Vœu pour apposer une plaque commémorant l’occupation pendant un an, par 3000 sans-papiers, du bâtiment sis 14, rue Baudelique, 18e arrondissement
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déposé par Pascal Julien
et les élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP)

adopté par le conseil du 18e arrondissement 

 

Considérant les périls traversés par les personnes exilées avant d’arriver sur notre territoire, poussées hors de leurs foyers par les dérèglements climatiques, les inégalités de développement, les conflits armés ou les persécutions politiques, ces facteurs étant non exclusifs les uns des autres et conduisant à une misère insoutenable ;

Considérant la longue tradition d’accueil de la Ville de Paris et son statut revendiqué de ville-refuge ;

Considérant le rôle historique majeur du 18e arrondissement dans cet accueil ;

Que cette importance se traduit par l’existence sur son territoire de nombreuses structures associatives offrant aux étranger.e.s, qu’ils ou elles soient ou non en situation régulière, des services variés tels l’aide juridique, l’alphabétisation, ou encore les distributions alimentaires ; 

Que cette importance est aussi dû à certains évènements marquants qui contribuèrent à faire entrer dans le débat politique le sort de cette population et à lui donner une visibilité médiatique ; 

Considérant que ce fut d’abord le cas, en 1996, quand environ 300 personnes, dont des familles avec enfants, occupèrent durant presque deux mois l’Église Saint-Bernard, action qui prit fin le 23 août lorsque les forces l’ordre pénétrèrent dans l’église après en avoir fracassé l’une de ses portes à coups de hache, méthode qui marqua la mémoire collective ;

Considérant le texte apposé à l’entrée du Square Saïd Bouziri, face à l’église : « (…) Beaucoup gardent en mémoire l’évacuation des occupants de l’église Saint-Bernard le 23 août 1996 et parmi eux Saïd Bouziri criant : vous n’avez pas le droit ! » ;

Considérant un autre cas marquant, à savoir l’occupation sans-titre, du 17 juillet 2009 au 7 août 2010, du bâtiment situé 14 rue Baudelique, alors propriété à l’abandon de la caisse d’assurance maladie, où 3000 personnes sans-papiers trouvèrent provisoirement un toit. Grâce à de nombreux soutiens associatifs, ce bâtiment – que ses occupants baptisèrent avec humour « Ministère de la régularisation de tous les sans-papiers » – fit également office de lieu d’animation culturelle et offrit en outre des salles de réunion destinées à l’alphabétisation ou à l’élaboration des dossiers de régularisation présentés en Préfecture, souvent avec succès. Le collectif CSP 75 agissant au nom des sans papiers y créa aussi des ateliers, par exemple de cuisine ou de mécanique vélo ;

Considérant que cette occupation prit fin pacifiquement à l’initiative de ce collectif ; lequel organisa le départ progressif des occupant.e.s afin de ne pas entraver le lancement du projet immobilier prévu en lieu et place des bâtiments occupés (logement social et crèche) ;

Considérant que cette fin pacifique honore l’esprit de responsabilités du collectif ;

Considérant le volontarisme actuel de la Ville de Paris pour perpétuer cette tradition d’accueil, comme en témoigne la mise en œuvre du Plan de mobilisation de la communauté de Paris, élaboré dès 2015 au début de la crise de l’accueil des réfugié.e.s  ;

Considérant l’adhésion de la Ville de Paris à l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA), dont un des objectifs vise à « organiser des actions de soutien aux migrants avec les acteurs dans leur grande diversité (sur les terrains divers: juridique, médiatique, politique, etc.) » ;

Considérant la Déclaration des Maires à Marrakech, adoptée le 8 Décembre 2018 lors du 5e Forum des Maires sur la Mobilité, la Migration et le Développement, rappelant l’objectif 17 du le Pacte Mondial pour la Migration (GCM) : « soutenir des campagnes de sensibilisation visant à faire valoir la contribution positive et à changer les perceptions publiques eu égard aux communautés d’origine, de transit et de destination. » ; 

Considérant l’actualité du combat des sans-papiers pour la reconnaissance de leurs droits, qui s’est manifestée récemment par la grève de 150 de travailleurs sans-papiers début octobre, à Paris et dans sa région, dans 13 entreprises ; 

Considérant le vœu adopté par le Conseil du 18e arrondissement le lundi 25 novembre 2019.

 

Aussi, sur proposition de Pascal Julien et des élu.e.s GEP, le conseil de Paris émet le vœu que la Maire de Paris engage un processus pour que soit apposée à l’entrée du 10-14, rue Baudelique une plaque qui, en commémorant l’occupation de ce bâtiment par les sans-papiers, rendra hommage au courage dont font preuve les personnes contraintes de s’exiler pour survivre à la misère dans laquelle les a jetés le dérèglement climatique, les persécutions politiques, ou la guerre.

 


Le voeu a été adopté


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