Face à l’urgence climatique et aux pics de chaleur Paris déploie sa stratégie « rafraîchissement urbain »
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intervention de Joëlle Morel 

Les écologistes avaient averti depuis de nombreuses années de l’urgence climatique et, nous étions qualifiés, d’alarmistes, d’écologie punitive…. Nous avions malheureusement raison et les constats sont aujourd’hui partagés par un très grand nombre : les pics de chaleur nous les subissons et il faut agir dans l’urgence. Après des températures, jamais enregistrées :  15 jours de forte chaleur au mois de février dernier, plus de 37e il y a une semaine, Paris déploie enfin sa stratégie de rafraîchissement urbain.

Le rafraîchissement naturel, pérenne, durable, s’obtient d’abord avec plus de végétaux et plus d’arbres.  Depuis le début de la mandature les élu-es écologistes ont présenté des vœux pour préserver les parcelles de pleine terre, pour débitumer, planter, faciliter la végétalisation par les parisien-nes  … Effectivement, à la fin de cette mandature, des travaux se précipitent :  création de 30 cours oasis cet été, les rues végétales activées – même si celle du 11eme est au point mort depuis septembre dernier-, création des permis de débitumer en septembre, les îlots et parcours de fraicheur cartographiés…

Les élues écologistes encourageront bien évidemment la réalisation de ces décisions et veulent plus de plantations d’arbres, particulièrement dans les rues minérales, denses, bruyantes et irrespirables.  Les écologistes veulent des arbres, en pleine terre dans les quartiers de l’est parisien, dans les quartiers populaires, dans les rues au plus proche des habitations. Lorsque je me dis qu’à la fin de ce mandat, nous aurons plantés seulement (si tout se passe bien) 4 arbres rue de Vaucouleurs dans le quartier politique de la ville de la Fontaine au roi, je ne suis pas fière ! je ne suis pas fière de notre mandature, à ce niveau !! Je vois également les arbres abattus à Netter Dévergue et à l’ESPCI.

Les forêts urbaines, malgré les belles images de communication ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique. Que de contradictions ! :  Alors qu’il nous est présenté lors de ce Conseil une délibération sur le renouvellement de la convention pour le parking de l’Hôtel de ville, en même temps, on nous présente la création d’une forêt urbaine sur le parvis. Comment imaginer des arbres sur un parking souterrain ?  Nous aurons l’occasion d’en reparler lors de la présentation de la délibération

 Selon la communication le dispositif des volontaires, constitué de bénévoles fait l’objet d’une expérimentation dans le 4eme, qui devrait être généralisé à tout Paris. Mais les initiatives, elles existent dans le 11ème, dans le 10 -ème, dans le 14eme   et dans plein d’autres arrondissements… Les écologistes vous demandent de ne pas institutionnaliser et de faire avec ceux qui ont déjà commencé à agir

Faire avec les volontaires du climat, faire avec les associations, comme sur le TEP de Ménilmontant, voilà une belle opportunité de mettre en valeur l’engagement des citoyens.. 

 Il n’est plus temps de lister un catalogue de mesures depuis l’Hôtel de ville, il est temps de donner les moyens, d’inciter, de valoriser, de développer, de faciliter  toutes ces actions de tous ces volontaires que la ville a su mobiliser avec la COP 21. N’attendons pas ! avec les associations, les élues dans les arrondissements peuvent être de vrais relais pour décliner    la stratégie de rafraichissement urbain dans nos quartiers !

 

Joëlle Morel 

 

Intervention de Jerome Gleizes 

Cette communication « Face à l’urgence climatique et aux pics de chaleur Paris déploie sa stratégie « rafraîchissement urbain » ne permet pas de répondre aux objectifs de « rafraîchissement urbain ». Les bonnes intentions de la communication ne sont pas à la hauteur des enjeux. La communication concerne essentiellement plus des mesures d’adaptation que d’atténuation, en mélangeant des sujets, les forêts urbaines et le réseau de production, stockage et distribution d’énergie frigorifique à Paris. 50°, c’est la température maximale que pourrait atteindre Paris lors des canicules dans 30 ans. Voilà l’enjeu selon Météo France avec les scénarios du DRIAS. Il faut aujourd’hui transformer radicalement Paris, inventer un nouvel modèle urbain.

 Commençons par les forêts urbaines. La communication présente de 580 mots tient plus du communiqué de presse que de la présentation d’un plan de plantation d’arbre. Petite satisfaction cependant, il s’agit ici de véritables projet de plantation en pleine terre que les images de communicants que nous avons vues dans la presse de forêts urbaines hors sol, c’est-à-dire sans prévoir où les racines vont se propager. Pour terminer sur ce sujet, arrêtez de couper les arbres, ces puits à carbone. Il vaut mieux toujours préserver un arbre qu’en replanter un nouveau.

 La communication n’est donc pas à la hauteur de la situation, même s’il y a des choses intéressantes. Elle ne reflète pas l’urgence, car il n’y a rien de vraiment structurant. Par exemple l’urbanisme devrait être l’axe central de la ville de demain. Avant de rafraîchir les bâtiments, il faut les construire sans nécessiter de climatisation. Les bâtiments sont créateurs d’ilots de chaleur. Il faudrait revoir notre conception urbaine de la ville. Rien sur ce point.

La communication fait le constat, je cite: Trois facteurs sont prépondérants dans ce phénomène (d’ICU) : “le mode d’occupation des sols – surfaces minéralisées ou végétalisées, les propriétés radiatives et thermiques des matériaux ainsi que leur capacité à réfléchir le rayonnement solaire et, enfin, la morphologie urbaine, c’est-à-dire la taille, la hauteur des bâtiments, l’orientation et l’exposition aux couloirs de vents.  Et pourtant, des bâtiments de grande hauteur comme la tour Triangle, les tours Duo ou sur Bercy Charenton sont toujours prévus. Par contre, il n’est toujours pas prévu de renoncer à construire sur les espaces actuellement non bâtis. Et plus encore, il va falloir réfléchir à transformer le foncier en espaces verts et  assumer de racheter le foncier pour le laisser libre de toute construction. Toutes les études le prouvent, la meilleure méthode pour faire baisser la température, c’est le végétal en pleine terre. Nous devons absolument considérer une bonne fois pour toute qu’un espace vert c’est un investissement mais j’y reviendrais dans le lancement de l’élaboration d’une Orientation d’Aménagement et de Programmation pour le climat. Rapidement, nous demandons le maintien des espaces de pleine terre partout où ils existent et une grande révision du PLU de Paris, plus protecteur. A situation d’urgence, mesures exceptionnelles.

 Autre sujet, la réflexion sur les matériaux de construction et les revêtements de sol sont indispensable: l’utilisation du bitume et l’asphalte restent encore trop systématique. Il faut sortir de l’expérimentation pour engager une révolution du bâti, des rues, sur comment on remplace ces matériaux. Oui, nous devons avoir une politique très active sur la rénovation et les matériaux utilisés, nous devons sortir totalement du béton. Mais à ce même Conseil, on nous demande de valider deux projets monstrueux d’immeubles ponts qui enjambent le périphérique. Autant dire, des marées de béton en perspective. Cohérence ne fait pas bon ménage avec communication et images de synthèses de mille arbres hors sol.

Dernière délibération rattachée, le devenir de Climespace. Nous avons demandé le retrait de la délibération sur la DSP car il y a un problème de méthode. Nous nous lançons dans une délégation structurante sans donner les garanties d’un contrôle public d’un établissement structurant pour rafraîchir la ville que le schéma directeur de réseau de froid parisien ne donne pas. La dépense énergétique du bâtiment est importante et les besoins en chauffage et en rafraîchissement seront de plus en plus importants. Ce sont des centaines de giga watt par an. Il y a un souci en termes de sobriété et de transition énergétique et écologique que nous devons mener, de toute urgence. Quelle coordination entre l’objectif du point 7.4.1 de baisse de la quantité d’énergie délivrées et le schéma multi-énergies de la ville que nous n’avons toujours pas ! La politique en silo nous amène droit dans le mur. Nous demandons des garanties dans le cahier des charges de la future DSP.

 Vous privilégiez le modèle de la DSP sans la justifier. Pour nous, le privé, et ses objectifs de rentabilité ne répondent pas aux enjeux collectifs de la transition énergétique, qui repose très fortement au contraire sur la sobriété. Le passage en régie d’Eau de Paris a montré à travers un EPIC a montré que nous pouvions baisser les coûts de production, augmenter les investissements et réduite  la consommation.

 Ce conseil est rempli de contradictions car il est difficile d’être écologiste et d’avoir une pensée systémique ? Comment est-ce possible que nous examinons une OAP climat, une communication sur le rafraîchissement de la Ville et des opérations urbaines aussi densificatrices que déraisonnables? Que nous confions le réseau de froid au privé et perdons ainsi la main sur la maîtrise de l’énergie tout en désirant une stratégie globale sur l’énergie dans cette ville ? Que l’on promette des forêts urbaines et prolongeons un parking sous l’une de ses forêts ? Que l’on dise rafraîchir la ville en se moquant de l’existant qui assure cette fonction, comme les tunnels des artisans sur Bercy Charenton, menacé de destruction ?

La transition est un sujet trop sérieux pour se permettre ce type d’approximation. Il est urgent de mettre en place des mesures qui auraient dû être cherchées il y a bien longtemps. 30 ans que nous alertons sur le dérèglement climatique et ses conséquences mortifères.

S’il faut une canicule pour agir, alors nous sommes vraiment dans la politique sentiment, celle qui réagit à l’actualité.

Quelle tristesse, quelle perte de temps alors que nous devions proposer des mesures radicales.

 Si vous êtes cohérents avec ce que vous portez dans cette communication, prouvez que ce n’est pas que de la communication, remettons à plat les projets d’aménagement sur les ZAC, et retravaillons-les. Adoptez notre amendement en ce sens.

 

Jérôme Gleizes

 

 

 

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