Les élèves d’aujourd’hui sont en attente d’un enseignement collaboratif et individualisé
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Intervention de Sandrine Mées relative à la rentrée scolaire 2015

 

Madame la Maire, mes chers collègues,

La société demande beaucoup à l’école, et Paris est tributaire de l’éducation nationale : l’Etat investit-il assez dans la réussite et l’épanouissement de tous les élèves ?

Nous déplorons pour cette rentrée la perte d’une trentaine de postes d’enseignants.  Les réseaux d’aide aux enfants en difficultés n’ont pas été reconstitués ; la scolarisation des enfants de moins de 3 ans reste l’exception. Ainsi,  on atteint parfois des effectifs de 28 élèves par classe. Or les brigades de remplacement n’ont pour l’instant  pas été renforcées. Les élèves des enseignants absents étant alors répartis dans les classes, cela augment temporairement les effectifs.

La société change, mais les normes d’effectifs par classe ne s’adaptent pas aux nouveaux besoins. Les élèves d’aujourd’hui sont en attente d’un enseignement davantage collaboratif et individualisé,   ce qui est incompatible avec des effectifs importants : je rappelle que la plupart des formations pour adultes comprennent une vingtaine de participants tout au plus.

Et ce n’est pas au moyen de la forme de fichage que constituent Base-Elèves et la Base Nationale des Identifiants Elèves (BNIE) et que l’on contribue à la réussite des élèves.

Ni en ne proposant  plus aux collégiens de toutes conditions et de toutes origines l’opportunité d’acquérir une culture linguistique et littéraire classique à travers l’étude des langues  anciennes, ou l’étude de deux langues vivantes en même temps.

Mais ce qui contribue à la réussite des élèves, ce sont d’abord les enseignants et tous les personnels, sur le terrain, aux prises avec la réalité d’aujourd’hui, dont on ne vantera jamais assez le dévouement et le rôle irremplaçable, même par une débauche d’outils numériques, qui progressent, tandis que les codes culturels et sociaux, eux, perdurent.

La société attend beaucoup de l’école publique, mais hélas les effectifs du privé ne cessent de croître. Seule une vraie politique de mixité sociale dans les quartiers, à laquelle la ville contribue amplement,  et d’investissement dans l’école publique, pourrait atténuer ce phénomène.

Les efforts de la ville sont réels en matière de moyens et de dispositifs utiles pour que les élèves bénéficient d’un enseignement de qualité.

Notamment en matière de prévention des exclusions au collège, car certains élèves exclus de leur établissement ne réussissent pas à retrouver leur voie. Sur ce volet, un travail très approfondi a déjà commencé.

Je rappellerai également les 777 professeurs de la ville de Paris qui dispensent des enseignements artistiques et sportifs aux élèves des écoles élémentaires.

Ils contribuent à ce que la richesse culturelle de la ville lumière et à ce que les atouts sportifs de notre région soient plus accessibles à tou-tes.

A l’heure où Paris est candidate pour accueillir les JO, et que l’on parle du Grand Paris, n’est-il pas dommage que les élèves de nos écoles soient privés d’une sortie à Fontainebleau, forêt située dans leur région, sous des prétextes écologiques, et en outre, sans qu’aucune alternative de transport ne leur soit proposée ?  Alors que les professeurs consacrent du temps en plus pour préparer ces sorties, c’est décourager les bonnes volontés et encourager les enseignants à ne faire que le strict nécessaire.

Car donner les moyens aux enseignants de permettre aux élèves de sortir des écoles nous semble un point crucial : les modifications d’emploi du temps liées à l’aménagement du temps scolaire rendent plus difficiles l’organisation des sortie sur une journée complète.

Les ateliers se déroulent le plus souvent dans les écoles ; alors que la découverte de leur environnement serait une source de richesse pour les enfants, dans ce temps justement qui n’est pas consacré aux acquisitions scolaires.

Dans le même registre, les classes de découverte sont nombreuses, mais hélas leur durée s’est réduite comme peau de chagrin.

De même, les moyens alloués à la rénovation des locaux sont insuffisants. La présence au budget participatif de quelques propositions ayant trait aux écoles (et notamment à l’hygiène et à la mise aux normes ) a choqué les habitants. Il n’est pas normal que notre ville laisse ce genre de besoins fondamentaux au vote du budget participatif, elle doit en décider elle-même et en assumer pleinement la charge.

Sur ce point nous savons cependant qu’Alexandra Cordebard a lancé une grande réorganisation pour permettre un meilleur fonctionnement des opérations de travaux dans les écoles.

Ainsi la ville et le département contribuent  de façon importante  à l’éducation des petits parisiens, mais peuvent renforcer leur rôle dans la découverte par les élèves  de leur environnement et assurer le progressivement une politique de rénovation et de modernisation  des locaux scolaires plus efficace. Le nouveau projet éducatif de territoire 2016 permettra de renouveler notre vision et sa mise en œuvre. Comme le disait ma collègue Aurélie Solans, la ville peut expérimenter et inventer pour faire de nos écoles, collèges et lycées des exemples de réussite de l’enseignement public, dans tous les quartiers.

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