URBANISME – Vœu relatif à la la programmation bâtie du projet Gare des Mines Fillettes rattaché à la DU 47 – Gare des Mines Fillettes / Paris Nord Est (18e)    
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Vœu relatif à la la programmation bâtie
du projet Gare des Mines Fillettes
rattaché à la DU 47 – Gare des Mines Fillettes / Paris Nord Est (18e)    

déposé par Sandrine Mées, Pascal Julien, David Belliard, Jérôme Gleizes
et les élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP)

 

Considérant le projet urbain Gare des Mines Fillettes et la concertation qui a été menée auprès des habitant.e.s ;

 

Considérant, malgré l’opposition claire des habitant.e.s du quartier, dans le cadre de la concertation, à la construction d’immeubles hauts sur le secteur, que la délibération prévoit que « Dans le cadre de la mise en compatibilité du PLU, deux secteurs ont été identifiés dans les planches graphiques du règlement afin de pouvoir accueillir, sur une partie des emprises, des immeubles hauts à destination de logements (maximum 50m). La localisation précise de ces immeubles n’est pas encore définie ; les formes urbaines seront abordées lors des prochaines étapes » ;

 

Considérant le fait que ce projet prévoit la création d’un immeuble pont, qui constitue une couverture du périphérique, alors même qu’une Mission d’Information et d’Évaluation (MIE) sur l’avenir du périphérique est en cours et va rendre ses préconisations dans les prochaines semaines, et qu’un bâtiment enjambant le périphérique tel que celui-ci participerait à graver dans le marbre la présence et l’usage actuel du périphérique ;

 

Considérant l’importance de la réflexion menée dans le cadre de transformation du périphérique ;

 

Considérant le peu d’emprises de grande taille non construites à Paris et le fait que le changement d’usage du périphérique libèrerait une grande parcelle à côté de l’emprise sur laquelle est prévue le projet ;

 

Considérant la chance que représente cet espace, et l’importance de mener une réflexion globale participant à tisser des liens entre Paris et les villes limitrophes et créer de nouveaux quartiers ;

 

Considérant les typologies de logements prévues, dont seulement 35% de logements sociaux, pour 35% de logements intermédiaires et 30% de logements libres, alors même que la Ville de Paris est en grand déficit de logements abordables et peine à attribuer ses logements intermédiaires ;

 

Considérant la mention de l’Organisme de Foncier Solidaire faite dans la délibération : “Une réflexion pourra être menée afin de consacrer une partie des logements en accession sociale au travers de l’Organisme Foncier Solidaire dont vous avez récemment voté la création dans une stratégie de sortie du logement social de certains ménages et avec un accompagnement dans le parcours résidentiel.” ;

 

Considérant l’avis de l’association ASA PNE, qui participe à la concertation, selon laquelle “nous sommes très réservés pour ne pas dire plus sur le projet d’aménagement urbain qui l’accompagne. Ce projet est à ce stade insuffisamment préparé et concerté. Comme nous l’avons dit lors du comité de suivi mis en place le 29 janvier, il doit être retravaillé avec les habitants” en février 2019, puis “ (…) ce sont plusieurs aspects du projet urbain qui interpellent et pour lesquels nous demandons de poursuivre le processus de concertation dans les prochains mois comme, les hauteurs d’immeubles dont certains pourraient atteindre 50 m, ce que nous contestons ou encore le traitement du front bâti le long des stades, l’organisation des espaces publics, la préservation du végétal existant…” en mars 2019 ;

 

Considérant la volonté d’ASA PNE que la concertation se poursuive.

 

Aussi, sur proposition de Sandrine Mées, Pascal Julien, David Belliard, Jérôme Gleizes et des élu.e.s du Groupe écologiste de Paris (GEP), le Conseil de Paris émet le vœu que :

  • le projet renonce à la réalisation d’immeubles hauts et privilégie la création de quartiers à taille humaine, et donc renonce à la modification du PLU qui lui est lié,
  • qu’au moins 50% des logements prévus soient des logements sociaux, et que les logements privés soient adossés à l’Organisme de Foncier Solidaire,
  • le projet renonce à la construction d’un immeuble pont, afin de ne pas poursuivre une politique onéreuse et peu durable de couverture du périphérique.

 

 


Le vœu a été rejeté  




Intervention
 de  Sandrine MÉES, conseillère de Paris 

 

Le groupe Ecologiste reconnaît l’ambition de ce projet, à savoir l’aménagement d’un site compliqué situé à proximité d’un grand ensemble qui a mal vieilli. Nous constatons avec satisfaction que certaines demandes des habitantes et des habitants ont été retenues lors de la concertation. Nous pensons notamment à la suppression de l’immeuble qui était prévu sur le parvis de la future salle omnisports. Est-ce que vous pouvez nous éclairer sur le caractère définitif ou non de la suppression de cet immeuble ? Est-ce qu’un bâtiment sera quand même construit à cet emplacement après les Jeux Olympiques, car je trouve que cela n’est pas clairement affirmé dans la délibération ? Est-ce que vous pourrez répondre à cette première question ?

D’autre part, le dialogue avec les habitants ne doit pas s’interrompre. L’ »Association pour le Suivi de l’Aménagement Paris Nord-Est » a indiqué qu’il lui semblait nécessaire de poursuivre la discussion sur certains points. Nous espérons que, malgré la clôture de la concertation, le dialogue continuera.

Sur la programmation bâtie, nous formulerons quelques remarques. Nous sommes en désaccord avec la construction de deux immeubles de 50 mètres. L’objectif est de rentabiliser le foncier. Or, les habitantes et les habitants ne sont pas particulièrement demandeurs de la construction de nouveaux bâtiments en hauteur, et ils l’ont souvent exprimé pendant la concertation. Les documents annexés à cette délibération nous rappellent que cette emprise bénéficie d’une vue dégagée. Préservons cette ouverture paysagère qui constitue aussi notre patrimoine commun.

Je parle toujours des deux bâtiments de 50 mètres. La hauteur prévue nécessite une modification du plan local d’urbanisme. Nous ne voulons pas que des projets d’aménagement intègrent comme une évidence un déplafonnement des hauteurs qui ne fait pas consensus, mais nous aspirons à des quartiers à taille humaine. Nous trouvons dommage de construire des bâtiments aussi massifs aux portes de Paris, comme si l’on devait recréer une frontière.

Je vais maintenant parler de la programmation logement. Sur les 41.000 mètres carrés de logements prévus, seulement 35 % sont des logements sociaux, pour 65 % de logements intermédiaires et libres. Nous pensons aux milliers de personnes en attente sur les listes de demandeurs de logement social, et nous demandons de notre vœu qu’au moins 50 % des logements prévus soient des logements sociaux.

Nous souhaitons également, pour éviter la spéculation qui peut avoir lieu sur les nouveaux quartiers, que les logements privés soient adossés à l’organisme de Foncier Solidaire qui est mentionné dans la délibération, mais de manière vague. C’est ma deuxième question. Nous aimerions être assurés que ce nouvel outil sera utilisé de manière importante sur cette opération.

Concernant la programmation bureaux, 50.000 mètres carrés de bureaux, soit un tiers de la surface construite, cela nous semble beaucoup. La priorité, selon nous, n’est pas aux bureaux, mais au partage du travail et à la transition énergétique du territoire en créant des emplois là où les personnes logent, c’est-à-dire dans toute la Métropole.

J’en viens maintenant au problème du périphérique. Nous étions les premiers, avec l’opération « Carré vert », en 2008, à dénoncer cette autoroute urbaine, les nuisances pour la santé qu’elle entraîne et le modèle de ville anti-écologique qu’elle perpétue. La construction d’un immeuble-pont qui est dans le projet ne prend pas en considération les futures physionomies et usages du périphérique. Notre vœu demande de renoncer à cet immeuble-pont afin de ne pas poursuivre ue politique onéreuse et obsolète de couverture du périphérique. Si nous émettions une ambition collective, en réalité, le périphérique pourrait être totalement débarrassé de ces nuisances actuelles à l’horizon 2030.

La Ville semble admettre que le périphérique doit être transformé car il n’est pas viable écologiquement, mais continue comme avant à construire mur-écrans, immeubles-ponts, et à accueillir à proximité du périphérique des équipements sensibles comme les crèches. Rien, pas même les études santé annexées à cette délibération, ne nous assure que le positionnement d’écrans génère une baisse conséquente et acceptable des polluants, donc rien ne permet d’être sûr que les habitants seront protégés.

Les premières livraisons de logements sont prévues pour 2025. On avait bien le temps de réfléchir à un projet qui ne préemptait pas le futur du périphérique.

Voilà quelques éléments qui font que, pour nous, ce projet, bien qu’indispensable, ne nous satisfait pas totalement sur ses ambitions programmatiques, et le suspens reste entier avant l’intervention de mon camarade Pascal JULIEN.

 

Intervention de Pascal Julien , Conseiller de Paris 

Que dit l’étude « Air et santé » jointe à la délibération ? Extrait, page 99 : « La campagne de mesures réalisée en septembre 2018 a mis en évidence un secteur impacté par la pollution ». Concentration d’oxyde d’azote : elle ne respecte pas les normes de qualité de l’air, et ce, sur l’ensemble du domaine d’étude. Concentration en benzène : elle dépasse les normes sur les sites de proximité routière, dont un terrain de sport. Les dépassements de valeurs limites sont observés sur beaucoup de sites sensibles du domaine d’étude (écoles, équipements, terrains de sport). L’influence du périphérique sur cette pollution est mise en évidence.

