Intervention de Jérôme Gleizes relative au développement de l’autopartage en boucle à Paris
Chers collègues, les écologistes sont très attachés à l’autopartage en boucle que nous avons toujours défendu, notamment en opposition à Autolib’ qui a déjà dix ans.
L’échec d’Autolib’ nous a donné raison et nous amène à nous pencher sur le modèle pérenne d’autopartage qui soit résilient, qui s’inscrit à notre démarche globale pour faire de Paris une ville qui avance sur la politique de réduction de la voiture individuelle et dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Comme cela a été dit par d’autres collègues, il existe actuellement trois modes d’autopartage à Paris : en trace directe, en boucle et en « free floating ».
L’autopartage en trace directe était jusqu’à présent assuré par le service Autolib’. La durée de location des véhicules était en moyenne de 35 minutes, selon BOLLORÉ, mais le plus gros succès d’Autolib’ a été de prouver que les Parisiens étaient prêts à partager un véhicule et que la possession d’une voiture à Paris n’est plus vue comme une nécessité. En ce sens, l’autopartage en trace directe a contribué à limiter la place de la voiture personnelle en ville, mais pas suffisamment.
Lors du dernier Conseil de Paris, nous avons voté une délibération pour des services d’autopartage en « free floating ». D’ici la fin de l’année, plus de 1.000 véhicules seront censés investir les rues de Paris à travers des offres de « Renault », « PSA », « ADA » et peut-être d’autres qui vont venir d’ici là.
Nous nous inquiétons de l’usage qu’en feront les Parisiens. Cela risque d’être des trajets courts qui pourraient être effectués à pied, à vélo ou en transports en commun. Nous craignons aussi des conflits d’usage de l’espace public du fait notamment des stationnements ventouses ou illégaux. En outre, il s’agit tout de même d’une prime aux constructeurs automobiles contestable.
Et puis, depuis 2015, la Ville de Paris a lancé ce service de véhicules partagés que nous avons dans cette délibération. Un système d’autopartage en boucle, c’est-à-dire prendre un véhicule près de chez soi pour le week-end, une journée ou une demi-journée, puis le ramener à son point de départ.
Avec cette délibération, nous passons de 200 places à 1.000.
L’autopartage en boucle correspond aux besoins de beaucoup de Parisiens, c’est-à-dire un usage occasionnel de la voiture et permet se faisant de limiter plus efficacement le recours à la voiture individuelle.
Les chiffres le disent, notamment l’étude ADEME qui a été citée. Je répète les chiffres : une voiture d’un opérateur d’autopartage en boucle remplace 7 voitures particulières et contribue à la non-occupation de 6 places de stationnement par des véhicules particuliers.
Un autre chiffre qui n’a pas été donné par les autres interventions est qu’en comparaison Autolib’ ne remplace que 3 véhicules particuliers et supprime seulement 2 places de stationnement. C’est donc beaucoup moins efficace par rapport à l’objectif de la réduction de la place de la voiture en ville.
A cette fin, nous ne pouvons que déplorer que la Région ne se saisisse pas de cet enjeu. La Région est en retard d’un développement d’autopartage, notamment en boucle, et de la motorisation électrique à cause du manque de bornes.
En effet, il n’y a pas assez de dispositifs mis en place sur l’ensemble de la Région pour recharger des véhicules électriques. Il pourrait être dissuasif pour les automobiles de prendre des véhicules électriques sur des longues distances. Il est urgent et nécessaire que la Région active son action sur le sujet car Paris ne peut pas faire seul.
Nous appelons donc naturellement à voter cette délibération mais nous proposons des vœux pour l’améliorer.
L’autopartage doit être accessible au plus grand nombre, dont les personnes à mobilité réduite. Nous devons ainsi encourager par ce dispositif du S.V.P. des entreprises de l’E.S.S. qui ne disposent pas nécessairement de parcs automobiles aussi fournis que les constructeurs qui s’engouffrent dans le modèle de « free floating », par exemple. C’est le sens de deux de nos vœux.
Pour finir, nous demandons ainsi que soit engagée une réflexion plus globale sur la mobilité partagée. Enfin, nous partageons les remarques de Mme GATEL. C’est pourquoi nous avons un vœu sur ce point et j’ai vu que les élus communistes nous suivent là-dessus.
Nous avons besoin d’un état des lieux, des usages, des performances, notamment environnementales de tous les systèmes d’autopartage possibles, Autolib’ compris, et plus largement du partage des véhicules motorisés, comme les scooters partagés sur lesquels se sont reportés beaucoup d’usagers d’Autolib’, ainsi que des évaluations prospectives sur les différents modes de gestion afin de pouvoir proposer le meilleur système d’autopartage.
Osons challenger les différents modes de gestion de service. Malgré le fiasco d’Autolib’, nous demandons à ce que des systèmes de gestion comme la régie directe ou encore la D.S.P. – délégation des services publics -, qui assure qu’une mainmise de la Ville sur l’exécution du service public soit réellement envisagée. On sent poindre que la C.O.D.P. – convention d’occupation du domaine public – soit privilégiée et cela ne nous semble pas efficient à moyen et long termes.
Les élus écologistes souhaitent que l’autopartage en boucle soit le mode d’autopartage privilégié, qu’il ne soit plus un substitut à l’autopartage en trace directe ou de « free floating » mais la façon de se déplacer favorite des Parisiens quand la marche, le vélo et les transports en commun ne permettent pas de se rendre facilement au lieu des destinations voulues.