Place des animaux en ville
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Intervention de David Belliard relative à la condition animale en ville.

 

Monsieur le Maire, mes chers collègues, les animaux ont toujours fait partie de nos vies et de nos villes. Toutefois, leur présence en milieu urbain n’a fait que s’effriter à mesure que les espaces ouverts se sont raréfiés pour laisser place aux constructions, afin que nous, citadins, nous puissions nous loger, travailler, et produire. L’homme urbain, déconnecté progressivement de la nature, a très vite négligé la place à donner aux animaux dans la ville. Pire encore, il a détruit et détruit encore leur habitat naturel. Les animaux étaient en effet considérés comme parties négligeables, annexes de nos villes et de nos existences. Preuve en est, les regards écarquillés des petits Parisiens et petites Parisiennes lorsqu’ils voient des animaux aussi communs qu’une poule, un mouton ou une vache.

Les études scientifiques menées ces dernières décennies n’ont pourtant de cesse de nous informer sur les grandes sensibilités et facultés des animaux. Certains de leurs comportements en viennent même à nous troubler par leur proximité avec les nôtres. Je pense notamment à la notion d’apprentissage chez les fourmis. En 2012, des neuroscientifiques du M.I.T. ont signé un manifeste revendiquant l’existence de conscience chez de nombreuses espèces animales. Pourtant, notamment grâce à la députée Ecologiste Laurence ABEILLE, cela ne fait que trois ans que les animaux sont considérés comme des êtres sensibles, et non comme des biens meubles, par le législateur. Quand la reconquête de la biodiversité se confronte à la grande extinction, l’un des défis majeurs des villes d’aujourd’hui est bien de favoriser le retour et le maintien des espèces animales en zone urbaine et, plus généralement, de retrouver des liens avec les vivants, tous les vivants. Cette lutte fait d’ailleurs partie de l’A.D.N. politique de notre groupe. Inévitable, la présence des animaux domestiques est liminaire dans notre quotidien, et même essentielle. Réduction du stress, sortie de l’isolement, apaisement, les bienfaits du contact homme animal sont maintenant très connus.

Pour toutes ces raisons, il est, pour nous, primordial d’aborder la question du rapport entre l’être humain et l’animal comme une question sociétale et politique. Traiter de notre rapport aux animaux, c’est d’ailleurs interroger notre modèle économique et, plus largement, notre modèle de société qui broie les animaux et les humains, et dont les abattoirs – cela a été rappelé par mon collègue – en sont l’un des exemples les plus terribles.

Déjà en 2014, notre groupe demandait la garantie d’offrir aux animaux une véritable place dans la ville, que notre territoire soit résilient pour toutes les espèces du vivant. En septembre 2016, nous avions demandé la mise en place d’une mission « Animaux ». Il fallait que Paris montre l’exemple et marque un premier pas décisif pour que la cause animale sur son territoire soit enfin prise en considération. Il était urgent d’engager un vrai travail sur le sujet en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés. Vous y aviez été sensibles, chers collègues, et nous vous en remercions. Les échanges qui ont pris place entre élus, associations et acteurs concernés durant les huit réunions thématiques et les trois visites, ainsi que la participation directe des Parisiennes et des Parisiens, montre à quel point ce travail était aussi nécessaire qu’attendu.

J’en profite, d’ailleurs, pour remercier ma collègue Pénélope KOMITÈS, son cabinet ainsi que les services concernés, qui ont permis la rédaction de ce rapport. Les données fournies sont nécessaires pour continuer le travail de la Ville dans la mise en place d’actions qui favorisent la pédagogie, le respect et le bien-être de la faune sauvage, mais également des animaux domestiques. Il y a encore de nombreux manques, des points à améliorer, mais je crois déjà – et c’est l’un des bilans positifs de ce travail – que nous pouvons dire qu’avec cette mission, les animaux se sont invités dans l’agenda politique de notre Conseil. Il n’est d’ailleurs qu’à voir le nombre de propositions de tous les groupes représentés au Conseil pour comprendre que, définitivement, la question animale est devenue une question politique.

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