Plan Climat Air Energie
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Réponse de Célia Blauel aux interventions relatives au Plan Climat Air Energie

 

Merci, Madame la Maire, merci, chers collègues, pour ce débat effectivement très riche. Merci pour vos soutiens. J’espère qu’à la fin de mon intervention vous serez toujours dans le même état d’esprit.

Je souhaiterais avant d’entrer dans le vif du sujet moi aussi débuter mon intervention en adressant un certain nombre de remerciements car ce document – je l’ai dit à plusieurs reprises – est avant tout le fruit d’un important travail de plus de 2 ans qui a mobilisé des centaines de personnes. Je ne les citerai pas toutes, rassurez-vous, mais je souhaiterais remercier chaleureusement d’abord les équipes de l’Agence de l’écologie urbaine sous la direction de Yann FRANÇOISE pour leur mobilisation, qui sont d’ailleurs présentes avec nous en tribune cet après-midi et pour le travail important de coordination qu’elles ont mené sur ce plan, mon cabinet au grand complet, qui n’a pas chômé, tous les adjoints et adjointes, maires et élus d’arrondissement, leurs équipes et leurs directions et enfin tous les partenaires de la Ville, Conseil parisien de la jeunesse, acteurs du Paris durable, Agence parisienne du climat, énergéticiens, entreprises, climatologues, experts ou encore représentants des grands réseaux de ville, qui ont contribué à la rédaction de ce document très ambitieux. Merci à vous aussi, chers collègues, pour vos contributions qui vont encore permettre d’enrichir le document.

J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, ce nouveau Plan Climat Energie Territorial est un document majeur pour notre mandature. Avec ce plan, Paris affirme une ambition forte pour faire face au dérèglement climatique et ses conséquences pour les populations ici et ailleurs. Paris prend vraiment toutes ses responsabilités en étant la première ville au monde à se doter d’un plan pour viser 100 % d’énergies renouvelables et la neutralité carbone de toutes ses émissions à l’horizon 2050, comme le prévoit l’Accord de Paris.

En effet, ce plan s’inscrit évidemment dans la continuité des politiques climat de la Ville mais il se veut et a été pensé comme une réponse forte à ce moment qui a été celui de la COP 21 il y a maintenant 2 ans. Il y a 2 ans, les Etats du monde entier se sont clairement engagés pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés et en en limitant autant que possible les effets sur nos sociétés, même si quelques climatosceptiques tristement célèbres continuent de sévir. Depuis la COP 21, il n’est plus possible de douter ou d’attendre une énième étude scientifique pour agir et il est de la responsabilité de tous et d’autant plus de nous, responsables politiques, d’agir.

Deuxième élément important de cette année 2015. Cela a été le constat que certes l’urgence écologique était là mais les solutions aussi. 2015 a été un incroyable moment de démonstration des solutions de la transition écologique et de la mobilisation de tous les acteurs de terrain. La transition écologique est possible et elle est même une opportunité pour nos habitants et nos territoires.

A ce titre et ce sera mon troisième point, mobilisation des acteurs de terrain au premier rang desquels les villes, ces villes qui sont responsables de près de 70 % des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi les territoires de la mise en œuvre des solutions depuis plus d’une décennie.

Le leadership de Paris sur ces questions depuis 10 ans a été fortement reconnu à cette occasion et nous avons encore tous en mémoire ce moment fort du sommet des mille maires accueilli ici au sein de l’Hôtel de Ville, un sommet qui a fait la part belle à la politique dans son sens le plus noble du terme, d’autant plus qu’il se tenait dans un contexte très particulier comme vous vous en souvenez. Durant ce somment, les villes ont en effet affirmé leur engagement face au dérèglement climatique en plaidant pour une vision très forte dans laquelle lutter pour le climat signifie concilier préservation de la planète, justice sociale et solidarité internationale, dans laquelle on dépasse la simple question environnementale pour redonner du sens et poser une vision pour nos sociétés et a fortiori pour nos villes.

C’est vraiment avec ces trois enjeux de contexte que nous avons élaboré ce plan qui pose effectivement une vision de Paris à 2050 et qui s’adosse sur un plan d’action 2018-2030.

Avant de rentrer dans les réponses à l’ensemble de vos questions et interventions, je souhaiterais tout de même lever trois ambiguïtés et contradictions qui ont pu être soulevées sur la forme, sur les objectifs, la temporalité et la méthode. Oui, les objectifs, je le redis, sont ceux de la COP 21 – nous n’avons d’ailleurs eu cesse de le répéter. Ce que Paris apporte de plus par rapport à ces objectifs, c’est bien le passage à l’acte car c’est bien de rentrer dans les engagements, de célébrer la COP 21, mais il faut agir. C’est vraiment l’objet de ce Plan et c’est en cela que nous sommes les premiers sur ces sujets.

Deuxièmement, sur la temporalité, j’ai entendu beaucoup de choses sur les calculs politiciens qu’il fallait voir dans la temporalité de ce Plan Climat, oui, il y a une première échéance, à 2020, car elle correspond à la demande d’accélération des scientifiques. Il faut agir, c’est notre responsabilité en tant qu’élus de porter des actes en termes de politiques publiques. Si nous ne l’avions pas fait, sans doute que certains d’entre vous auraient été les premières à nous le reprocher.

C’est donc avec force et conviction que d’ici à 2020 nous mettrons en œuvre le plan de lutte contre la pollution de l’air. Nous mettrons en œuvre une stratégie alimentaire, des schémas directeurs de l’énergie, le programme « Éco-rénovons », les nouveaux programmes de centrales solaires, que nous déclencherons de nouveaux financements novateurs, etc. Vous voulez du concret, je pense qu’il y en a. Mais c’est aussi un engagement à 2030 parce que oui, cette question du climat nécessite une action de long terme pour engager des changements structurels et, pour ce faire, un plan déconnecté des échéances électorales pour nous engager collectivement vers l’avenir.

Enfin, troisième point, sur la question de la méthode, oui, puisque vous semblez en douter, ce Plan agit bien sur deux leviers d’action, celui de la Ville d’abord, sur nos infrastructures, sur nos politiques publiques, mais engage la Ville aussi en tant que mobilisatrice d’acteurs, acteurs à la fois de la société civile, du citoyen jusqu’à la grande entreprise parisienne, mais aussi les territoires puisque ce Plan s’inscrit totalement dans une logique de partenariat avec la Métropole ou encore les territoires ruraux, avec lesquels nous travaillons. Je ne peux que citer de nouveau le très bon exemple mis en avant par François VAUGLIN du travail sur les aires de captage Eau de Paris où nous parlons agriculture et alimentation durable.

Cela étant dit, je vais m’efforcer de répondre à l’ensemble de vos vœux et amendements en balayant les grands leviers d’action du Plan et les grands sujets d’action.

Premier volet important de ce Plan, c’est évidemment la question de l’énergie. Vous y êtes tous passés avec une équation à résoudre d’ici 2050 de réduire de 50 % nos consommations d’énergie et de porter à 100 % les énergies renouvelables. Cela passera par différents leviers d’action. Nous avons bien l’intention d’exploiter d’abord tout le potentiel de Paris en termes d’énergies renouvelables, le solaire, la géothermie, les énergies de récupération. Dans ce contexte, je ne peux que donner un avis favorable à la proposition des élus Ecologistes de lancer à l’échelle de la Métropole, dans le Plan Climat Energie métropolitain, une stratégie métropolitaine de développement de la géothermie. La spécificité de cette énergie appelle cette dimension métropolitaine.

Mais nous souhaitons aussi voir émerger de plus en plus Paris comme actrice de la production des énergies et là aussi donner un avis favorable aux propositions des Ecologistes à la fois de soutenir l’idée d’une entreprise publique locale de production d’énergies renouvelables pour laquelle nous pourrions lancer une étude, et de pouvoir soutenir tous les dispositifs citoyens de production d’énergies renouvelables qui émergent de plus en plus sur notre territoire.

Première dimension : production de l’énergie renouvelable. Deuxième dimension : Paris entend bien jouer son rôle d’autorité organisatrice sur ses grands réseaux. Nous aurons à discuter dans cette Assemblée d’ici un an des grands schémas directeurs de l’énergie, en référence à l’intervention de Florence BERTHOUT. Sur ces grands sujets, nous ne sommes pas en reste et le Plan Climat prévoit en effet que nous allions encore plus loin sur ce sujet.

Evidemment, Paris ne pourra faire ce développement des énergies renouvelables sans faire fi du contexte global dans lequel nous nous inscrivons, contexte à la fois français et européen et qui doit fortement évoluer, d’autant plus que nous avons parfois un sujet d’accord et de désaccord avec les élus Communistes. En effet, comme vous le dites – je crois que nous sommes d’accord – ce Plan Climat plaide pour une organisation décentralisée de l’énergie. C’est la clé pour arriver à produire plus d’énergies renouvelables.

En ce sens, je vais rendre un avis défavorable sur votre vœu qui prône la mise en œuvre d’un service public national de l’énergie, alors que nous sommes plutôt dans une logique décentralisatrice sur ces sujets. Pour autant, je vous rejoins totalement sur le fait que, dans un premier temps, il va nous falloir avancer sur un certain nombre de questions, sur le fait que le débat est devant nous et qu’il faut évidemment soutenir les politiques nationales, notamment celles de l’hydraulique, comme vous le disiez dans ce volet de soutien aux énergies renouvelables.

