Intervention de Christophe Najdovski relative à l’aménagement des berges de la rive droite de la Seine
Avec ce projet dont nous débattons aujourd’hui, nous signons l’Acte II de reconquête des berges de Seine, après le premier acte qui a été engagé en 2013 par Bertrand DELANOË et cette Majorité municipale.
Je voudrais, à ce titre, rappeler le succès des berges sur la rive gauche, que vous avez rappelé également, Madame la Maire. Les 4,5 hectares qui ont été rendus aux piétons en 2013, c’est plus de 4 millions de visiteurs depuis deux ans ; c’est un bilan en termes de circulation automobile et de reports de circulation automobile qui est très loin du chaos que nous annonçaient certains Cassandre. Le chaos n’a pas eu lieu, pas plus d’ailleurs qu’il n’a eu lieu sur la place de la République où certains, là aussi, dans l’Opposition s’étaient opposés à l’aménagement qui a été réalisé il y a de cela maintenant deux ans.
Ce projet de liaison entre la Bastille et la Tour Eiffel, avec une piétonisation de la berge en rive droite et un réaménagement des quais hauts, c’est un projet global qui comprend à la fois la berge basse mais également les quais hauts, avec un projet de transports en commun en site propre que nous avons lancé et pour lequel les études sont en cours, mais aussi avec la volonté de faire en sorte que, dès 2016, nous ayons des renforts de transports collectifs sur les lignes de bus existantes, de manière à pouvoir offrir une alternative supplémentaire en matière de transports collectifs.
Ce projet, c’est aussi un projet de promenade piétonne et cyclable continue sur un linéaire de plus de 7 kilomètres entre la Bastille et la Tour Eiffel, qui s’inscrit d’ailleurs dans un cadre plus large de liaison entre les deux bois, en passant par les berges de Seine.
Les objectifs, quels sont-ils ?
Il s’agit, tout d’abord, de faire bénéficier, bien entendu au plus grand nombre et en particulier aux personnes à mobilité réduite, d’un espace de respiration en cœur de ville, qui permet de retrouver un lien fort avec le fleuve.
Faut-il rappeler, d’ailleurs, le succès, non démenti maintenant et que l’on retrouve chaque année, de « Paris Plage » depuis 2002, chaque été mais aussi de « Paris Respire » tous les dimanches et tous les jours fériés sur la voie expresse en rive droite ?
Il s’agit aussi de renforcer le corridor écologique que représentent la Seine et les berges et nous travaillerons d’ailleurs, avec notre collègue Pénélope KOMITÈS, sur l’aspect de la végétalisation de ces espaces, conformément d’ailleurs aussi aux visuels qui ont été présentés lors du lancement de la concertation.
Il s’agit, bien entendu, aussi de soutenir et de développer les activités économiques, notamment en utilisant la voie d’eau, de proposer des activités sportives, culturelles, touristiques, citoyennes autour de l’économie sociale et solidaire, bref, de développer une nouvelle ville sur ces berges qui sont la ligne de vie de Paris.
C’est la concertation, d’ailleurs, que nous lançons aujourd’hui qui nous dira quelles sont les activités économiques que nous pourrons développer.
J’entends l’opposition nous dire que notre projet serait, entre guillemets, « cheap », qu’il serait donc bas de gamme parce que nous investissons 8 millions d’euros dans le réaménagement des berges de Seine. D’ailleurs, l’Opposition, qui n’est pas à une contradiction près, nous parle d’argent gâché et jeté par les fenêtres, avec les aménagements qui ont été réalisés en 2012.
Mais ce que nous projetons est tout à fait cohérent et tout à fait complémentaire des aménagements qui ont été réalisés en 2012 et je trouve qu’il y a quand même une certaine contradiction à parler d’argent jeté par les fenêtres quand on propose un projet à 60 millions d’euros pour créer de nouvelles rampes automobiles.
Le projet que nous proposons à la concertation publique prévoit deux scénarios, à partir desquels les Parisiens, mais aussi les Franciliens pourront s’exprimer.
Un premier scénario propose une fermeture à la circulation automobile du tronçon central de la voie expresse sur un linéaire de 1,5 kilomètre entre le Châtelet et le pont de Sully.
Un second scénario, plus ambitieux, propose une fermeture totale à la circulation automobile sur 3,3 kilomètres entre le tunnel des Tuileries et le tunnel Henri IV, en comprenant ces tunnels, pour une surface totale de 4,5 hectares qui serait rendu ainsi aux Parisiens.
