Intervention d’Anne Souyris relative à la rentrée scolaire 2014
Madame la Maire, mes chers collègues, mon intervention n’a de fait qu’un seul objectif : faire de Paris le fer de lance d’une école de la justice sociale.
Notre école va mal, et nous voici chaque année selon l’étude européenne PISA, chaque fois un peu plus champion en matière d’inégalités. Son système en laisse beaucoup sur le bord de la route puisque seuls 22 % des jeunes les plus défavorisés confinent à l’excellence, contre 26 % en moyenne dans l’OCDE et contre plus de la moitié dans les pays asiatiques.
Certains pays – l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et la Turquie – ont su eux, en 10 ans, améliorer l’équité sociale de leur système scolaire ; la France, pas, bien au contraire.
Un chiffre qui vaut à la France le titre réputation de pays le plus inégalitaire de l’OCDE !
Cette année encore, malgré le projet de refonte de l’école qu’annonçait M. PEILLON lors du premier Gouvernement HOLLANDE, l’école française souffre de ses inégalités, et surtout ses élèves. À Paris comme ailleurs, les inégalités sont criantes. Et au vu de tous les indicateurs, la réforme telle qu’elle a été amorcée par les seuls rythmes scolaires n’a rien pu faire malgré les efforts notables de la Ville.
Car pour que les choses changent, il faudrait que l’école devienne une seule communauté éducative avec tous ses acteurs : parents, enseignants, animateurs, agents, parce qu’il faudrait que les programmes soient revisités, parce qu’il faudrait enfin qu’il y ait des projets pédagogiques adaptés à chaque lieu, parce qu’on ne peut pas faire de l’égalité sans des différences de moyens.
Dans les zones ultra Z.E.P. de Paris, les situations sont comme jamais : enseignants seuls et de facto résignés à un système qui ne prend ni les élèves ni eux-mêmes en considération, classes sociales et culture parfaitement homogène – pas un seul enfant issu de classe sociale moyenne ou supérieure dans le public -, des manques chroniques d’AVS, c’est-à-dire les accompagnateurs d’enfants handicapés ; le principe de plus de maîtres que d’écoles, qui reste épiphénoménal.
Et que dire des ARE dans ce contexte ?
Au fond, peu de choses ; dans une période de pénurie, ils ont pour l’instant apporté de la culture et de l’ouverture principalement là où cela préexistait.
La concertation éducative n’est pas à la mesure de l’enjeu, loin s’en faut, pour des raisons ancestrales dans l’école française, raisons auxquelles il nous faut encore travailler.
Or, c’est de la continuité éducative de l’enfant dont il est question, et les nouveaux rythmes nous imposent un peu plus encore d’y réfléchir.
Donc, oui, Paris a eu une rentrée sans heurts ; nous nous en félicitons, bien sûr, mais on ne peut malheureusement pas s’en contenter ni désespérer, bien au contraire. Car si la situation est ainsi, si notre système scolaire doit être vu à l’aune de ceux qui ont tordu le cou aux inégalités – pensez à la Finlande et à l’Asie -, la plupart de nos enseignants éducateurs, quels qu’ils soient, sont conscients de cette situation et se situent dans une vraie volonté d’efficacité et de progression.
C’est dans ce sens que nous avions proposé en juin un vœu pour expérimenter de nouveaux formats d’agencements scolaires et périscolaires, notamment pour l’école maternelle, vœu adopté par la majorité, et qu’aujourd’hui nous appelons de nos vœux une vraie remise à place collective de la situation scolaire à Paris en partant de chaque établissement pour pouvoir ensemble y répondre concrètement.
C’est une urgence si nous voulons vraiment faire de Paris une nouvelle capitale européenne de l’égalité. C’est une nécessité pour que tous les enfants aient leurs chances.
Mais je laisse la parole à ma collègue Aurélie SOLANS et vous remercie de votre attention.