Rentrée scolaire : priorité à la lutte contre les inégalités
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Intervention d’Aurélie Solans relative à la rentrée scolaire 2014

Monsieur le Maire, mes chers collègues, comme Mme SOUYRIS l’a évoqué, il a manqué à l’appel encore un certain nombre de moyens à nos écoles parisiennes en cette rentrée 2014. Ce constat, nous l’avons fait après notamment de nombreuses rencontres avec des acteurs de la communauté éducative, y compris les parents.

Citons, pour ce qui est de la compétence de l’Etat, des postes d’enseignants non pourvus le jour J ou encore, par exemple, dans mon arrondissement, le 19e, une fermeture de classe non prévue au deuxième jour. La carte scolaire pourrait être mieux préparée pour la rentrée prochaine avec l’Education nationale et en particulier les mairies d’arrondissement qui doivent être mieux concertées et dans des meilleures conditions.

Citons aussi les réseaux d’aide aux enfants en difficulté, les R.A.S.E.D., qui sont toujours sous-dotés, notamment en maternelle où, même en Z.E.P., ils sont beaucoup trop absents.

Mais aussi de notre côté, à la Ville, il manque encore des postes de R.E.V., les Responsables Educatifs Ville, pour pourvoir à tous les postes et arriver a minima à un R.E.V. par établissement de grande taille ou dans des secteurs d’éducation prioritaire et, à terme, à un R.E.V. par école.

Le remplacement des animateurs pose problème. Les interventions des associations dans les écoles nécessitent d’être mieux articulées et concertées avec les équipes d’animation.

Globalement, nous avons, bien sûr, constaté une rentrée apaisée à Paris, en comparaison avec la rentrée 2013. L’organisation de l’A.R.E. n’est plus nouvelle pour les équipes et les habitudes se sont installées.

Mais, et Mme SOUYRIS l’a déjà dit avant, ne nous arrêtons pas là dans l’expérimentation de nos nouveaux rythmes scolaires. Après un an de vécu, de tâtonnements et de réajustements, des évaluations et surtout désormais une mise en place qui prend des formes très différentes partout en France, nous devons réinterroger nos modèles en confrontant nos réponses à celles d’ailleurs, avec une attention particulière pour la maternelle. Repartons des objectifs : la continuité pédagogique, des temps plus respectueux de l’enfant et de ses besoins, vers de meilleures conditions d’apprentissage, une ouverture sur une plus grande palette d’activités.

La semaine du petit écolier parisien pourrait gagner en cohérence, en particulier pour celui dont le temps de présence à l’école équivaut à presque 50 heures par semaine. Nous devons pouvoir nous appuyer sur des équipes d’animation stables, solides, avec a minima 100 % de personnes ayant le B.A.F.A., ainsi que des R.E.V. et des cadres qualifiés. Le plan de formation en cours d’élaboration, que nous saluons, doit être ambitieux, mais aussi le recrutement doit être rigoureux.

Les sorties.

Pour les sorties, le bilan est mitigé, avec des enfants qui sortent moins qu’avant le mercredi, puisque le centre de loisirs ne commence qu’à 13 heures 30. Des sorties sur les temps de l’A.R.E. ont bien lieu mais sont très limitées, car sur un temps très court. Globalement, cette question appelle des solutions de réorganisation, pour permettre aux enfants les plus assidus au temps périscolaire une ouverture sur l’extérieur.

La complémentarité des temps scolaires et périscolaires est encore floue et nécessite que l’on s’y penche tout particulièrement.

De ce point de vue, les réflexions sur l’aménagement de l’espace et sur l’architecture des écoles sont des éléments de réponse essentiels, pour permettre que cohabite une palette d’objectifs pédagogiques en fonction des temps : le temps de l’enseignement, le temps de pause et de loisirs, de motricité aussi, de découverte, de culture et d’expérience. Trouvons des pistes architecturales pour dessiner une école de l’avenir et renouveler les pédagogies.

Pour ce qui est du contenu des ateliers de l’A.R.E., les inégalités territoriales, pointées notamment parce le rapport d’I.C.C. de juin dernier, retiennent notre attention. Les quartiers défavorisés en équipement, en possibilités de sortie doivent avoir des moyens plus adaptés, avec la mise en place de projets spécifiques. Les activités comme le théâtre et la musique doivent être adaptées dans leur pédagogie aux enfants de ces quartiers défavorisés et ainsi permettre une véritable ouverture culturelle, terreau de réussite scolaire, à tous les petits Parisiens.

Le choix des ateliers par les enfants retient aussi notre attention. Nous savons qu’un travail important a été mené sur cette question. Il doit être, de notre point de vue, poursuivi, affiné, notamment du point de vue de la mixité des activités : mixité sociale, mixité de genre. Là encore, l’enjeu de l’égalité d’accès à une grande palette d’expériences est central. Des innovations pédagogiques pourraient être initiées : partenariats enseignants/animateurs, conseils d’enfants etc. Les thématiques des ateliers gagneront à être plus tournées vers le cadre de vie et l’environnement. L’école doit prendre part à la transition écologique de notre ville et développer des outils de sensibilisation des enfants. Projets de végétalisation et de jardins pédagogiques, éducation à la santé et à l’environnement, mais aussi projets de compostage, par exemple : autant de projets que la Ville pourra impulser à grande échelle. Nous y serons attentifs.

De même, la poursuite du plan de rénovation thermique de nos écoles, l’augmentation de la qualité de l’alimentation, notamment exempte de pesticides, avec la promotion du bio : autant d’investissements ambitieux de notre Ville que nous saluons et qui font de l’école parisienne un acteur majeur de la transition écologique de Paris.

La tenue de la COP21 en 2015 à Paris pourra être, de ce point de vue, une occasion unique d’associer les enfants à la mobilisation de la Ville.

Pour conclure, je tiens à souligner l’importance que nous accordons, et c’est le sens des vœux que nous présentons lors de ce Conseil, à l’émergence d’espaces d’échange et de travail de tous les acteurs de la communauté éducative, autour, bien sûr, du partage des locaux poux clarifier les rôles, mais surtout pour que se dessinent des projets communs autour de l’enfant.

C’est sur ces bases que pourra s’appuyer le travail sur le prochain projet éducatif territorial que nous souhaitons concerter à l’échelle des quartiers et des établissements.

Je vous remercie.

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