Intervention de Christophe Najdovski relative au plan vélo 2015-2020
Je veux remercier l’ensemble des oratrices et des orateurs pour les interventions très diverses, très variées et très fournies qui viennent d’être exprimées.
Je voudrais dire que le Plan Vélo que j’ai l’honneur de présenter aujourd’hui devant notre assemblée est le fruit d’une concertation qui est menée depuis un an. Plusieurs étapes ont marqué l’élaboration de ce plan.
Tout d’abord, il y a eu une concertation avec les représentants des usagers du vélo à Paris dans le cadre du Comité vélo parisien avec, je tiens à le signaler, la participation active de la Préfecture de police et de la R.A.T.P., qui sont parties prenantes de manière permanente de ce Comité vélo.
Cela a aussi été une phase d’échanges avec chaque mairie d’arrondissement pour recueillir les priorités locales, et je remercie les mairies de la majorité comme de l’opposition d’avoir réuni, soit des comités vélo, soit des comités déplacements, soit des conseils de quartier pour, là encore, faire part des propositions qui émanaient du terrain et qui ont permis aux habitants de venir échanger en direct sur ces enjeux.
Le Plan Vélo et la concertation, c’est également une consultation citoyenne sur Internet qui a permis à 7.004 usagers de la voirie parisienne de pouvoir s’exprimer, dont un quart de non-Parisiens, et il était aussi important de pouvoir élargir l’élaboration du Plan Vélo à des usagers qui ne sont pas des habitants de Paris.
Cela a été également l’appel à contributions des groupes politiques. Je remercie les groupes UMP et UDI-MODEM de nous avoir remis une contribution écrite. Je remercie également les groupes de la majorité avec lesquels j’ai pu échanger en amont du Conseil de Paris, et dont les remarques et suggestions de chacun des groupes de la majorité comme de l’opposition ont pu enrichir le projet.
Je voudrais insister également sur l’investissement inédit que représentent ce Plan Vélo et ses 150 millions d’euros qui vont être investis de 2015 à 2020, ce qui représente presque 10 % de l’investissement en matière de transports.
Je veux vous remercier, Madame la Maire, d’avoir fait ce choix budgétaire et financier extrêmement fort, qui permettra d’ancrer le vélo comme mode de déplacement à part entière.
Je rappelle aussi que le vélo, c’est le mode de déplacement urbain qui a la meilleure efficacité énergétique et en cette année de COP 21, c’est important de le préciser.
Il est important aussi de préciser, bien entendu, que le développement massif des déplacements à vélo sera aussi un instrument puissant de lutte pour l’amélioration de la qualité de l’air.
Alors, ce Plan Vélo prend bien évidemment en compte à la fois les attentes et les besoins qui ont été recueillis. Je reviendrai rapidement sur les priorités que vous avez déjà énoncées, à savoir garantir la sécurité, non seulement en termes d’aménagements, mais aussi en sensibilisant les différents usagers ; permettre la rapidité des déplacements ; faciliter et sécuriser le stationnement. C’est la raison pour laquelle, à travers ce plan, nous allons élaborer un réseau principal, dont un réseau express vélo, le R.E.V., qui viendra mailler la capitale. Il sera complété de trois rocades ainsi que d’un réseau complémentaire auxquels viendront s’ajouter aussi les doubles-sens cyclables dans les zones 30. C’est donc l’ensemble de ce maillage qui constituera le réseau cyclable de Paris et de la capitale d’ici 2020.
Nous voulons également traiter les coupures urbaines que représentent les places, les portes et les ponts. Je préciserai d’ailleurs à cet égard que la place de l’Etoile et la place de la Concorde seront bien évidemment traitées dans le cadre de ce plan. Nous pouvons y revenir, notamment en réponse à un certain nombre de vœu exprimés.
