Intervention d’Anne Souyris relative à la candidature de Paris pour l’accueil des JO 2024
Madame la Maire,
Mes chers collègues,
Comme l’a rappelé mon collègue David Belliard, la décision de candidature de Paris nous semble précipitée. Trop de doutes sur le coût réel, trop d’interrogation sur les éventuels bénéfices que nous pourrions en retirer. Et surtout, aucune concertation n’a été menée avec les franciliennes et les franciliens.
Alors oui, c’est vrai, si l’on considère que les instituts de sondage ne se sont jamais au grand jamais trompés dans l’histoire et qu’ils disent vrai, les franciliennes et les franciliens veulent des jeux olympiques. Avec 58 % de parisiennes et de parisiens favorables dans un récent sondage IFOP (contre 79 % dans un sondage CSA de février), ce n’est quand même pas l’euphorie populaire. Vous avez annoncé une concertation citoyenne en 2016. Nous nous en félicitons. Mais pourquoi ne pas l’organiser avant d’engager notre Ville dans la course à la candidature ? Quitte à demander l’avis à nos concitoyens, autant que ce ne soit pas un avis inutile et d’avance mis de côté. Car non seulement une concertation sans écoute est un facteur de désillusion démocratique, mais en plus c’est un processus avorté puisqu’il ne permet pas de proposer un projet plus conforme à l’attente des citoyen-nes.
En un an, nous avons engagé ensemble un vrai travail sur le renouveau de la démocratie participative, nous avons lancé un budget participatif, nous voulons redonner du pouvoir de décision et d’actions aux parisiens et aux parisiennes.
Cette rénovation de la démocratie locale, ne l’arrêtons pas aux grands projets ! Pourquoi cette crainte d’aller jusqu’au bout ?
Serait-ce parce que, lorsque cela s’est fait ailleurs, des villes ont dû retirer leurs candidatures ? Comme Cracovie pour les JO d’hiver 2022 ? Ou encore Stockholm et Oslo, qui ont choisi de se retirer de la course pour cause d’effondrement du soutien populaire. Conséquences: les JO d’hiver 2022 se dérouleront soit à Pékin soit à Almaty au Kazakhstan, deux pays peu connus pour respecter les droits de l’Homme et la liberté de la presse. Il y a bien un vers dans le fruit.
Car comment ne pas évoquer les valeurs et les modes de fonctionnement du comité international Olympique, si loin des valeurs originelles de l’olympisme ? Cet organisme au fonctionnement opaque, sur lequel personne n’a réellement de prise, les membres étant choisis par cooptation, ne représente ni les Etats, ni les Villes, et encore moins les intérêts des citoyens. L’objectif du CIO s’est pour l’instant réduit à maximiser ses bénéfices défiscalisés, générant tractations, triches, corruption avec, au final, des choix pour le moins contestables. Chacun et chacune d’entre nous a en tête les derniers jeux d’hiver à Sootchi, en pleine crise ukrainienne et qui se sont révélés un désastre environnemental.
Le CIO nous dit qu’il a changé. Nous en attendons toujours les preuves.
En acceptant de payer des impôts aux Etats organisateurs, et mettre ainsi fin à cette exonération fiscale injuste.
En organisant les jeux olympiques et paralympiques au même moment, pour permettre à tous les sportifs de bénéficier de la même visibilité médiatique.
En adoptant un fonctionnement transparent et démocratique, où pourrait être représentés la société civile, avec un projet réellement co-construit qui ne tomberait plus dans le nationalisme exacerbé.
En mettant fin au maximalisme des constructions et infrastructures liées aux JO, pour que cet événement international soit porteur d’un nouveau modèle vertueux, sur les plans environnementaux, fiscal et éthique.
À l’heure actuelle, les JO 2024 sont encore loin, trop loin de cet événement exemplaire auquel nous aspirons. Nous comprenons que le CIO ait besoin de Paris pour redorer son image. Mais franchement, Paris a-t-elle besoin du CIO ? Pour toutes ces raisons, pour toutes ces questions, pour tous ces doutes, les écologistes ne voteront pas le vœu de l’exécutif.
Je vous remercie.