Page 37, le tableau 15 montre que sur 17 sites mesurés, 16 sites dépassent les valeurs limites en dioxyde d’azote et en particules fines PM 2.5.

 

Page 66 : « A l’état projeté, le bâtiment pont et la nouvelle crèche sont exposés à des teneurs en dioxyde d’azote supérieures à la valeur limite, les particules fines 2.5 ne respectent pas l’objectif de qualité ».

 

Une dernière. Le tableau 36, page 72, met en évidence qu’une partie des nouveaux habitants à l’état projeté seront exposés à des teneurs supérieures à la valeur en PM 10 sur le diesel. L’étude conclut que, « au vu de ces dépassements, un risque sanitaire aux particules diesel ne peut être exclu pour les populations riveraines pour l’ensemble des scénarios ».

Jean-Louis MISSIKA, avez-vous lu ces 125 pages ? Mépriseriez-vous les experts ? La Mairie informera-t-elle de ces risques les futurs habitants, entreprises et salariés, et visiteurs, qui accéderont à des bâtiments et des logements flambant neufs, dont les promoteurs auront tant vanté les qualités ?

 

Deuxième sujet. Avec seulement deux mètres carrés par habitant, Paris est l’une des métropoles où la nature en ville est la moins présente. Sur ces grands projets d’aménagement, il aurait été impératif de rattraper le déficit. Hélas !

 

Sur les 20 hectares de la parcelle, la programmation prévoit 55.000 mètres carrés d’espaces verts, dont la moitié accessible au public. Je lis : « Le traitement du sol envisagé devra permettre de réduire les surfaces imperméables et favoriser la pleine terre pour renforcer les trames vertes est-ouest et nord-sud ». J’ai l’impression de lire un cahier des charges que je vois passer en commission d’appel d’offres. C’est la phrase standard que l’on voit partout et qui ne mange pas de pain.

 

Le « Plan Biodiversité » projette d’atteindre 40 % de territoires en surfaces perméables végétalisées d’ici 2050. Ce n’est pas avec un tel projet qu’on y arrivera. En réalité, l’absence d’objectifs chiffrés concernant l’environnement révèle une fois de plus que l’environnement est la variable d’ajustement préférée de certains.

 

Je lis encore : « Sur près de 470 arbres existants, environ 35 à 40 % seront abattus ». C’est énorme, même si le projet prévoit une compensation a minima d’un pour un. Notre vœu demande que la rangée d’arbres qui longe le boulevard Ney soit maintenue, demande partagée par d’autres associations.

 

Ce projet d’aménagement ne peut être apprécié et compris que dans la perspective du grand aménagement Paris Nord-Est et de l’échelle métropolitaine. Or, la création du jardin Chapelle Charbon, qu’il fasse trois, quatre ou six hectares, ne comblera pas le déficit actuel et ne suffira pas à absorber les besoins des habitants et usagers de ces nouveaux quartiers qui ne comporteront finalement aucun espace vert de grande envergure.

 

Bonne nouvelle, les amis ! En 2025, les usagers de drogue auront disparu, ceux qui fréquentent aujourd’hui tout le secteur. Ils auront disparu par évaporation, sans report sur les quartiers voisins. En voilà une bonne nouvelle ! Comme on n’y croit pas trop, nous avons déposé un amendement en faveur de l’ouverture de structures temporaires dédiées à l’accueil de ces personnes malades, et que cela fasse l’objet bien sûr d’une concertation qui ne doit pas s’interrompre. Cela a été dit par d’autres orateurs avant moi.

 

Autre sujet, l’Arena prend la place prévue pour le « Marché des Cinq continents ». C’est pour cela que nous avons déposé un vœu. Je ne développe pas, cela a été dit par d’autres orateurs avant moi.

 

Je conclus. Nous ne partageons pas vos priorités de programmation qui forment le cadre imposé dans lequel s’inscrit une concertation qui ne peut changer les choses qu’à la marge. Vos priorités de programmation font de l’environnement une variable d’ajustement, ce que j’ai affirmé dès la première réunion de concertation concernant ce secteur. C’est pourquoi nous nous abstiendrons sur cette délibération.

 

Nous demandons que la concertation continue. Contrairement à ce qu’on nous a raconté, nous sommes pour la concertation. Je ne suis pas le seul à l’avoir demandé. Nous maintenons cet amendement.

 

 

 

 

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