Débat sur les orientations budgétaires – intervention de Joëlle Morel
Partager

Au nom du groupe écologiste  je voudrai partager notre surprise quand nous avons appris que l’échange autour du rapport développement durable a été rattaché au débat d’orientations budgétaires. Depuis quelques années, avec une accélération notable ces derniers mois, le “vert” ne cesse d’être à la mode. Tout le monde se veut écologiste. Les derniers conseils de Paris et la présentation de certaines délibérations par des groupes de centre / droite en témoignent : réflexions sur la pollution lumineuse, réforme du stationnement des deux-roues motorisés, dénonciation des programmes d’aménagements tels que le TEP Ménilmontant, la ZAC Bercy-Charenton, etcaetera, etcaetera… 

Le choix de rattacher ce rapport de développement durable aux débats budgétaires et sa forme, montre à quel point il est important  pour l’Exécutif de faire du “green marketing”. 

La diversité des données présentées dans ce rapport  permet de mesurer les améliorations faites en 2018, soit la 4ème année effective de notre mandat.  Les écologistes ont été tant force de proposition que soutien de nombres de mesures présentées ici : 

 “Le meilleur déchet est celui que nous ne produisons pas” . Nous nous réjouissons de voir que le développement des composts (de proximité ou via la distribution des lombricomposteurs) permet aux Parisiens et Parisiennes de pouvoir répondre à leur envie de réutilisation de leur déchet organique, même si nous avons encore beaucoup de progrès à faire. Rue du zéro déchets, ouverture des recycleries, promotion de l’économie circulaire qui génère aujourd’hui presque 67 000 emplois à Paris, réduction du gaspillage alimentaire dans les restaurants collectifs gérés par la ville, réduction et réutilisation du matériel de bureau dans nos administrations : nous arrivons, ensemble à faire de Paris une capitale qui jette moins et ceci est déterminant pour notre futur. 

 Une ville où chacun à sa place, une ville solidaire, c’est aussi cela une ville désirable, souhaitable et vivable pour toutes et tous. Nous avons soutenu le combat de la Maire de Paris en terme d’accueil des réfugiés, 30 millions d’euros ont été dépensés pour améliorer l’accueil de celles et ceux contraints à partir de chez eux pour survivre. Mais, les démantèlements et évacuations de la semaine dernière ne font que nous conforter, conjointement, dans notre appréhension quant à l’hébergement et l’accueil pérenne de ces personnes en souffrance.   

 Adapter la ville aux besoins de toutes les classes d’âges, c’est aussi ce que nous faisons à Paris que ce soit en protégeant les plus jeunes en distribuant dans nos crèches des laits bio, en distribuant des goûters et des déjeuners équilibrés à nos écoliers ; ou, en lançant un dispositif de bénévolat efficace pour accompagner nos aînés dans leurs déplacements quotidiens. 

 Face à la montée effrayante des prix de l’immobilier, c’est bien grâce aux écologistes que la ville agit pour qu’habiter Paris ne devienne pas exclusivement un luxe : nos propositions concernant la lutte contre “l’airbnbisation”, mise en place d’un Office Foncier Solidaire  sont des éléments positifs mais le travail sur la rénovation énergétique du bâti reste encore un point faible de la mandature 

Il y’a, bien évidemment, des luttes communes mais pour lesquelles les méthodes utilisées par l’Exécutif et celles préconisées par les Verts, divergent malgré ces objectifs communs. 

Le budget participatif par exemple, évoqué dans le rapport, est un point non pas de clivage mais de divergence entre nous. Nous voulons plus de projets portés par les citoyens, plus de participation des riverains dans la façon d’élaborer et de faire vivre un projet. Il faut que chacun puisse également faire voir son désaccord en pouvant par exemple, voter contre un projet. Nous avons dénoncé à de nombreuses reprises l’utilisation de la ligne budgétaire “budget participatif” pour la réalisation de certains projets comme la rénovation de selfs ou de toilettes dans les écoles parisiennes, ou, encore, la mise en place de piste cyclable ou l’attribution de subventions diverses. Non le budget participatif ne doit pas être la caisse de secours quand les fonds manquent.

Sur les déplacements également, la véritable avancée ne serait-ce pas le recul profond de la détention et l’utilisation des voitures à Paris plutôt que de se féliciter des 2 700 immatriculations pour des véhicules “propres” . Ces machines continuent d’occuper 50% de notre espace public au détriment des piétons et des vélos. 

 Et enfin, c’est peut-être le plus contradictoire  dans ce rapport, c’est bien la façon dont sont présentées certaines actions de la ville, foncièrement non-écologiques, non-durables et ne participant aucunement à faire de notre ville, une métropole souhaitable et désirable, qui montrent la différence entre ceux qui sont écolo et ceux qui se disent écolo. 

Page 17, en titre, “Mettre la nature partout où cela est possible” : on penserait presque à une plaisanterie. Mais non, les 3 petits hectares de la future ZAC Chapelle-Charbon par exemple, sont bien présentés comme un atout sans-précédent pour lutter contre le réchauffement de notre ville. Je pourrai continuer sur la ZAC Bercy-Charenton, ou le TEP Ménilmontant,  ou des “forêts urbaines” au-dessus d’un parking souterrain …

L’executif semble avoir oublier que l’objectif  est de préserver les espaces de nature et de pleine terre présents à Paris. 

 Certains combats sont eux, effectués à mi-chemin. Par exemple, la lutte de la ville contre les publicités sexistes ne sera effectif que quand nous cesserons de donner libre champ au consumérisme dans nos villes : c’est-à-dire en disant non à la pub ! 

 Le greenswashing de quelques aspects de la politique municipale est criant dans certains passages de ce rapport : l’action de la ville en matière d’ondes, malgré la création d’Ondes Paris est minime. Nous continuons de développer des technologies sans avoir aucune certitude sur la non-dangerosité de ces dernières sur les humains et sur la nature. Pourquoi évoquer les voitures autonomes dans le chapitre dédié à l’ESS et l’économie circulaire : c’est absurde.

Enfin, et cela est presque symptomatique : non la biodiversité ne se protège pas via ou grâce à des événements comme biodiversiterre qui ne génère que déchets et espaces de marchandising pour les lobbies de la viande par exemple. 

Le point d’orgue de la politique municipale semble être au regard de ce rapport, puisqu’évoqués en conclusion, la tenue des jeux olympiques en 2024. Générateurs de déplacements, de privatisation, de gentrification, de sport-business, de construction effrénée au niveau métropolitain, de consommations … C’est un contre-sens et un mirage écologique total. 

 Malgré les données intéressantes, ce rapport cristallise des points d’oppositions dans la majorité municipale. Comme vous le savez, le “développement durable” est parfois dénoncé par certains environnementalistes et écologistes comme un mythe puisque gagé sur la croissance et l’attractivité économique. Ainsi, ce rapport tend à mettre en avant la “politique de l’oxymore”, pour reprendre les mots de Bertrand Méheust à laquelle les écologistes sont confrontés à Paris. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *