Vœu relatif au projet Hébert
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En préambule, je souhaite faire une petite incise un peu plus générale que sur ce projet uniquement. 

Je trouve que l’examen en silo des différentes opérations urbaines prévues sur les emprises qui composent Paris Nord Est que sont la gare des Mines, Chapelle Charbon, Eole-Evangile, n’aide pas à se rendre compte de ce que donnera l’ensemble.

Pourrions nous avoir une étude plus large, qui intégrerait les différents projets pour permettre à chacun, élu comme citoyen, de mieux appréhender les enjeux urbains du territoire dans sa globalité, présentée par exemple en 5e commission?

Sur ce projet en particulier, les études d’impacts sont très intéressantes, et on voit qu’un vrai travail a été mené sur les ambitions urbaines et environnementales.

Nous remarquons notamment les orientations prises pour les futures constructions: matériaux biosourcés, attention portée au confort d’été, le choix de matériaux à fort albédo, l’orientation des bâtiments, leur évolutivité et leur réversibilité, etc. J’ai envie de dire “ouf”! 

J’apprécie également de voir que les modes de déplacements doux et actifs ont une place centrale dans les mobilités de ce programme. J’ai toutefois une interrogation: l’association ASA PNE a pointé l’offre de transports en communs, en particulier à l’ouest de l’emprise, où la ligne 12 risque d’être saturée avec les très nombreux nouveaux habitants et usagers qui arriveront dans la décennie à cause des innombrables projets immobiliers prévus sur PNE. La RATP a t elle été concerté sur ce sujet ? Pouvez vous nous dire ce qui est prévu pour calibrer les transports au nouveau visage de cet endroit ?

Une autre alerte: les études faunistiques soulèvent la présence de lézard des murailles, qui est une espèce protégée et dont la présence entraîne par conséquent des contraintes réglementaires, et de serins cini, qui est une espèce remarquable, (vulnérable sur la liste nationale), niche dans un massif arborée à l’entrée du site. Il faudra être extrêmement vigilant sur ce sujet.

J’en viens à la programmation.

Entre 700 et 800 logements sont prévus, soit au moins 2000 personnes.

40 000m² de bureaux, soit une occupation assez importante de la parcelle, qui est plutôt petite, 5 hectares.

J’ai démarré mon intervention en demandant qu’une étude urbaine globale nous soit présentée. Car sans cela comment se rendre compte du futur visage d’un pan entier de ville qui va autant changer ?

Car les chiffres  des futurs usages sont éloquents: 

  • Chapelle International: 900 logements + activités, 
  • Chapelle Condorcet : 15 000 étudiants sur Paris la Chapelle et Aubervilliers
  • Chapelle Charbon : 450 logements + usagers du parc 
  • et bien sûr Hébert : 700 logements + activité

 

Pour toutes ces personnes, ces milliers de futurs usagères et usagers, j’ai bien peur que les ambitions en termes d’espaces verts soient trop faibles.

Sur ce projet, nous avons 4000m² d’espaces verts, moins de 10% de la parcelle.

Au regard d’une surface bâtie très importante, il aurait été bienvenue qu’il prenne une envergure un peu plus importante.

Chapelle Charbon, c’est 3 hectares qui vont être transformés en parc. Mais pour des milliers et des milliers d’habitants, ça relativise rapidement la surface de ce futur parc.

Quand nous regarderons ce projet dans 15 ans, trouverons nous qu’il était raisonnable d’envisager 4 000m² d’espaces verts pour autant d’usagers ?

Je regrette vraiment que ce projet ne participe pas du rattrapage de la surface d’espaces verts à Paris et à remonter le nombre de m² par parisien.

Je lis dans les études d’impact qu’en l’état, les milieux végétalisés représentent 20 % de la parcelle, dont 13 % sont composés de milieux herbacés en friche avec une certaine richesse spécifique. Au final, ce projet ne rajoute donc pas de pleine terre si j’en crois ces chiffres.

L’adaptation de Paris au dérèglement climatique doit être notre obsession commune. Elle passe par deux choses:

  • réduire à la neutralité les ilots de chaleur existants en travaillant sur tous les paramètres possibles (remplacement des matériaux présents par des matériaux à fort albédo, suppression du bitume, végétalisation, etc.)
  • créer des ilots de fraîcheur partout où cela est possible.

 

Voilà ce que nous devrions faire de Hébert: un ilot de fraicheur pour combattre par tous les moyens les vagues de canicules qui vont s’abattre sur Paris de plus en plus fréquemment.