Cette concertation se fera à l’échelle des arrondissements concernés, puisque nous proposons qu’il y ait au moins cinq réunions publiques, plus une réunion de concertation métropolitaine, car nous sommes sur un projet de dimension métropolitaine.
Je trouve qu’il y a, là aussi, une contradiction entre le fait de demander une concertation supplémentaire dans le vœu de l’UMP, vœu de l’UMP qui arrive en séance et qui ne laisse précisément pas le temps au débat. Il y a une contradiction demandée de la concertation supplémentaire, tout en déposant un vœu en séance qui ne laisse pas cette place au débat.
Je voudrais rappeler par rapport à l’appel à projets que vous souhaitez que nous lancions, que Jean-Louis MISSIKA a lancé un appel à projets sur l’axe Seine et les canaux dans le cadre d’une réflexion engagée sur un projet qui implique à la fois Paris, Rouen et Le Havre, ainsi que des villes du Grand Paris. Ce projet posera concrètement la question du traitement de la continuité de la berge sur tout le linéaire parisien.
J’entends aussi des préventions, des remarques concernant les reports de trafic.
Je voudrais dire à M. LEGARET que lorsqu’il y a eu la piétonisation de la berge en rive gauche, nous étions à des chiffres qui étaient de l’ordre de 1.300 à 1.400 véhicules par heure à l’heure de pointe. Vous avez cité le chiffre de 3.500 véhicules pour ce qui est de la rive droite. Mais c’était avant l’aménagement qui a été réalisé en 2012. Depuis cet aménagement, les chiffres de circulation ont diminué de 25 % sur la berge en rive droite. Nous sommes aujourd’hui sur des volumes de circulation similaires à ceux de la rive gauche et qui nous permettent justement de pouvoir engager cette deuxième phase, qui est complémentaire à ce premier aménagement réalisé à l’été 2012.
Par ailleurs, je ferai remarquer que la recherche académique montre maintenant que lorsqu’il y a une diminution de l’offre de voie rapide, cela entraîne une diminution de la demande de déplacements automobiles. Je vous invite à regarder ce qui se passe ailleurs, à New York, à San Francisco, à Séoul. Ces villes ont supprimé purement et simplement des autoroutes urbaines en plein cœur de ville, sans créer le chaos, bien au contraire. Ces aménagements ont même redonné vie à des lieux totalement délaissés.
Notre projet est un projet de reconquête de l’espace pour les piétons, mais c’est aussi un projet de requalification des quais hauts. C’est un projet global qui comprend les berges basses, le fait de retrouver le lien avec la Seine, mais aussi la requalification des quais hauts sur lesquels nous développerons une nouvelle offre de transport en commun à haut niveau de service, mais aussi le réaménagement des quais avec le réseau express vélo que nous avons présenté le mois dernier au Conseil de Paris, ainsi que notre volonté de supprimer le trafic de transit dans le Centre de Paris.
Là aussi, je voudrais dire deux mots du contre-projet proposé par l’opposition. Mme KOSCIUSKO-MORIZET a parlé de la Seine en disant que c’était la plus belle artère de Paris. Oui, c’est la plus belle avenue de Paris, la Seine. Mais votre projet, Madame KOSCIUSKO-MORIZET, précisément, oublie ce lien avec le fleuve ou, en tout cas, vous proposez un lien très minime sur deux petits tronçons. Pourquoi, dans ce cas, vouloir garder une autoroute urbaine au bord de l’eau ? Pourquoi refuser au plus grand nombre d’en bénéficier ? On a l’une des plus belles vues de Paris au bord de la Seine sous les ponts de Paris. Pourquoi vouloir refuser cela au plus grand nombre ?
Face à un projet qui, finalement, n’ose pas, face à un projet qui est illisible, qui n’ose pas remettre en cause l’autoroute urbaine que constitue la voie expresse sur les berges, qui en voulant ménager à la fois le maintien d’une autoroute urbaine en cœur de ville avec la volonté légitime de requalification des berges et des quais hauts évite de choisir et ne tranche pas, face à vos contorsions, nous défendons au contraire le Paris qui ose, le Paris qui ose piétonniser les berges de la rive droite, le Paris qui ose requalifier les quais hauts, le Paris qui ose retrouver un lien avec la Seine, le Paris qui ose inventer une nouvelle façon de vivre avec le fleuve, le Paris qui ose une nouvelle façon de vivre la ville.
Mes chers collègues, je vous invite donc à oser ensemble la reconquête des berges de la Seine.
Merci.