Budget primitif 2018
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Intervention de David Belliard relative au budget primitif 2018

 

Madame la Maire,

Mes chers collègues,

Le contexte d’élaboration de notre budget est un contexte très particulier, marqué, quoi qu’en dise notre ancien adjoint aux finances, par la continuation de la tendance à la baisse des dotations de l’Etat pour les collectivités en général et la nôtre en particulier, et cela malgré l’affichage mensonger du Gouvernement.

En effet, la tendance baissière se confirme via certes le maintien de la dotation pour 2018, mais aussi en parallèle via l’augmentation des péréquations et la nouvelle contrainte sur les dépenses de fonctionnement qui pèse sur notre ville et enfin à travers la confirmation des 13 milliards d’euros d’économie demandés aux collectivités dans les prochaines années.

Je retiendrai, en plus de cette confirmation, un élément nouveau qui vient marquer notre discussion budgétaire : c’est l’incertitude. Incertitude sur la manière dont le Gouvernement souhaite contractualiser avec les collectivités, incertitude sur ces exigences et sa stratégie. Incroyable situation quand on sait que c’est cette même incertitude qui est fustigée par les économistes libéraux proches du Gouvernement, qui nous expliquent que l’investissement privé et l’activité des entreprises détestent rien de moins que l’incertitude. Ce qui est mauvais pour le privé ne le serait pas pour le Gouvernement. Mauvais pour les collectivités publiques. Etrange façon d’aborder le dialogue que d’introduire un « deux poids, deux mesures », si ce n’est peut-être que ce dialogue est empreint d’une forme de mépris du pouvoir central pour les collectivités territoriales.

C’est cette vision très jacobine des choses, empreinte d’une culture politique française qui nous empêche d’appréhender les phénomènes locaux et sous-estime très largement l’impact des initiatives territoriales dans l’économie et la transition écologique notamment, c’est cet état d’esprit qui nous fait craindre que la contractualisation annoncée, contre laquelle d’ailleurs nous ne sommes pas opposés a priori, telle qu’elle est abordée, ne se transforme en une pure et simple mise sous tutelle. Le retour à une forme de centralisation, habillée de nouveaux termes technocratiques ou juridiques, serait une grave erreur tant on voit à quel point l’échelon local est le bon échelon pour répondre aux enjeux territoriaux mais aussi globaux.

Dans ce contexte, nous pouvons nous satisfaire que notre Ville continue à déployer une politique volontariste en termes d’investissement, qui ont, rappelons-le, des conséquences positives importantes, ne serait-ce qu’en termes de dynamisme économique, l’investissement des collectivités représentant pas moins de 70 % de l’investissement public global alors qu’elles ne représentent que 9 % de la dette. Toujours dans un souci de maîtrise de l’endettement de la Ville, qui reste d’ailleurs sous la moyenne d’endettement des autres métropoles françaises pour 2018, nous investirons pour 1,7 milliard d’euros cette année.

Ces investissements marquent notre volonté ferme et constante de répondre aux enjeux qui sont les nôtres aujourd’hui. Des enjeux climatiques bien sûr, car il ne suffit pas de déclamer dans notre Conseil de jolis discours. Il faut agir et cette action, nous le savons, passe par une transformation de l’espace public, par la réduction de la voiture individuelle, par l’investissement dans les pistes cyclables ou encore par l’isolation des bâtiments.

L’opposition municipale est d’ailleurs passé maître dans le jeu de l’ambiguïté, voire de la contradiction, se piquant de mots sur la nécessité cruciale de répondre aux enjeux climatiques dans les séances de notre Conseil mais ne ratant aucune occasion d’hurler avec les loups dès qu’on aménage une piste cyclable le long des berges de Seine, par exemple. Paradoxe étonnant, sans doute plus révélateur de sa proximité avec les lobbies. D’ailleurs, le recrutement de François FILLON pour renforcer les rangs des lobbyistes automobiles n’est qu’un modeste exemple d’une incapacité à comprendre que face aux enjeux environnementaux, tout est lié.

Deuxième enjeu et non des moindres, c’est celui de l’égalité. Depuis le début des années 2000, les inégalités explosent, permises au passage par une politique de dérégulation plus ou moins appuyée, qui a fragilisé dangereusement les mécanismes de redistribution. A Paris, la spéculation immobilière accentue le phénomène, chassant du parc de logements privés une très grande partie de la classe moyenne et augmentant les inégalités de richesse entre l’Ouest et l’Est de la Capitale. A ce titre, la décision du Tribunal administratif mettant à bas l’encadrement des loyers est une terrible nouvelle qui fait tomber une digue dans la régulation du marché locatif privé dans la Capitale.

C’est la raison pour laquelle nous avons demandé un renforcement de l’A.D.I.L., afin de préserver au maximum le droit des locataires. Je ne doute d’ailleurs pas qu’un accueil favorable de l’Exécutif nous sera accordé sur ce point. Tout comme nous restons mobilisés pour maîtriser la croissance exponentielle des locations saisonnières de type Airbnb, qui accentue la pression sur le marché et soustrait au parc locatif des milliers de logements. Plus globalement, notre budget prévoit de préserver des dispositifs de rééquilibrage avec un nouvel effort significatif sur les quartiers populaires, avec 30 % du budget qui leur est consacré, et un effort sur les plus fragiles. Pour nous, cette solidarité est un point crucial.

Evidemment, tout n’est pas parfait. Nous pensons que pour préserver un niveau d’imposition relativement bas, il nous faut chercher de nouvelles recettes, notamment auprès de ceux qui tirent profit de l’exploitation de l’espace public, trop souvent bradé au profit d’intérêts commerciaux particuliers. De la même manière, et nous y sommes revenus à plusieurs reprises ces dernières années, nous voulons renforcer l’exigence éthique vis-à-vis de nos partenaires, l’optimisation fiscale agressive et massive, tout comme d’ailleurs l’investissement dans le carbone, ne peuvent plus être tolérés chez nos partenaires, que trois banques françaises – la Société Générale, la B.N.P. et le Crédit Agricole – aient augmenté leur investissement dans le charbon en 2016, doit nous obliger à réduire nos relations avec elles.

Mais je ne vais pas développer plus en avant et je vais laisser mes collègues Jérôme GLEIZES, Sandrine MÉES et Yves CONTASSOT vous présenter nos vœux et amendements sur des sujets pour nous essentiels relatifs à la mise en œuvre du Plan Climat, aux questions d’intégration ou encore à la propreté de notre ville.

Je vous remercie.

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