Demande de mise à l’abri immédiate des personnes en situation de rue dans les campements de la Porte d’Aubervilliers
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— Lettre envoyée le 22 janvier 2020 au préfet de Paris, Michel Cadot —

Objet : Demande de mise à l’abri immédiate des personnes en situation de rue dans les campements de la Porte d’Aubervilliers

 Monsieur le Préfet,

Lundi 20 janvier dernier, un jeune homme de 28 ans est mort dans une des tentes installées dans le campement de rue de la Porte d’Aubervilliers, où vivent entre 1 200 et 2 300 personnes dans ce qui est devenu au fil du temps un véritable bidonville. Si les causes de sa mort n’ont  pas encore été établies, les conditions de vie sur le campement n’ont en tous cas pas pu contribuer à sa survie.

Depuis des mois, des années, des centaines de personnes dorment dehors dans le nord-est parisien, dans des conditions d’hygiène et d’insécurité absolument indignes. Des familles avec enfants habitent dans ces camps, des demandeurs d’asile (comme ce jeune somalien décédé qui avait récemment déposé un dossier de demande d’asile), mais aussi des réfugiés statutaires qui devraient bénéficier de la protection de l’État et dorment dehors, faute de places disponibles dans un réseau d’hébergement saturé.

Le 6 novembre dernier, lors de l’évacuation de la Porte de la Chapelle, le ministre de l’Intérieur M. Castaner annonçait la mise à l’abri des personnes en situation de rue à la porte  d’Aubervilliers  pour fin décembre. Le 21 novembre 2019, une évacuation partielle a été annulée au dernier moment faute d’une organisation adéquate de l’opération. Nous arrivons maintenant fin janvier et de nouvelles tentes continuent de se dresser chaque jour Porte d’Aubervilliers, dans la boue et l’insalubrité. La situation de tension est telle que même les associations peinent à effectuer leur travail sur l’ensemble du territoire concerné.

Il y a urgence, Monsieur le préfet, à mettre à l’abri ces personnes dont chaque nuit passée à la rue menace l’existence.

Nous ne pouvons nous contenter d’un hébergement d’urgence de quelques jours, le temps d’un contrôle administratif, pour remettre ces personnes à la rue par la suite. Les évacuations ne résolvent pas le probléme, elles le masquent temporairement. Nous en sommes à plus de soixante évacuations depuis 2014, et les campements de rue sont toujours là.

Nous vous demandons donc de procéder d’urgence à :

la mise à l’abri durable de toutes les personnes présentes sur les campements, sans distinction ; cela implique nécessairement la création de places d’hébergement supplémentaires, en plus de celles prévues dans le cadre du plan Grand Froid ;

la prise en charge spécifique des toxicomanes présents sur ces campements, avec un accompagnement médicalisé ;

le renforcement et la création de structures d’hébergement dignes et pérennes sur l’ensemble du territoire national, disposant de tous les services (sanitaires, médicaux, sociaux, accés aux droits, aide juridique, scolarisation … ) à l’image du centre d’hébergement d’Ivry-sur-Seine ;

l’ouverture de nouvelles places de CADA (Centres d’Accueil de Demandeurs d’Asile) pour faciliter la fluidité du dispositif d’accueil.

Le cycle meurtrier campements de rue/évacuation/retour à la rue doit cesser. Si nous souhaitons mettre fin au phénomène de campements de rue et sortir de cette crise permanente de l’accueil des exilé.e.s, il est indispensable d’organiser un véritable accueil c’est-à-dire que l’Etat mettre en œuvre une politique d’accueil des exilé.e.s intégrant une prise en charge à l’échelle municipale, régionale et nationale.

Nous restons disponibles pour échanger sur un meilleur dispositif d’accueil et vous prions d’agréer l’expression de notre considération distinguée.

Monsieur David Belliard
Président du Groupe Écologiste au Conseil de Paris

Madame Fatoumata Koné
Vice-Présidente du Groupe Écologiste au Conseil de Paris

Monsieur Pascal Julien
Vice-Président du Groupe Écologiste au Conseil de Paris

 

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Communiqué – Campement de la Porte d’Aubervilliers (Paris 19e) : après la mort d’un demandeur d’asile, les élus écologistes saisissent le Défenseur des droits

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