Nous devons avoir rapidement un débat plus profond sur ce qu’est ce service public de l’énergie sur lequel nous souhaitons atterrir demain, ce service public de l’énergie qui doit pouvoir concilier production durable décentralisée citoyenne et lutte contre la précarité énergétique ou encore qui introduit la notion de bien commun. Je crois que nous avons débuté cela mais nous y reviendrons. Il faut également voir dans quelle mesure – c’est une préoccupation que je partage pleinement avec vous et je prendrai un avis favorable sur votre amendement – nous devons organiser un service public de la donnée qui puisque vraiment garantir la bonne utilisation de ces données et un cadre public pour éviter toute utilisation à des fins commerciales. Voilà sur le sujet de l’énergie.

Autre enjeu majeur de ce Plan Climat : la question des bâtiments. Nous aurons d’ici à 2050 à rénover un million de logements et 50 millions de mètres carrés de bureaux et de tertiaire. Je souhaite d’abord sur ce sujet, dans un premier temps, rétablir un certain nombre de chiffres faux qui ont été donnés. Oui, aujourd’hui, Paris a déjà un très bon bilan en la matière. Ce sont près de 32.000 logements sociaux qui ont été rénovés thermiquement depuis 2008, 30.000 logements nouveaux qui ont été construits aux nouvelles normes thermiques, le tout sur 200.000 logements sociaux.

Cela n’est pas peu mais il s’agit d’aller plus loin avec ce Plan Climat, comme cela est mentionné dans le plan. C’est aller plus loin aussi sur les copropriétés privées. Nous avons un premier bilan positif du programme « Eco-rénovons ». Sur ce sujet, nous voulons aller plus loin, mais nous assumons aussi d’avoir besoin aujourd’hui d’une mobilisation globale de l’Etat. Nous avons besoin d’un cadre de financement, nous avons besoin d’une obligation à la rénovation. La Ville là-dessus ne pourra pas faire seule et nous assumons pleinement ce sujet.

Et nous allons aussi avancer sur cette question du bâtiment, sur le sujet du tertiaire. Cela me permet de faire un zoom sur une proposition du groupe Ecologiste, là aussi de donner un avis favorable sur cette idée de mobiliser encore plus l’Agence parisienne du climat pour embarquer avec nous les grands acteurs du tertiaire parisien.

Sujet suivant qui est important, c’est celui évidemment des mobilités : j’aimerais redire ce que j’ai dit plein de fois depuis le début de cette concertation : le Plan Climat ne peut être réduit au sujet des mobilités, comme la politique des mobilités ne peut être réduite à un sujet anti-voiture. Au contraire, on est dans quelque chose de bien plus global. On cherche à sortir des fossiles pour aller vers des énergies propres.

Sur la mobilité, Paris fera preuve d’exemplarité et qu’un certain nombre des vœux déposés par les différents groupes seront effectivement repris.

Oui, nous allons chercher à inciter les comportements les plus vertueux et, dans ce cadre, je reprends avec un avis favorable la proposition du groupe LR des dispositifs de sanction, la proposition des Ecologistes de voir des espaces de « co-working » émerger sur le territoire métropolitain, d’avoir évidemment plus de moyens pour les transports en commun portés par les élus communistes, ou encore de toutes les mesures qu’a citées Thomas LAURET pour aller plus loin pour inciter les gens à aller sur des véhicules propres.

Je vais donc être obligée d’aller très vite mais je vais tout de même aborder les trois autres sujets importants que vous avez soulevés.

L’alimentation. Oui, c’est un sujet important et nous faisons le choix de nous attribuer les émissions liées à l’alimentation. Il n’y a pas rien pour la mise en œuvre du régime flexitarien et nous reviendrons dès le mois de février dans ce Conseil où je porterai la stratégie alimentaire de Paris. vous verrez qu’on a des leviers aujourd’hui pour, de l’assiette à la planète, faire évoluer notre mode d’alimentation.

Pour autant, on va avancer dès ce Plan Climat avec un avis favorable donné à la mise en œuvre d’un deuxième repas végétarien hebdomadaire dans les cantines. Sur l’étude d’un plat alternatif végétarien dans la restauration scolaire, c’est Aurélie SOLANS qui reprendra le flambeau sur cette question du plan d’alimentation durable. Et ce sera un avis favorable aussi au vœu communiste sur la question de la politique des halles alimentaires.

