Contrat de concession de service relative à la conception, la fabrication, la pose, l’entretien, la maintenance et l’exploitation de mobiliers urbains d’information à caractère général ou local supportant de la publicité
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Il n’y a plus de mobilier publicitaire encombrant les trottoirs parisiens depuis au moins un an. On respire, on voit mieux le paysage urbain et nous sommes, nous, citoyens, en situation de pouvoir nous promener dans les rues, notre espace commun, sans pouvoir subir le message publicitaire des grands groupes qui formatent nos comportements, nous obligent à certains achats, nous proposent de la publicité souvent à partir de modèles ultra-minces, anorexiques, oserais-je dire, qui renvoient une image, notamment des femmes, absolument immonde, sans parler du fait que la publicité est souvent, outre sexiste, grossophobe pour ne pas dire homophobe.

Ainsi, les Parisiens respirent. Ils respirent parce que, par deux fois, le tribunal a jugé que le passage en force de l’Exécutif sur la publicité parisienne n’était pas conforme à son règlement local de publicité. Nous y avons contribué et nous sommes satisfaits de la situation dans laquelle nous sommes.

Alors, j’entends, dans les rangs de cet hémicycle, des injonctions à différer cette délibération. C’est bien, mais on peut mieux faire : pour éviter ces balbutiements, pour éviter les ennuis qui vont très certainement être devant nous compte tenu des incertitudes notamment financières liées à l’appel d’offres tel que cela a été évoqué par les collègues de l’opposition, pour éviter ces balbutiements, ce n’est pas reporter, c’est renoncer, qu’il faut. En renonçant définitivement à défigurer notre Ville, à produire de la pollution lumineuse, à encombrer nos trottoirs, à consommer inutilement de l’énergie et, encore une fois, à formater les esprits, Paris serait à la hauteur de la mission et du rôle qu’elle se targue de vouloir jouer d’être la Ville leader dans le monde pour la défense du climat.

Ainsi, soyons cohérents. Les Parisiens n’aiment pas la « pub », ils le répètent chaque fois qu’on leur pose la question. Cela ne les prive pas, d’avoir des trottoirs sans « pub ». Bien au contraire, ils disent en avoir assez de la publicité dans le métro, assez de la publicité de 4 mètres sur 3 sur les murs de Paris, qui demeurent, et assez des publicités, on l’a vu, sur les colonnes et mâts porte-affiches.

Alors, c’est ce à quoi je vous engage, à renoncer, mais je vous engage d’autant plus que la délibération qui nous est soumise est empreinte d’opacité, puisque la Ville, à travers cette délibération, impose à l’opérateur une réserve technique dans ses nouveaux mobiliers pour permettre l’adoption de son parc aux nouvelles technologies. Sont visés notamment les antennes relais, les capteurs, mais sans nous dire exactement quelles sont les technologies que la Ville a en ligne de mire et surtout pour quoi faire. Est-ce que le Conseil de Paris sera informé des destinations de ces nouvelles technologies ? Ces mobiliers urbains, par exemple, devraient être équipés de balises contacts présentées comme, je cite, des « solutions interactives mobiles offrant la possibilité de développer de nouvelles formes de dialogue avec les citoyens ». Est-ce à dire que lorsque nous passerons à côté de ces nouveaux mobiliers urbains, nous recevrons des messages publicitaires non désirés sur nos smartphones, que nos lignes téléphoniques seront encombrées de publicités supplémentaires ? Je n’ose le croire.
Je préférerais donc que nous prenions en compte le droit de non-réception, le droit pour un citoyen de se mouvoir dans l’espace public sans être destinataire de messages commerciaux de toute sorte, et pour cela, il faut renoncer. Il faut d’autant plus renoncer que les consommations énergétiques de ce parc de mobiliers urbains sont largement supérieures à celles indiquées dans la délibération. On nous parle de 88 mégawatts par panneau. Nous avons fait le calcul : 365 jours par an sur 1.630 panneaux, cela amène à une consommation inutile de 1.256 kWh par an, c’est-à-dire deux fois plus que ce qui est indiqué dans la délibération.

Pour toutes ces raisons et beaucoup d’autres que le temps imparti ne me permet pas de développer, les Ecologistes voteront évidemment, vous l’avez compris, contre cette délibération.

 

Jacques Boutault, Conseiller de Paris, Maire du 2e arrondissement de Paris.

 

Intervention au Conseil de Paris d’avril 2019

 


 
COMMUNIQUE : Non au retour de la publicité à Paris !

 


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