Intervention de David Belliard relative au marché de conception, fourniture, entretien, maintenance et exploitation publicitaire de kiosques de presse et quelques kiosques à autre usage, et de gestion des kiosquiers.
Madame la Maire,
Cher-e-s collègues,
« Le projet qui nous est proposé prévoit de confier une nouvelle fois cette gestion des kiosques de presse, pour 15 ans à un opérateur privé, qui à n’en pas douter sera Mediakiosk filiale de JC Decaux ». C’est par ces mots que je concluais mon intervention du conseil de février 2015. Nous voici ici, un an et un recours plus tard, et nous ne pouvons que constater que notre futur délégataire sera, sans surprise donc, Médiakiosk à nouveau. Médiakiosk, c’est, rappelons-le, JC Decaux qui assure déjà la gestion de Vélib’, est présent sur les palissades de chantiers, les panneaux d’affichage, bref, qui est présent sur la quasi-totalité de notre espace public. Pourtant face à cet important enjeu de l’avenir des kiosques de presse nous aurions voulu – et nous avons défendu cette voie – que notre majorité utilise tout ce temps à travailler – avec les kiosquiers notamment – à un mode de gestion plus innovant mêlant efficience économique, indépendance et éthique.
J’ai bien entendu que le choix d’avoir recours à une délégation de service public a été fait sous la précédente mandature. Soit. Mais je réitère que nous aurions dû et que surtout nous aurions eu le temps de sortir de cette paresse idéologique pour travailler avec les kiosquiers, l’actuel délégataire, les messageries, les éditeurs, les lecteurs, les directions de la Ville, afin d’imaginer un mode de gestion innovant qui aurait notamment permis à chaque kiosquier de trouver un modèle économique efficient. Nous pensions à l’époque – et c’est toujours le cas- que la SCIC, Société Coopérative d’Intérêt Collectif aurait pu être un montage juridique de l’ESS particulièrement adapté à ce secteur. Nous ne pouvons que déplorer que nos partenaires de l’exécutif ne l’aient même pas envisagé.
Je déplore d’autant plus cette situation figée que l’on nous impose que nous tenons à nos kiosques de presse qui participent au rayonnement de la capitale.
La crise complexe que traverse la presse nous oblige en effet à investir pour améliorer les kiosques, en faire des lieux innovants, accueillants pour les clients ; des lieux offrant de meilleurs conditions de travail aux kiosquiers ; des lieux d’échanges offrant des services et des produits utiles aux parisiens et aux touristes. 52,4 millions d’euros d’investissement au total prévu dans la délibération pour le renouvellement de 360 kiosques et la rénovation de 49. C’est un fait notable que nous évaluons à sa juste valeur.
De fait, l’offre actuelle de Mediakiosk est meilleure que celle proposé l’année passée, néanmoins des insatisfactions demeurent.
Au-delà du design des nouveaux kiosques, que j’ai qualifié d’atypique par politesse – l’écrasante majorité des kiosquiers ne disposent toujours pas de sanitaires dans ou à proximité des kiosques, les enjeux de la formation des kiosquiers et d’une meilleure gestion des stocks sont encore le parent pauvre de l’offre de Mediakiosk. Aucune proposition n’est faite pour la création d’un pool de remplaçants quand un kiosquier est malade ou en congés. Et je n’aborderai pas ici le chiffre d’affaires des kiosquiers, parfois indigent, une seconde délibération m’en donnera l’occasion. On est encore loin d’une gestion optimale dans un environnement économique complexe et difficile pour ses acteurs.
Pour toutes ces raisons, et en cohérence avec notre position déjà mainte fois exprimée, nous ne pouvons accepter cette proposition, nous nous abstiendrons donc sur cette délibération.
Je vous remercie