Soutien au projet mémoriel des attentats du 13 novembre 2015
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Ma première pensée va aux victimes des attentats terroristes, à ses morts, ses blessés et ses survivants. Elle va aussi aux familles et aux ami.e.s proches qui doivent désormais vivre soit dans le deuil soit avec une personne handicapée ou bien traumatisée au point de se suicider comme ce fut le cas le 17 novembre 2017 de Guillaume Vallette, devenu ainsi la 131ème victime des attentats du 13 novembre 2015.

 Au lendemain de la première guerre mondiale, qui n’eut rien de « Grande » malgré sa longueur et son caractère à la fois total et mondial, les villages et les villes de France se couvrirent de monuments aux morts. Financés par les collectivités locales, ces monuments mémoriels étaient inaugurés en présence d’un représentant du gouvernement, sous condition, hélas, qu’ils ne délivrent aucun message explicitement pacifiste.

Ces monuments aux morts ne furent pas seulement les étendards d’un patriotisme particulièrement aigu, ils facilitèrent aussi, pour les familles et les proches, le travail de deuil, plus difficile encore à effectuer quand le corps du soldat disparu n’avait pu être ni retrouvé ni identifié, ce qui était souvent le cas. Il est frappant de constater que ces monuments furent le plus souvent placés non pas en marge dans les cimetières mais sur la grande place du village, telle une gigantesque leçon de l’histoire au cœur de la vie quotidienne. On sait que les noms de soldats victimes des conflits de 39-45 puis des guerres coloniales furent ensuite gravés, eux aussi, sur ces monuments.

Les 131 personnes mortes du fait des attentats de 2015 n’étaient certes pas des soldats envoyés plus ou moins malgré eux aux combats, mais des personnes civiles de toutes conditions, avocats, musiciens, barman ou ingénieurs, et de tous pays, 18 exactement, toutes et tous venus savourer de la musique au Bataclan ou bien un moment convivial dans un bar ou un restaurant de ce quartier du 11e arrondissement dont je suis élu.

Si je fais référence aux monuments érigés dans l’entre deux guerre dans un contexte très éloigné de celui d’aujourd’hui, c’est pour souligner avec quelle acuité se pose aujourd’hui, dans le cadre de la lutte anti-terroriste, comme hier celui de la première guerre, la question de la reconnaissance des faits, de la mémoire et du deuil, tant à l’échelle individuelle que collective.

Les familles et proches des victimes des attentats du 13 novembre se savent soutenues par un élan unanime. Toutes, tous, nous voulons leur montrer combien, malgré les images du carnage qui hantent la mémoire, la vie doit reprendre ses droits sur l”horreur. Souvenons-nous d’ailleurs des mots du Premier ministre norvégien au lendemain des attentats d’Oslo et du massacre d’Utoya, en juillet 2011 : « Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance ».

Alors, dans cet esprit de solidarité et d’amour de la liberté autant que des gens, nous appuyons pleinement le processus engagé par la municipalité avec les associations Life for Paris et 13 onze 15, pour que soit installé un lieu de mémoire spécifique, un jardin du souvenir accessible aux victimes et à leurs familles mais aussi au public.

Puisse ce geste collectif à contribuer à apporter un réconfort, évidemment bien modeste, à toutes celles et ceux qui en ont besoin. Puisse-t-il permettre à toutes celles et ceux qui veulent se recueillir d’avoir un lieu où le faire. Puisse-t-il être le témoin de nos pensées les plus émues et affectueuses pour les familles des disparus.

David Belliard, président du groupe écologiste de Paris

 

 

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