Par ailleurs, pour la première fois, la région Ile-de-France, dans le cadre du contrat de plan entre l’État et la Région, va consacrer une enveloppe de 10 millions d’euros au développement du vélo en Ile-de-France, et nous solliciterons bien évidemment l’appui financier de la Région pour le traitement de ces coupures urbaines, et notamment au niveau des portes de Paris, dans la perspective du développement d’un réseau métropolitain.
Nous travaillons évidemment aussi à la question des vélo-stations, de l’intermodalité avec le dispositif Véligo, en partenariat avec la S.N.C.F. et la R.A.T.P.
Nous voulons évidemment aussi développer le stationnement sécurisé. 10.000 places supplémentaires seront déployées sur voirie mais nous aurons aussi des box sécurisés qui seront également déployés sur la voirie. Nous voulons travailler notamment avec la Préfecture de police à des opérations de communication et de sensibilisation des différents usagers de l’espace public pour que celui-ci soit partagé et que les règles soient respectées par tous les usagers : cyclistes comme autres usagers.
Par ailleurs, nous souhaitons développer une culture du vélo à Paris avec notamment l’apprentissage dès le plus jeune âge pour inciter et favoriser toutes les initiatives, notamment de vélo-école. Elles permettront, en relation avec les établissements scolaires, pourquoi pas, et ma collègue Alexandra CORDEBARD, de pouvoir aussi utiliser un certain nombre de sites dans Paris pour pouvoir, avec les associations, développer ce type de projets.
Nous voulons également travailler à la question des ateliers de réparation. Là aussi, c’est favoriser toutes les initiatives d’ateliers associatives qui foisonnent actuellement.
Puis, c’est travailler aussi sur le levier de l’aide à l’achat : nous élargissons l’aide existante au vélo assistance électrique et au vélo cargo. Nous pérennisons aussi l’aide, avec une délibération pour l’aide à l’achat de vélo-assistance électrique, en direction des personnels de la Ville. Il est important aussi que la Ville, en tant que collectivité et employeur, puisse inciter ses personnels à se déplacer à vélo.
Enfin, un dernier volet concerne le cyclotourisme. Nous avons la chance d’avoir à Paris deux bois, qui sont aussi des supports pour pouvoir découvrir un certain nombre de sites remarquables et parfois peu connus à vélo dans les bois.
Je veux remercier aussi l’ensemble des partenaires qui ont permis l’élaboration de ce projet.
C’est, bien entendu, les services de la Direction de la voirie et des déplacements, mais aussi, comme je le disais tout à l’heure, les mairies d’arrondissement qui ont été partie prenante de la concertation.
Ce sont les groupes politiques, comme je l’ai dit tout à l’heure, la Préfecture de police avec laquelle nous travaillons évidemment. Nous allons continuer le travail, puisqu’aujourd’hui c’est finalement une étape et un début, car c’est le début d’un travail de réalisation.
La R.A.T.P. nous a aussi fait part de sa contribution.
Le Conseil parisien de la jeunesse, avec lequel nous avons aussi travaillé, fait état d’un certain nombre de propositions, que nous reprenons d’ailleurs dans le vœu de l’Exécutif.
Puis, c’est bien évidemment la Région Ile-de-France, qui est aussi un partenaire important pour ce qui concerne les cofinancements de ces projets.
Je voudrais maintenant répondre aux nombreux vœux et amendements qui ont été déposés. Evidemment, je ne pourrai pas répondre en détail à chacun d’entre eux, d’autant que certains de ces amendements ou vœux contiennent plusieurs demandes, dont certaines sont déjà envisagées, tandis que d’autres nécessitent des études plus approfondies.
C’est la raison pour laquelle, en termes de méthode, nous proposons un vœu de l’Exécutif qui répond à l’ensemble des besoins qui méritent d’être explicités ou approfondis. Nous avons, par exemple, trois amendements des élus du groupe UMP qui concernent l’évolution de la subvention pour l’achat de vélos. Le vœu de l’Exécutif précise en réponse que cela soit étudié pour les vélos et équipements cyclistes destinés aux vélos aux personnes à mobilité réduite. Nous sommes d’accord sur ce point.
De même, nous proposons une solution sur le marquage Bicycode proposé par l’amendement n° 4. La Maison du vélo le fait pour un tarif très raisonnable de quelques euros.
Nous ne pouvons, en revanche, pas répondre favorablement à l’amendement n° 5 de l’UMP, puisque cela reviendrait à multiplier les subventions pour chaque ménage. Par contre, pour ce qui est des propositions relatives à l’indemnité kilométrique, qui sont évidemment très intéressantes, nous proposons de les reprendre dans le vœu de l’Exécutif.
Pour ce qui concerne l’amendement n° 6 de M. LEGARET sur l’axe Rivoli, nous émettrons un avis défavorable, parce que nous sommes dans un schéma de réduction de la circulation automobile, en particulier dans le centre de Paris, et donc nous devons travailler à l’amélioration, à la fois de la desserte cyclable tout en étant dans un schéma de réduction de la circulation, notamment de transit dans le centre de Paris. Cela, je pense, Monsieur le Maire, vous serez aussi soucieux que nous de cet objectif de la réduction du transit automobile en passant par le centre de la capitale, et la rue de Rivoli en particulier.
Pour ce qui concerne le vœu n° 7 de François VAUGLIN, maire du 11e arrondissement, nous y souscrivons et cela va dans le sens de ce que nous souhaitons mettre en œuvre. Nous donnerons un avis favorable.
Mmes GALLOIS et GATEL, pour les groupes UDI-MODEM, et M. WEHRLING demandent qu’un contresens cyclable, rues de Presbourg et de Tilsitt, soit prévu dans le Plan Vélo. C’est déjà le cas mais nous donnerons un avis favorable à ce vœu puisqu’il est déjà prévu dans le cadre de l’aménagement du Plan Vélo.
Vous souhaitez dans votre vœu n° 15, toujours pour le groupe UDI-MODEM, qu’il y ait un aménagement cyclable place de la Concorde. Nous vous proposons un amendement qui précise les choses et je souhaite que nous puissions l’adopter ensemble.
Pour ce qui concerne le franchissement des places, qui fait l’objet d’un vœu spécifique des mêmes signataires, vœu n° 14, nous proposons le retrait car la création d’itinéraires cyclables sécurisés entrera bien évidemment dans le programme d’aménagement des grandes places. Nous préciserons, dans le vœu de l’Exécutif, que l’aménagement des itinéraires vélos sera clairement présenté lorsque les projets d’aménagement des places seront élaborés et soumis à la concertation.
Deux vœux posent la question du lien de Paris avec les aménagements des communes limitrophes de la Région. Nous prenons l’engagement, dans le vœu de l’Exécutif, d’interpeller le Gouvernement sur l’opportunité de la mise en place d’un dispositif fiscal pour financer les aménagements cyclables en Ile-de-France, en réponse au vœu du groupe Communiste – Front de Gauche.
Je précise, comme je le disais tout à l’heure, que le contrat de plan Etat Région comprend désormais aussi un volet circulation douce, certes insuffisant mais sur lequel nous pourrons malgré tout nous appuyer.
Le vœu n° 19 des élus UDI-MODEM demande que les portes de Paris soient aménagées de façon à créer une continuité avec les communes limitrophes. C’est un objectif du Plan Vélo et nous le reprécisons dans le vœu de l’Exécutif.
Le vœu n° 9 de l’UMP a trait à l’intermodalité et aux déplacements domicile travail en vélo. Nous proposons dans le vœu de l’Exécutif de nous placer dans le sillage de la loi de transition énergétique, qui prévoit notamment l’indemnité kilométrique vélo que la Ville s’engage à mettre en œuvre pour ses salariés, en complément du passe Navigo.
