauche, écologistes, mettons-nous d’accord sur cette mesure pragmatique et efficace, qui a déjà été adoptée par Berlin. Si nous y parvenons, nous pouvons espérer, avant la prochaine rentrée des familles à Paris, un retour des familles à Paris.
Ma collègue Fatoumata Koné complétera les propos de notre groupe sur cette rentrée scolaire.
Je vous remercie.
David Belliard, président du groupe écologiste de Paris
Conseil de Paris d’octobre 2019