Organisation et gestion du Semi-Marathon et Marathon de Paris pour les éditions 2020 à 2024 – Concession de services.
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Du côté des passionnés, le Marathon de Paris, c’est une course mythique pour plus de 40.000 coureurs et coureuses qui foulent les pavés de la Ville dans un but de dépassement de soi, de plaisir par l’effort et, en tout cas pour certains et certaines d’entre eux, de bien-être.

 

Cependant, ce sont 40.000 « runners » privilégiés puisqu’ils ont les moyens de s’offrir un dossard qui coûte entre 80 et 110 euros, voire plus de 200 si l’on passe par un tour-opérateur.

 

A ce sujet, le patron d’Amaury Sport, Edouard CASSIGNOL, assume totalement le prix lourd du dossard dans un entretien qu’il a donné à « Capital » en 2017 : « Dans les autres grandes villes de France comme Lyon ou Marseille, courir le marathon coûte une cinquantaine d’euros. A Paris, on dépasse les 80, ce qui permet une marge à A.S.O. de plus de 30 %. » Pourquoi ? Parce que, d’après M. CASSIGNOL : « Une course doit être avant tout rentable. Bien entendu, nos épreuves sont organisées dans des sites prestigieux, cela leur donne un côté premium. » On est donc bien loin du sport comme vecteur d’égalité et on est encore une fois ici dans le soutien de ce qu’on peut appeler le sport business, car oui, côté organisateur, l’organisation du marathon coûte en effet environ 2 millions d’euros à Amaury Sport Organisation si on reprend les chiffres de 2016, pour un gain de 6 millions, dont 2 grâce aux sponsors.

 

C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle, en mai 2018, mon groupe avait déposé un vœu au Conseil de Paris pour demander entre autres que dans l’appel d’offres du renouvellement du marché de l’organisation du Marathon de Paris, la Ville de Paris oblige les répondants à ne pas augmenter le prix des dossards, déjà très chers, et à les rendre abordables.

 

Ce vœu avait reçu un avis favorable de votre part car vous vous étiez engagés à demander que le maintien du prix d’un dossard accessible soit intégré dans la future concession de service et soit même un des éléments d’appréciation des offres des futurs candidats. Dans le contrat de concession mis au vote aujourd’hui, Amaury a prévu d’augmenter ses tarifs pour que le dossard soit en 2024 de 86 euros. Nous n’avons donc pas tout à fait la même conception du terme « abordable ».

 

Ensuite, le point peut-être le plus cocasse de cette délibération est dans son intitulé. Le fait est que cette course s’appelle en fait non pas Marathon de Paris, mais Schneider Electric Marathon de Paris. L’entreprise qui « name » cette course est empêtrée dans une affaire révélée par « Médiapart » en avril 2018 : elle est suspectée de non-respect de la concurrence, malversations financières ou encore de fraude. Schneider participe de moins en moins au « rayonnement de la France », puisqu’ayant fait le choix de délocaliser nombre d’emplois en Asie. Pourtant, l’annexe au contrat de concession qui nous est présenté dans cette délibération rappelle que les partenaires de l’événement ne peuvent être en contradiction avec les orientations de la politique municipale. Nous ne devons pas alors partager la même vision des orientations que doit prendre notre Ville. Ce même volet partenariat rappelle que le commerce équitable et l’E.S.S. doivent être privilégiés. On dira donc que l’engagement de l’organisateur sur le 100 % vrac pour les en-cas et le recyclage des bouteilles d’eau serviront à poser l’étiquette « écolo » sur le Marathon de Paris.

 

Côté sponsoring, on a B.M.W., Invictus Paco Rabanne qui a été condamné par le C.S.A. pour ses « pubs » sexistes en 2017. On a aussi l’équipementier Asics qui, lui, est en pleine panade juridique quant au rôle qu’il aurait tenu dans un des plus gros scandales financiers de notre histoire, entraîné par la chute de Goldman Sachs.

 

Enfin, nous ne connaissons toujours pas l’impact écologique des précédentes éditions. Etant donné que le prestataire ne change pas et qu’il a signé la charte d’organisation des événements écoresponsables, nous demandons donc de connaître ce bilan environnemental des précédentes éditions, de celle qui se déroulera dans quelques jours, ainsi que des suivantes comme le stipule cette charte. Nous voulons également évidemment que l’organisateur annonce des mesures qui compensent à 100 % l’empreinte écologique de cette manifestation.

 

Ce nouveau marché adoube encore une fois le sport business au cœur de l’une des plus belles avenues de notre Ville, tolère des partenariats aux conséquences environnementales lourdes. C’est pourquoi notre groupe votera contre cette délibération.

 

David Belliard, président du groupe écologiste de Paris

 

 

 

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