Droit des femmes à disposer de leur corps : le combat continue
Partager

Intervention de Fatoumata Koné relative à la réalisation des IVG par voie médicamenteuse à Paris

 

Madame la Maire, cher-e-s collègue-s,

Nous avons célébré cette année les 40 ans de l’adoption de la loi Veil légalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Il est a souligné que cet anniversaire coïncide avec celui du planning familial. En effet, cela fait 40 ans que ce mouvement militant défend les mêmes valeurs : le droit à la contraception, à l’avortement et à l’éducation à la sexualité ; et ne croyons pas que ces droits sont définitivement acquis. Des obstacles se dressent encore face aux femmes qui veulent avorter par exemple :

  • Informations insuffisantes concernant : les démarches à entreprendre, les délais à respecter ou encore les remboursements.
  • Volonté d’imposer une véritable régression des droits de la femme dans certains pays européens tels que l’Italie ou l’Espagne.
  • Remise en question de ce droit également sur internet avec une recrudescence des sites anti IVG.
  • Enfin, en France en 2015, il est à déplorer que de nombreuses femmes qui ne désirent pas d’enfants subissent encore des pressions morales.

Ceux-ci prouvent à quel point nous devons  rester vigilants afin que ce droit soit appliqué partout et sans entrave. La loi Veil reconnaît à la femme le droit de choisir, elle a été une libération pour tous, les femmes comme les hommes. Ainsi, le travail de déstigmatisation de l’avortement, tant par l’évolution du regard social que par la déculpabilisation des femmes vis-à-vis de cet acte doit plus que jamais continuer. Il s’agit d’une mission à laquelle le Planning Familial a pris entièrement part.  Mouvement d’éducation populaire et de lutte pour le droit à l’information et à l’éducation permanente, il défend l’idée que chacun a la capacité d’accéder à son autonomie, à condition d’avoir accès aux informations et aux moyens nécessaires à cette démarche. C’est ainsi que le Planning Familial souhaite créer les conditions d’une sexualité vécue sans répression ni dépendance dans le respect des différences, de la responsabilité et de la liberté des personnes, le libre-choix et l’autonomie étant les conditions d’une sexualité vécue en responsabilité. La libre disposition de son corps et de la maternité sont des droits fondamentaux pour toutes les femmes ; lutter contre les inégalités sociales et les oppressions, agir pour le changement des mentalités et des comportements vers une réelle égalité des droits et des chances suppose une prise de conscience individuelle et collective pour une modification profonde de la société.

Ainsi, pour remédier aux inégalités d’accès à l’IVG, il faut garantir à toutes les femmes la possibilité d’avorter dans de bonnes conditions ce qui inclut la prise en compte des délais d’attente et le déploiement de moyens dédiés. En effet, il me semble important de préciser que sur ce sujet que des inégalités territoriales subsistent même en France. En 10 ans, entre 2001 et 2011, 130 sites IVG ont fermé leurs portes, allongeant ainsi les délais de prise en charge selon les régions. Certains centres se trouvant dans l’obligation d’orienter des femmes vers l’étranger.

Il nous est, donc, proposé, aujourd’hui :

  • d’améliorer l’accès à l’IVG en autorisant la pratique des IVG médicamenteuses en dehors des établissements de santé tels que les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF), les centres de santé et les centres médico-sociaux gérés par le Département de Paris.
  • d’étendre la signature des conventions des 3 CPEF (Centres de Planification et d’Education Familiale) de la Ville de Paris avec tous les établissements de l’AP-HP et les ESPIC (Etablissement de santé privé d’intérêt collectif).

Notre groupe salue le travail effectué par la Ville car ces propositions devraient améliorer et développer la prise en charge des IVG médicamenteuses en médecine de ville dans le cadre de structures gérées et/ou financées par le Département de Paris. Les parisiennes vont ainsi pouvoir bénéficier d’une prise en charge plus rapide en favorisant l’accès par la proximité et en améliorant l’accompagnement spécifique nécessaire à une pratique de l’IVG de qualité, avec un meilleur accueil et une information complète ou si nécessaire, une orientation vers une autre méthode adaptée. Ces actions contribueront à réduire les difficultés rencontrées par les femmes souhaitant interrompre leur grossesse et s’inscrivent dans la continuité de toutes les luttes politiques et féministes de défense du droit des femmes à disposer de leur corps qui demeure un combat bien actuel.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *