Travail du dimanche: le reniement de trop ?
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Tribune à lire sur le Huffington Post

« Le combat de 2012, c’est de préserver le principe du repos dominical, c’est-à-dire de permettre aux travailleurs de consacrer un jour de leur semaine à leur famille, au sport, à la culture, à la liberté. Et j’y veillerai ! » François Hollande, avril 2012.

« Il faut simplifier le travail le dimanche et en soirée à trois conditions : volontariat, accord majoritaire et compensation de salaire. » Emanuel Macron, 15 octobre 2014

 

En voulant banaliser le travail du dimanche dans les zones touristiques, le gouvernement procède à un nouveau reniement. Le reniement de trop ?

Depuis des années, les partisans du laisser-faire concernant le travail du dimanche, dont fait partie maintenant l’actuel gouvernement font miroiter un gain pour la croissance. Ils raisonnent comme si le chiffre d’affaire en plus qui serait réalisé le dimanche viendrait en addition du chiffre d’affaire réalisé les autres jours de la semaine. Selon le ministre de l’économie et des finances, ce cadeau à quelques entreprises et grands magasins peut « libérer les énergies et s’attaquer aux  trois maladies françaises : la défiance, la complexité et le corporatisme ». Et ces grands groupes de faire monter les enchères en termes d’emplois créés sans citer d’étude sérieuse pour étayer ces chiffres.

Et depuis des années, nous attendons toujours que les partisans du travail le dimanche démontrent avec des chiffres et des arguments solides le bénéfice d’une telle révolution sociale et sociétale. Dernier apparu des arguments en faveur de la banalisation du travail le dimanche à Paris, la fuite supposée des touristes qui, nous dit-on, seraient légion à quitter Paris pour faire du shopping à Londres le dimanche, reste encore à prouver.

Et étant donné le climat économique, entre chômage record et pouvoir d’achat en berne, on ne voit pas ce qui pousserait les parisiens et plus généralement les français à dépenser plus. Ils ne manquent pas de temps pour dépenser, ils manquent d’argent, ce que cette réforme ne traitera pas.

Actuellement 29% des salariés travaillent occasionnellement le dimanche. Ils ne sont que 7 % à le faire habituellement. Mais on oublie bien vite que le commerce n’est qu’un moyen au service d’une fin qui le dépasse, la condition humaine. Le travail du dimanche, c’est une inversion des priorités effarante, la prise de pouvoir du marchand et du commerce sur la vie de famille, le vivre ensemble – des enjeux qui leur sont pourtant infiniment supérieurs. La possibilité d’acheter tous les jours de la semaine et à toute heure n’est pas une liberté supplémentaire, mais une forme d’assujettissement aux biens de consommation que les écologistes récusent.

Conserver dans le code du travail la mention que le repos hebdomadaire est donné le dimanche, c’est garantir aux citoyens qu’ils seront une majorité à avoir le même jour de repos, car la vie sociale et familiale nécessite une coordination des emplois du temps, peu compatible avec la généralisation du travail dominical.

Enfin, reste la question des zones touristiques à Paris, qui sont soumises à une réglementation moins stricte en matière de travail dominical. Pour les écologistes, il est très dangereux de vouloir toucher à ces zones, pour les agrandir ou pour en augmenter le nombre. Mettre le doigt dans cet engrenage, c’est accepter la logique de concurrence des quartiers parisiens et rentrer dans une logique de dumping social des territoires. Les salarié-e-s des grands magasins ne s’y trompent pas et se mobilisent contre cette logique. Ne nous trompons pas, c’est bien à leurs côté que la gauche et les écologistes ont leur place.

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