Communication sur la politique parisienne de santé – Intervention de Fatoumata Koné
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La communication santé qui nous est présentée aujourd’hui dresse le bilan de la politique sanitaire de la Ville depuis le début de la mandature. Si de nombreux travaux ont été réalisés, de nouveaux défis sont aussi apparus durant cette période, défis auxquels la Ville a répondu avec un volontarisme que je tiens à saluer, la santé étant comme vous le savez – hormis le volet prévention – une prérogative de l’État.

La situation parisienne était marquée au début de cette mandature par de fortes inégalités territoriales et sociales en matière d’accès aux soins. Si des disparités subsistent, elles ont néanmoins été atténuées grâce à des dispositifs mis en place par la Ville, tels que Paris Med qui a permis à des médecins proposant des soins en secteur 1 de s’installer à Paris, permettant à une offre de soins abordable de rester disponible dans nos quartiers prioritaires.

Le développement des Centres de Santé et des Maisons de Santé Pluriprofessionnelles répond à cette même exigence de maillage territorial, comme en témoignent les délibérations DASES 287 et 288 rattachées à cette communication, qui valident la création de deux nouvelles MSP rue Barrier et dans l’ancienne caserne de Reuilly.

L’inégalité face à la santé résulte aussi de la fragilité de certains publics, qui ne sont souvent pas en mesure d’effectuer les démarches pour bénéficier d’une offre de soin pourtant disponible. Les dispositifs créés par la Ville pour aller-vers ces publics vulnérables constituent un autre volet important de notre politique sanitaire. Dans un contexte peu favorable, où le gouvernement vise à entraver l’accès des personnes exilées aux soins, en instaurant par exemple un délai de 3 mois pour l’ouverture des droits à la Protection Universelle Maladie aux demandeurs d’asile, ou en demandant une autorisation préalable de la Sécu pour l’accès à l’Aide Médicale d’Etat, la Ville de Paris développe au contraire des dispositifs pour améliorer l’accès aux soins de ces publics, qui vivent souvent dans des conditions d’hygiène déplorables (je pense évidemment aux campements de rue du nord-est de la ville, sur lesquels nous aurons l’occasion de nous exprimer par ailleurs).

La création d’une équipe de soins mobile gérée directement par la Ville en est un excellent exemple, ou encore la Halte humanitaire de la Chapelle qui continue de recevoir des centaines de visiteurs chaque jours malgré l’évacuation, la semaine dernière, des campements de rue avoisinants.

Autre public précaire : les usagers de drogues, notamment celles et ceux qui se réunissent autour de la tristement célèbre Colline du crack.

La création en 2016 d’une Salle de Consommation à Moindre Risque, gérée par l’association GAIA, a été une première étape pour prendre en charge ce public. Dernièrement, une salle de repos pour usagers de cracks a également été créée dans le 18e : ces dispositifs sont importants, mais demeurent insuffisants compte tenu du nombre important de toxicomanes. Si la consommation de drogue sur l’espace public et dans des conditions d’hygiène déplorables nous est véritablement insupportable, il nous faut ouvrir d’autre lieux tels que ceux que je viens d’évoquer. Ces lieux n’incitent pas à la consommation, contrairement à ce que leurs adversaires prétendent, bien au contraire : la présence en leur sein d’assistants médicaux et sociaux médicale et sociale vise précisément à aider les toxicomanes à sortir de leur addiction. Un grand nombre de riverains dans les 18e et 19e arrondissement qui sont témoins de scène quotidienne de consommation sur la place, sont conscients de la nécessité de ces dispositifs. Nous réitérons donc notre demande de création d’une deuxième Salle de Consommation à Moindre Risque, ainsi que de places d’hébergements adaptées à l’accueil de ces publics.

Enfin, je ne peux pas évoquer la question de la santé sans parler de la manifestation des hospitaliers qui aura lieu ce jeudi 14 novembre à Paris pour dénoncer l’état de crise dans lequel se trouve l’hôpital public, à cause de contraintes budgétaires toujours plus intenables. Voilà plus de 6 mois que la vague de mobilisations a débuté ! Il est temps que la ministre de la Santé prenne conscience de la nécessité d’accéder enfin aux requêtes des professionnels mobilisés : augmentation de 5% du budget de la Sécurité sociale, fin de l’assujettissement des établissements de santé à la taxe sur les salaires, recrutement de professionnel.le.s supplémentaires, et arrêt des fermetures d’établissements, de services et de lits.

900 lits sont actuellement fermés à l’AP-HP faute de personnel, et le gouvernement annonce un plan de 4 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de santé ! À un tel rythme, bientôt, seuls les plus fortunés seront encore en mesure de se faire soigner dans nos hôpitaux. Cette vision de l’hôpital public n’est tout simplement pas la nôtre, et les écologistes manifestent donc tout leur soutien aux personnels mobilisés.

Je laisserai à mon collègue David Belliard le soin de compléter les propos de notre groupe.

Fatoumata Koné

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