Je précise que la loi TPE prévoit également des incitations fiscales pour les entreprises qui favorisent le vélo. Cela d’ailleurs relève davantage de l’évolution législative que d’une politique municipale.
Les déplacements domicile travail en vélo font également l’objet d’un vœu des élus UDI-MODEM sur la proposition de promotion d’un vendredi à vélo. Cette proposition est intéressante et nous vous proposons, avant de nous engager plus en avant, d’étudier les modalités de sa mise en œuvre. C’est la raison pour laquelle nous le reprenons dans le vœu de l’Exécutif.
Sur le stationnement sécurisé, nous prévoyons dans le Plan Vélo de créer des vélo-stations dans les gares et de soutenir le programme Véligo mis en œuvre par le S.T.I.F.
Toujours concernant le stationnement, nous souscrivons à la demande du Conseil parisien de la jeunesse de renforcer les implantations à proximité des établissements scolaires et universitaires.
Par ailleurs, plusieurs vœux, les vœux n° 11 de l’UMP et n° 20 de l’UDI-MODEM, mais également l’avis du Conseil parisien de la jeunesse ont trait aux opérations de sensibilisation et de communication à mettre en œuvre, notamment en partenariat avec la Préfecture de police. Cela entre dans nos objectifs et nous le reprécisons dans le vœu de l’Exécutif. Il s’agit de sensibiliser tous les usagers de la rue et les scolaires à la pratique cycliste.
La sécurité à vélo est en effet notre priorité et il est essentiel de rappeler les enjeux de sécurité liés au respect du code de la rue, du code de la route et du partage de l’espace public. Nous veillerons, avec la Préfecture de police, à ce que la verbalisation des comportements nuisant à la sécurité des cyclistes soit renforcée.
Deux vœux, les vœux n° 12 de l’UMP et 20 de l’UDI-MODEM sont relatifs à la petite ceinture. Nous proposons dans le vœu de l’Exécutif qu’il soit possible de faire du vélo sur certaines portions de la petite ceinture, en cohabitation et en compatibilité avec les autres usages de la petite ceinture, et sous réserve de la préservation de la biodiversité.
Concernant les bois, et notamment le bois de Boulogne, nous envisageons, comme le groupe UMP le propose, d’y développer les stations Vélib’. Nous émettons un avis favorable à ce vœu avec un amendement, compte tenu des spécificités des bois, puisque nous sommes soumis à l’avis de la Commission des sites et nous devons également assurer la question du raccordement électrique, ce qui prendra un peu de temps.
Pour ce qui concerne l’entretien des pistes cyclables qui fait l’objet du vœu n° 16 des élus UDI-MODEM, nous vous proposons un amendement de manière à pouvoir l’adopter.
Enfin, concernant le dispositif P’tit Vélib’ et le vœu déposé par Mme SIMONNET, nous souhaitons privilégier la gratuité mais nous attendons une expertise juridique, sur un sujet qui est loin d’être simple aujourd’hui, et nous proposerons très rapidement, je le pense au Conseil de Paris du mois de mai, un nouveau montage, de façon à reconduire l’opération P’tit Vélib’ à l’été 2015.
Je voudrais en conclusion, Madame la Maire, si vous me le permettez, terminer par une note poétique, en citant l’écrivain Didier TRONCHET qui a écrit il y a quelques années un « Petit traité de vélosophie ». Il nous dit que le bonheur est sur la selle. Je me permettrai de le citer et de terminer mon intervention par cette citation, je le cite : « L’alternance régulière pied gauche, pied droit qui engendre la rotation tranquille, voire pépère, du pédalier n’est pas sans rappeler le va-et-vient du pendule et ses vertus hypnotiques, car peut-être s’agit-il aussi d’hypnose quand le tic-tac métronomique des moyeux et le mouvement de pompe alternative des genoux entraîne le vélo vers l’avant et son passager dans un état d’apaisement, entre veille et rêve, entre sol et ciel. »