Pour la quatrième année consécutive et pour les quatre prochaines années, vous nous proposez d’entériner l’organisation des ePrix de Formule E à Paris. Vous vous félicitez de l’accueil de ce grand prix de Formule 1 électrique en arguant qu’il joue un rôle de promotion de la voiture électrique, collant donc à l’image de notre Ville qui lutte contre la pollution de l’air et notamment les particules fines dues aux véhicules thermiques. Et pourtant, malgré le packaging très écolo de cet événement, mon groupe dénoncera comme chaque année l’organisation de ce prix, extrêmement loin de l’écologie que nous voulons, et même extrêmement loin de l’écologie tout court.
Le 27 avril prochain, pour pouvoir recevoir cette course, du goudron sera installé autour de l’hôtel des Invalides pour créer artificiellement un circuit automobile de 2 kilomètres en plein Paris. Je rappelle, si c’était nécessaire, que les effluves de ces travaux sont très toxiques pour les personnels qui vont installer ce bitume. Que d’énergie, de goudron déposé et santé mise en danger pour accueillir une course qui durera seulement une heure ! Et il faudra retirer dès le lendemain l’enrobé bitumeux car les pavés dessous sont classés au patrimoine historique de la Ville de Paris. Ce grand prix aurait pu se tenir sur un circuit déjà existant et pourquoi pas dans le 93 à l’heure où nous discutons et travaillons sur la Métropole. L’opération n’en aurait été que beaucoup plus Ecologiste.
Les quelques voitures qui participeront à cette grande course sont certes électriques, mais contrairement à tous les autres véhicules électriques qui ont le bénéfice d’être silencieux, celles-là émettent un bruit plus élevé de 10 décibels que celui des moteurs à essence et à la sonorité aiguë qui rappelle celle d’un avion au décollage. Et cela uniquement pour matérialiser la puissance des véhicules capables en effet d’accélérer de 0 à 100 km/h en 2,8 secondes et de rouler jusqu’à 280 km/h, prouesse qui doit d’ailleurs certainement émouvoir les Parisiens qui, lorsqu’ils se déplacent, sont piétons, en métro, à vélo ou coincés dans les bouchons.
A ces critiques je vais ajouter l’exonération décidée par la Ville de la redevance que la Formule E aurait dû payer, liée à la neutralisation du stationnement. Le grand prix va donc privatiser l’espace public parisien pendant trois jours, mettre à l’honneur les constructeurs automobiles, et en plus ils vont bénéficier du cadeau de la redevance.
Un tel événement qui fait la promotion de la voiture individuelle et de la vitesse n’a, à notre avis, pas sa place à Paris. Pour nous, cet événement est indéniablement un grand prix de la pollution. Imaginons qu’on transforme réellement notre parc automobile en 100 % électrique, comment gérerait-on la pollution due à l’extraction et au traitement du cuivre, du nickel et de ces fameuses terres rares nécessaires aux systèmes électriques et aux batteries ? Faire la promotion d’une transition vers le tout-électrique est un mensonge.
Aujourd’hui, la voiture occupe déjà 50 % de l’espace au sol de Paris. Peu importe la motorisation, il est grand temps de rééquilibrer l’espace pour donner plus de place aux piétons, aux vélos, aux espaces de rencontre, aux lieux de vie. Alors qu’on organise de plus en plus de zones « Paris Respire », des journées sans voiture, cet événement envoie un message à contresens ; les piétons doivent laisser la place à des voitures qui tournent en rond.
Pour toutes ces raisons et comme les dernières fois, nous voterons contre l’édition 2019 de la Formule E et de toutes celles à venir.
David Belliard, président du groupe écologiste de Paris