AMÉNAGEMENT – Réhabilitation de la Tour Montparnasse et étude d’impact et permis de construire dans le cadre de la consultation préalable des collectivités.
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Intervention Marie Atallah 

Il nous est demandé de nous prononcer sur l’étude d’impact et la demande de permis de construire pour la nouvelle Tour Montparnasse. C’est la première fois que nous pouvons, en tant qu’élus, apporter une contribution sur cette réhabilitation de la Tour Montparnasse. En effet, notre pouvoir ici consiste en l’octroi ou non du permis de construire.

Concernant la rénovation de la Tour, à la lecture de la délibération, on constate des avancées positives et des éléments intéressants. Sur le plan énergétique d’abord, rappelons que la Tour Montparnasse a été construite au début des années 70. Il est donc logique d’attendre de sa rénovation des économies d’énergie importantes. Les objectifs sont ambitieux puisqu’ils visent à diviser par trois la consommation réelle de l’immeuble et s’inscrivent dans les objectifs fixés par le Plan Climat de 2018.

La programmation de bureaux qui recourent fortement à l’usage de l’informatique est, nous le savons, fortement énergivore. Nous espérons que ce paramètre a bien été pris en compte et n’aura pas d’impact négatif sur le potentiel des économies d’énergie.

Sur le plan de la réutilisation des matériaux issus du chantier, la démarche d’économie circulaire apparaît clairement positive. La démolition de la Tour aurait été une aberration écologique et nous nous félicitons que cette réhabilitation s’appuie sur la conservation, le réemploi, le recyclage ou la rénovation des matériaux existants.

 

 

En revanche, d’autres éléments sont de nature à nous questionner sur différents points. D’abord, sur la densification de la Tour qui sera à la fois élargie et rehaussée. Nous nous interrogeons sur la création de nouvelles surfaces de bureaux alors que Paris comporte déjà encore beaucoup de bureaux vacants.

Nous nous posons également des questions sur la surélévation prévue de 23 mètres au sommet de la Tour pour réaliser une serre de production agricole. La production agricole en ville est un enjeu important que les écologistes portent depuis toujours. Toutefois, concernant la production sous serre, je voudrais souligner que la production hors sol est plus polluante et moins vertueuse que la production en pleine terre car elle est soumise à une forte consommation de ressources, que ce soit en énergie ou en eau.

Pour autant, le modèle de production sous serre peut avoir du positif à condition, d’une part, qu’elle soit autonome en énergie, ce qui sera le cas selon la délibération ; et d’autre part, qu’elle soit exemplaire dans le type de végétaux qu’elle prévoit.

Pour les objets énergivores comme les tours, l’objet est bien de tout faire pour contrebalancer ces faiblesses structurelles. Concrètement, la future Tour Montparnasse a-t-elle pour ambition d’être, un jour, en autoproduction en termes énergétiques ?

Sur les places de stationnement, 900 mètres carrés de locaux de stationnement vélos sont prévus ; on peut s’en réjouir. Nous nous réjouissons moins pour les 19 places de parking supplémentaires créées à l’échelle de la Tour. Bien sûr, ce chiffre est faible, mais il indique qu’une légère augmentation du volume des véhicules particuliers est prévue sur le site. Cela va à l’encontre du travail mené depuis 2014 sur la réduction de la place de la voiture dans la ville.

Oui, le P.L.U. actuel, si la Tour devait être reconstruite aujourd’hui, imposerait moins de places de parking. Ces 19 places en plus sont du fait de règles antérieures, dans un Paris qui se construisait autour de la voiture.

Néanmoins, comme il y a environ 1.700 places au total, dont environ 900 réservées aux occupants de la Tour, une réflexion serait-elle menée sur des usages alternatifs d’une partie d’entre elles ? Je pense à des espaces de logistique urbaine pour desservir le dernier kilomètre ou encore à des places de deux-roues motorisés qui envahissent déjà le trottoir dans ce quartier.

Sur le « timing » de cette demande de permis de construire, durant le 2e trimestre de 2019, cette année, une équipe pluridisciplinaire, chargée d’élaborer un scénario d’aménagement global du quartier Montparnasse, relatif à tout le périmètre Mouchotte, gare Montparnasse, abords de la Tour et le secteur Edgar Quinet, va rendre son travail. Il aurait été vraiment plus intéressant, pour nous, que nous ayons connaissance de ce travail avant de rendre un avis ponctuel sur « oui ou non, ce permis de construire est valable ».

Concernant la concertation, nous souhaitons qu’elle soit poursuivie pour que les habitants et les habitantes puissent avoir une vision globale des propositions des futurs aménagements afin de donner leur avis en toute connaissance de cause.

Pour être clair, les habitants devront être davantage associés à la décision de ce scénario global de Montparnasse incluant la nouvelle Tour, via des ateliers publics d’urbanisme notamment et pas seulement à travers un registre électronique pour recueillir des avis individuels sans débat collectif.

Ce projet de la nouvelle Tour doit être examiné dans le cadre du réaménagement de l’espace à l’échelle du quartier. Un cadre d’un projet plus important de rénovation du quartier qui nous amènera sur la durée du réaménagement aux années 2030. On a donc quatre ans de travaux dans le cadre du projet encore plus important pour la rénovation du quartier et on aura le temps de nous prononcer sur le permis.

Comme je l’ai dit et c’est la position des Ecologistes depuis toujours, les tours sont structurellement et totalement énergivores pour plusieurs raisons bien connues :

  • leur construction complexe nécessite des matériaux très sophistiqués dont la fabrication consomme beaucoup d’énergie ;
  • le fonctionnement en tant que tel nécessite également beaucoup d’énergie puisqu’elles utilisent systématiquement des ascenseurs dont l’usage génère également des charges très élevées pour les occupants ;
  • avec les vitres qui font effet de serre dans toutes les tours, la climatisation est indispensable, en particulier dans un monde touché par des changements climatiques importants.

Enfin, sur les enjeux globaux de sobriété, les enjeux climatiques que je viens de mentionner…

Les enjeux climatiques que je viens de mentionner nécessitent une approche globale, ambitieuse, quand on a l’occasion de repenser tout un quartier, comme c’est le cas ici.

Le futur projet d’aménagement du quartier Montparnasse, avec l’augmentation des flux de personnes dans la gare et dans le centre commercial, va automatiquement générer une augmentation d’activités de toutes sortes.

Nous souhaitons que le futur quartier Montparnasse soit un exemple de sobriété, un projet de morceau de ville en transition qui fait décroître fortement son empreinte écologique et sort de toute consommation non responsable.

Enfin, nous souhaiterions savoir, quels seront le bilan carbone et l’empreinte écologique du nouveau quartier Montparnasse ? Car au final, c’est bien cela qui compte dans un monde post-carbone, ce projet de réaménagements est l’occasion de dédensifier, de débitumiser, de recréer le plus possible d’espaces de pleine terre pour aller vers une meilleure résilience de Paris. Est-ce que la nouvelle tour affichera un bilan carbone neutre ? C’est toute la question.

Vous aurez compris, les choses sont rarement négatives ou positives. Souvent il y a un peu des deux, mais quand le flou l’emporte sur l’enthousiasme, nous préférons la prudence dans l’attente de nouveaux éléments qui nous convaincront sur l’ambition écologique de ce futur quartier du sud-ouest de Paris.

Notre groupe s’abstiendra sur les deux délibérations 50 et 51.

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