 

Faire un “bon projet”, ce n’est plus suffisant: les enjeux nous dépassent. A aucun moment dans les études n’est envisagé dans quelle mesure ce projet s’inscrit dans une stratégie globale d’adaptation de la ville. Voilà ce qui nous inquiète. Et ce n’est remettre en question le travail qui a été mené que de dire cela. C’est notre rôle d’élu d’interroger, toujours, les décisions que nous prenons, les projets que nous menons, au regard des besoin des habitants de demain.

 

Voilà la question: ce quartier répond il aux besoins du Paris de 2050 ? 

 

Sandrine Mées

 

 


déposé par Pascal Julien, Sandrine Mées
et les élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP)

 

Considérant le projet immobilier Hébert qui prévoit, sur une surface de pleine terre de 5,2 ha, la construction de :

  • 49 000 m² de logements, soit environ 1 500 habitants supplémentaires,
  • 40 000 m² de bureaux, soit environ 3 500 salariés ;
  • et seulement un square de 4000 m² et un jardin longeant la voie ferrée de 3000 m² ;

Considérant ainsi que les espaces verts ne concernent qu’environ 7% de l’emprise, ce qui demeure très insuffisant au regard de l’objectif de 30% fixé dans le schéma régional de cohérence écologique ;

Considérant donc que chaque habitant.e dispose seulement de 4,6m² d’espaces verts dans le meilleur des cas et 1,4 m² d’espaces verts si l’on compte les salarié.e.s, chaque personne ne dispose que de , bien loin des 10 m² préconisés par l’Organisation Mondiale de la Santé et par la circulaire ministérielle du 8 février 1973 pour préserver la santé des habitant.e.s ;

Considérant que ce projet s’inscrit dans un quartier déjà déficitaire en espaces verts et dans un arrondissement où la moyenne est de 0,9m² d’espaces verts par habitant.e (le plus grand espace vert étant un cimetière) et la densité de population de 33 000 habitants/km² (3e arrondissement le plus dense de Paris, elle-même ville la plus dense d’Europe) ;

Considérant la cartographie réalisée par l’APUR qui démontre que le 18e arrondissement est, avec le 9e, celui où « l’offre et l’accessibilité aux espaces verts » est la plus insuffisante de Paris ;

Considérant que l’enquête publique qui a pris fin le 25 octobre dernier a révélé la très grande et légitime inquiétude des habitant.e.s concernant la forte densité du projet et le manque d’espaces verts ;

Considérant l’inéluctabilité du réchauffement climatique en cours et son impact négatif sur la qualité de vie des Parisiennes et des Parisiens, en particulier dans le 18e arrondissement et dans le quartier d’Hébert où l’on compte une grande densité, une forte minéralisation et peu d’îlots de fraîcheur ;

Considérant qu’il est de la responsabilité de la municipalité d’adapter le mieux possible la ville et l’arrondissement aux conséquences de la crise climatique en cours, et qu’un des leviers principaux est l’arrêt de la densification et l’augmentation massive de la surface d’espaces verts ;

Considérant que s’il est nécessaire de construire des logements sociaux afin de maintenir le prix des loyers accessible et d’encourager la mixité sociale dans le 18e arrondissement comme cela a été fait notamment à Chapelle Internationale, cette construction doit être impérativement rationalisée pour tenir compte de la crise climatique et de la densité de l’arrondissement ;

Considérant, en tout état de cause, que la construction de logements ne permettra pas de régler la crise du logement à Paris étant donné l’attractivité de la capitale, son enclosure et la forte spéculation, la preuve étant l’augmentation de l’indice des prix immobiliers de 48,6% ces 10 dernières années alors même que 50 000 logements nouveaux ont été autorisés durant cette période ;

Considérant la nécessité de réaliser un aménagement urbain permettant de faire le lien entre le quartier Marx-Dormoy et les secteurs de Rosa Parks/Macdonald, plus équilibré pour donner beaucoup plus d’importance aux espaces verts et moins au bâti.

Aussi, sur proposition de Pascal Julien, Sandrine Mées et des élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP), le Conseil de Paris émet le vœu que le projet Hébert soit revu afin de répondre à un objectif de 15m² d’espaces verts par habitant.e et limite le développement en hauteur des bâtiments prévus dans le programme à une limite de 6 étages.

 


Le voeu a été rejeté


 

 

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