Un mot rapide sur la mobilisation et la gouvernance. Nombre d’entre vous l’ont dit, 80 % des émissions de gaz à effet de serre de notre territoire sont le fait d’émissions privées, si on peut le dire ainsi. Donc un des grands enjeux de ce plan et des grandes nouveautés a été d’embarquer de plus en plus d’acteurs à nos côtés pour faire cette transition écologique.

Je souhaite simplement dire à Nicolas BONNET-OULALDJ que cela ne veut pas dire pour autant que nous renonçons aux politiques publiques, et ce plan en tant que tel est un exercice de planification de la transition écologique.

Pour autant l’idée est d’aller encore plus vite dans la mobilisation, de faire une gouvernance élargie en intégrant de nouveaux acteurs à nos côtés. Certes, de faire avancer aussi la notion de direction exemplaire, comme nombre d’entre vous l’ont souhaité dans leurs vœux. Mais c’est mettre en œuvre aussi de nouveaux dispositifs et renforcer, comme notamment les Républicains et les Ecologistes l’ont soulevé, nos programmes d’éducation à l’environnement pour, dès le plus jeune âge, amener les enfants à se poser des questions.

Je vais vraiment très rapidement, j’avais beaucoup de choses à dire.

Dernier point qui était au sujet du financement. Là aussi, c’est un volet novateur dans ce Plan Climat, puisque le Plan Climat propose de mobiliser tous les outils qui sont là pour assurer la transition du secteur financier. Je veux pour preuve des outils qui vont de la levée de nouveaux bonds, comme on l’a fait avec Emmanuel GRÉGOIRE la semaine dernière avec un gros succès : 300 millions d’euros récoltés pour la rénovation thermique de nos équipements, mais aussi la mobilisation d’outils participatifs.

Pour autant, je souscris à vos propositions de relancer le plaidoyer pour l’établissement d’une redevance d’écotaxe sur le périphérique, tel que proposé par les Républicains. De relancer aussi l’idée d’affecter la contribution climat énergie au projet de la transition écologique des collectivités, tels que le proposent les écologistes. Ce serait de bonne augure de revoir cette incohérence de l’histoire. Là aussi, comme le proposent les Communistes, c’est exclure les secteurs émetteurs d’émission de gaz à effet de serre de nos financeurs. Là, je répondrai aussi à Pascal CHERKI en disant qu’il se trouve que la Ville de Paris est déjà intégrée dans le mouvement « Divestment » qu’il a cité, puisque depuis 2015 nous sommes positionnés en soutien à ce mouvement de 350.org.

Voilà très rapidement, Monsieur le Maire, mais on y reviendra peut-être dans la liste.

Je souhaiterais tout de même dire un mot de conclusion puisque j’ai été vite sur ces sujets. Simplement dire que ce plan est loin d’être une liste à la Prévert d’actions. Ces 500 actions posent vraiment la vision d’une ville qui, au milieu du siècle, sera considérablement transformée, qui aura fait sa transition écologique, et une ville dans laquelle chacune et chacun vivra mieux tout en préservant la planète.

Nous avons élaboré ce plan avec une double préoccupation : celle du moyen terme qui est d’améliorer la qualité de vie et aussi d’introduire une notion de transition juste, et de ne laisser personne au bord du chemin, tout en se projetant dans l’avenir et en préservant la planète.

Oui, Paris aujourd’hui est à l’action, oui nous sommes passés des paroles aux actes. C’est bien, comme je le disais, de célébrer la COP 21, mais c’est encore mieux de passer aux actes. Paris aujourd’hui est la seule ville au monde, peut-être même la seule entité, à adopter un plan de cette envergure. Je vous mets au défi d’en trouver une autre de ce type avec les moyens dédiés.

Même si, pour l’instant, on a le sentiment d’une inertie globale liée aux COP ou à l’action à l’échelle nationale, je crois que cela ne doit pas nous empêcher d’agir et surtout cela ne doit pas cacher l’important mouvement qui est en cours en ce moment dans notre société.

Pour ma part, je suis très fière du travail réalisé. Certes, ce n’est qu’une première étape, une première adoption avant la consultation des Parisiens et un nouveau passage devant notre Assemblée, mais nombre d’entre vous l’ont dit : la lutte contre le dérèglement climatique est une nécessité vitale pour l’avenir des sociétés humaines.

Même si le chemin est difficile, avec ce plan, Paris tient le cap en renforçant des politiques engagées et en ouvrant de nouveaux champs pour engager des changements structurels. Au regard de son histoire, Paris est à la hauteur du défi qui est devant nous et Paris est à l’action et, comme le résume le titre de ce plan que je vous invite à faire vôtre, ici, demain, ensemble pour le climat.

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