Vœu relatif au projet de requalification de la rue de la Goutte d’Or et de la rue Boris Vian
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2019 DU 245 : Déclassement par anticipation de la partie de la rue Boris Vian située entre la rue de la Goutte d’Or et la rue Polonceau et d’emprises situées rue de la Goutte d’Or (18e).


 

 

Cette délibération n’a pas qu’un objectif technique. Elle conditionne et  elle inclut les axes principaux du projet de requalification de la rue Boris Vian et de la rue de la Goutte d’Or.

Le groupe écologiste avait déposé un vœu au conseil d’arrondissement d’octobre dernier afin d’alerter sur la nécessité de prolonger la concertation jusqu’en février 2020 avant de prendre la décision de déclasser les emprises concernées. Ce vœu avait été voté à l’unanimité mais n’a pas été respecté. À notre sens, les réserves émises par le commissaire enquêteur ne sont pas levées et la délibération arrive prématurément.

Et le projet de réalignement de l’escalier n’a pas été réintroduit dans la concertation, alors que des associations le demandaient expressément.

Le secteur concerné par le projet est certes problématique : sécurité, propreté, dégradation du bâti, difficultés extrêmes des commerçants, ambiance hostile aux femmes. Les habitantes ont pu détailler ces difficultés grâce à des marches exploratoires et un travail approfondi de propositions concrètes, réalisé il y a déjà trois ans.

Peut-être qu’une partie de ces problèmes sont liés à des choix architecturaux des années 80 qui ne respectaient ni l’aspect faubourien du quartier, ni le besoin d’un environnement de qualité. Mais ils ne sont pas dus qu’à cela. Des colonnades, il y en a dans bien d’autres endroits à Paris, sans que cela pose problème. D’autres causes et d’autres solutions auraient mérité d’être explorées.

Au début de cette mandature, un travail a été fourni et des propositions ont été faites pour corriger ces erreurs architecturales. Mais la concertation n’était pas vraiment au rendez-vous. Dans un contexte où l’on avait du mal à mobiliser les habitants, une agence d’urbanisme a imaginé réaligner les escaliers reliant la rue Polonceau à la rue de Chartres. L’objectif était d’améliorer la visibilité, en faisant de l’urbanisme une sorte de roue de secours au service de l’ordre public en berne. Cela a abouti à la proposition de réduire la surface du TEP, et à prévoir le déplacement d’un escalier, opération très onéreuse. Ce projet a semblé à l’époque une sorte de planche de salut qui permettrait de régler les problèmes  du secteur.

Lors de la reprise de la concertation, il y a environ un an et demi, cette hypothèse, qui proposait des solutions pharaoniques à des problèmes réels, a été reprise sans être remise en question. Les habitants se sont retrouvés devant le fait accompli. Et cet urbanisme de la peur, coûteux, compliqué et dépassé, n’a pas pu être transformé en propositions plus simples et plus globales. Notamment, l’idée de réaliser une continuité arborée entre le square Léon et la rue Boris Vian n’a jamais été envisagée sérieusement. La place Cheikha Remitti a fait l’objet de discussions sans que ses principaux usagers soient associés.

En tant qu’écologistes, nous ne pouvons plus concevoir aujourd’hui que l’urbanisme soit pensé comme une réponse aux problèmes sociaux et aux problèmes de sécurité. À ce compte, il faudrait déplacer bien des escaliers de Paris. La méthode la plus constructive nous semble de revenir aux besoins des habitants. Par exemple, à aucun moment il n’a été proposé que la couverture du TEP puisse être amovible, alors que des habitants l’ont suggéré.

Planter en pleine terre, créer un poste de jardinier de quartier, proposer des installations sportives de plain-pied, conserver l’ouverture existante sur le ciel, renforcer la présence des plantations : tout cela a été balayé au nom d’hypothèses gravées dans le marbre.

Nous pensons que des financements seraient mieux engagés à travers le développement d’emplois dans la propreté, le jardinage, la prévention, l’ouverture de créneaux de pratique sportive libre, la rénovation du gymnase. En bref, vous l’aurez compris, en tant qu’écologistes, c’est le projet, sa méthode, et sa philosophie elle-même, qui nous rebutent.

Pour ces raisons, nous voterons contre cette délibération.

 

Sandrine Mées


déposé par Pascal Julien, Sandrine Mées, Jérôme Gleizes

et les élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP)

 

Considérant le projet de délibération de déclassement du domaine public routier de la Ville de Paris de la partie de la rue Boris Vian située entre la rue de la Goutte d’Or et la rue Polonceau, et d’emprises situées le long de la rue de la Goutte d’Or et entre la rue Polonceau et la rue de la Goutte d’Or à Paris 18e (2019 DU 245) ;

Considérant que ce déclassement est un préalable obligatoire à la réalisation du projet de requalification de la rue Boris Vian et de la rue de la Goutte d’Or ;

Considérant que, dans l’exposé des motifs, le projet de délibération ne se borne pas à proposer le déclassement des quatre emprises, mais présente les grandes lignes du projet de requalification du secteur ;

Considérant que ce projet de requalification, concernant les emprises « b », (d’une superficie de 90 m², correspondant au vide compris entre le sol et la dalle du terrain d’éducation physique aux numéros 2 à 10, rue de la Goutte d’Or), et « e », (d’une superficie de 108 m² environ, correspondant au vide sous arcades compris entre le sol et le bâtiment, aux numéros 12 à 18 bis, rue de la Goutte d’Or), paraît susceptible de remplir son objectif d’amélioration des espaces commerciaux existants et d’amélioration du cadre de vie des habitant.e.s ;

Considérant, en revanche, que le projet de requalification concernant les emprises « a » et « d », (correspondant à la portion de la rue Boris Vian comprise entre les rues de la Goutte d’Or et Polonceau) ne propose pas de solutions suffisamment élaborées, ni approfondies, ni renouvelées, pour constituer un ensemble suffisamment pertinent en termes de développement durable, de paysage urbain, de place de la nature et des jardins en ville, de qualité de vie, et à ce titre mériterait d’être entièrement revu sous le prisme de l’écologie ;

Considérant que la reprise de la réflexion sur le projet de requalification du TEP et de la rue Boris Vian  ne retardera pas les travaux de requalification des arcades de la rue de la Goutte d’Or, à savoir la requalification des devantures commerciales par le biais de leur avancée intégrant les colonnes situées le long de la rue de la Goutte d’Or dans l’optique d’une unité architecturale et d’une meilleure visibilité et la résidentialisation de l’ensemble immobilier Paris Habitat situé au 20-22 rue de la Goutte d’Or.

 

Aussi, sur proposition de Pascal Julien, Sandrine Mées, Jérôme Gleizes et des élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP), le Conseil de Paris émet le vœu que :

 

  • les emprises a et d ne soient pas déclassées ;

 

  • les projets concernant le TEP (couverture, réduction de la surface) et la rue Boris Vian (déplacement des escaliers) puissent être remis en question, en permettant l’expression, dans une concertation renouvelée et prolongée, d’hypothèses mieux adaptées aux enjeux environnementaux, susceptibles d’améliorer significativement le cadre de vie des habitant.e.s.

 


Le vœu du groupe écologiste a été rejeté.


Le groupe écologiste a voté contre la DU 245 – Déclassement par anticipation du domaine public, notamment routier, de la partie de la rue Boris Vian comprise entre la rue de la Goutte d’Or et la rue Polonceau et d’emprises situées le long de la rue de la Goutte d’Or (18e).

Voeu de l’exécutif ↓

 

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