Nouveau contrat d’exploitation du Mobilier Urbain d’Information par JC Decaux
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Intervention de Jacques Boutault relative au nouveau contrat d’exploitation du Mobilier Urbain d’Information par JC Decaux

 

Monsieur le Maire, chers collègues, le nouveau contrat entre la Ville de Paris et la société « JCDecaux » comporte en apparence quelques avancées à l’image de la fin des panneaux de 8 mètres carrés et la dissociation du marché de la publicité, et de celui du système de vélos en libre-service, comme l’a très bien exprimé avant moi ce matin ma collègue Sandrine MÉES.

Autre progrès dont on peut se réjouir : la fin des messages sexistes et stigmatisants, notamment à l’égard des femmes, des homosexuels ou des personnes en surpoids. Et je m’associe au vœu du groupe Communiste, et remercie Hélène BIDARD d’avoir pu inclure dans le contrat cette évolution que les écologistes avaient souhaité, via un vœu qu’ils avaient déposé en juillet 2016 et que le Conseil de Paris avait adopté.

Pour autant, la diminution de la surface occupée par la publicité est en trompe-l’œil, car le nombre de panneaux reste identique, pas moins de 1.630 sur le territoire parisien, et l’exposition aux messages sera renforcée, du fait de l’accroissement du nombre de panneaux à publicité défilante et des nouveaux écrans lumineux à technologie numérique. Ainsi, à nombre de panneaux égal, plus de messages publicitaires seront délivrés.

Les écologistes sont opposés à la publicité dans l’espace public car il n’est pas possible de s’y soustraire. On peut refuser d’acheter un magazine ou de regarder une chaîne de télévision comportant de la publicité, mais l’usager de l’espace public est contraint, dans un espace qui devrait rester neutre, d’ingurgiter des dizaines de messages commerciaux à chacun de ses déplacements. Messages qui formatent les esprits, induisent des comportements, poussent à la surconsommation et au gaspillage.

Outre qu’ils défigurent la ville et son patrimoine architectural, ces panneaux sont très énergivores. On peut s’étonner du reste que la baisse de la consommation de 30 % de l’ensemble du parc, annoncée dans la délibération, soit calculée sur la base de la consommation relevée en 2004, alors que les panneaux actuels ont été installés en 2007. Peut-être faut-il y voir un effet d’annonce pour faire du chiffre sans doute un peu trompeur, à l’image de la publicité.

C’est oublier aussi que la publicité lumineuse sous forme d’écrans numériques consomme pour sa part 40 % d’énergie de plus qu’une publicité non lumineuse dite rétroéclairée. Ces panneaux lumineux numériques vont constituer pour leur part 15 % du parc total, soit 300 écrans. Quel gaspillage, alors qu’on sait que chacun de ces panneaux consomme l’énergie nécessaire pour préparer le repas d’une famille de quatre personnes pendant six mois.

Nous pensions que Paris se devait d’être une ville exemplaire au regard de ses engagements pris dans le cadre de la COP21. « JCDecaux », d’ailleurs, refuse explicitement de recourir aux énergies renouvelables arguant, je cite, pour ses panneaux « des limites technologiques et environnementales ». On peut s’étonner aussi de l’utilisation de véhicules diesel annoncés par « JCDecaux » pour l’entretien de ces fameux panneaux.

De plus, nous nous interrogeons. Ces panneaux numériques seront incorporés dans un réseau 4G pour la transition des données ainsi qu’un système bicom, des petits capteurs capables d’agir directement sur les smartphones que vous avez dans la poche.

La délibération limite, certes, ces messages intrusifs aux personnes malvoyantes afin de leur indiquer qu’un panneau se situe sur leur chemin. Il est cependant légitime de s’interroger sur la pertinence de cette technologie intrusive, capable d’envoyer des messages non sollicités sur votre smartphone et d’en connaître le contenu, un système dont se régaleraient des élus moins épris de démocratie que nous.

Enfin, et c’est sans doute ce qui fonde la conviction des écologistes à voter contre cette délibération, le contrat que vous nous proposez d’approuver et qui impose 300 panneaux numériques est contraire au Règlement local de publicité. En effet, le R.L.P. stipule, dans son article P 4-1-1, que la publicité lumineuse, notamment sur écran, est interdite sur l’espace public parisien. Cette délibération n’est donc pas conforme aux règles collectives que nous nous sommes données, le R.L.P. précisant que la publicité lumineuse est définie comme une publicité à la réalisation de laquelle participe une source lumineuse conçue à cet effet, ce qui est évidemment le cas de la technologie numérique. Sans aucun doute, les associations déposeront un recours contre cette délibération sur ce point.

Par respect du Règlement local de publicité et parce que les panneaux gaspillent l’énergie, constituent des obstacles sur les trottoirs, génèrent une pollution visuelle, car la publicité pousse à la surconsommation et manipule les esprits, nous vous invitons à rejeter cette délibération et à vous associer au vote contre préconisé par les élus du groupe Ecologiste.

Je vous remercie.

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