Construire la résilience de Paris
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Intervention de Jérôme Gleizes relative aux orientations budgétaires 2015

Ce débat d’orientation budgétaire permet aux écologistes de donner leur vision d’un budget dans un contexte économique difficile. Nous avons tout d’abord une autre relation au temps qui n’est pas facilité par la technique budgétaire de la comptabilité publique. Comment intégrer le temps long de la crise écologique dans le temps court du budget. Pour illustrer cela, prenons l’exemple des fluides (consommation d’eau, d’électricité, de gaz et de carburants), dépenses qui pour rappel pèsent pour plus de 60 millions d’euros dans notre budget.

Comment lier les investissements d’aujourd’hui qui permettent de réduire les dépenses de fonctionnement de demain ? Comment intégrer une consommation en valeur avec un prix de l’énergie fossile qui va aller croissant avec l’épuisement des recettes ? Pour cela, il faut avoir des informations qui permettent de connaître les consommations en volume pour pouvoir les réduire effectivement. Pour rappel, nous avons réduit notre consommation en eau depuis que nous sommes passés en gestion municipale. Nous devons en faire autant pour tous les fluides.

Nous avons eu hier la visite de Rob Hopkins, l’un des théoriciens des villes en transition. Nous devons construire la résilience de Paris, sa capacité de répondre aux crises écologiques, énergétiques et économiques. Cela doit être l’axe directeur de nos politiques publiques. De consommateur, la ville doit devenir producteur. Le meilleur exemple est ici la production d’énergie. La première des relocalisation, c’est celle de l’énergie. Il faut utiliser le patrimoine de la ville pour installer des panneaux photovoltaïques, voir des éoliennes, l’eau usée comme le fait Eau de Paris et éviter les fausses solutions comme la valorisation dite énergétique des déchets dans de grands incinérateurs comme les écologistes le dénoncent au SYCTOM. Je ne reviens pas sur mon intervention du dernier conseil sur les Délégations de Services Publics et le fait que la ville et les collectivités territoriales soient de meilleurs gestionnaires de l’usage et de la production des biens communs que des entreprises privées. Dans cette logique, céder 200 millions d’actifs immobiliers est outre une erreur budgétaire, vaut mieux réfléchir à des baux emphytéotiques, une erreur stratégique si on veut assurer une transition écologique de la ville.

De même, dans une logique écologique, considérer la masse salariale comme un budget à stabiliser est une mauvaise manière d’appréhender la question des moyens humains, uniquement à travers le coût du travail. Il faut mesurer l’apport du travail par les économies qu’il apporte. Externaliser un service peut souvent s’avérer plus coûteux que le faire en interne ou une manière détournée de transférer la responsabilité sociale de la Ville à des entreprises qui maltraitent leurs salariés. La transition écologique ne peut passer que par plus de lien social et moins de capital. Malheureusement, ce n’est pas dans la même ligne comptable du budget ! Et souvent les élus manquent d’éléments pour juger sereinement du bon choix.

Un autre sujet qui nous distingue, c’est la vision stratégique de la ville. Pour nous, il ne faut pas prôner la concurrence des territoires que cela soit à l’échelle francilienne ou à l’échelle mondiale mais la coopération des territoires. Nombre de nos dépenses à travers les subventions n’ont pour objet que d’attirer des capitaux au détriment de nos voisins franciliens. Pourtant, si j’utilise les concepts du monde de l’entreprise, Paris bénéficie d’un bon goodwill, c’est-à-dire d’une survaleur due à l’histoire de Paris, à son image ancrée de Capitale historique, à ses investissements passés qui font de Paris, la première destination touristique mondiale et la place dans le haut de nombreux classements internationaux.

Si le chômage a diminué à Paris, ce n’est pas parce qu’on soutient tel ou tel secteur économique mais parce qu’on a investi plus d’un milliard par an depuis 2001. Les autres subventions ne sont que des effets d’aubaines, c’est-à-dire que les entreprises les auraient de toute façon financés. Par contre, les subventions que la Ville verse au secteur de l’économie sociale et solidaire, les points jeunes, ceux d’accès aux droits, les centres sociaux, etc. à tout le tissu associatif parisien, sont un soutien indirect à l’emploi parisien, qui évitent de nombreux licenciements. Un emploi sur six serait menacé au sein des associations, qui comptent 1,8 million de salariés en France, selon le Collectif des associations citoyennes. Une destruction sans précédent du tissu associatif est en cours !

Julien, si tu veux des arbitrages, tu comprendra les nôtres : pas de grands projets inutiles, soutien au tissu associatif et il n’y aucune inquiétude sur le départ des capitaux étrangers. Nous voulons tous la même qualité de vie, parisiennes et parisiens ou non.

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