Irma : aide d’urgence
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Intervention de David Belliard relative à l’aide d’urgence suite à l’ouragan Irma

 

Mes chers collègues, cette délibération concerne l’aide d’urgence octroyée à la Croix-Rouge française et la Fédération nationale de protection civile suite au passage de l’ouragan Irma, ouragan de catégorie 5, un des plus puissants jamais enregistré.

Au nom des élus de mon groupe, nos pensées vont évidemment à toutes les victimes de cet ouragan et nous soutenons l’aide que notre Ville va apporter via cette subvention aux îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Bien entendu, nous la voterons comme nous soutenons d’ailleurs le projet d’un concert de solidarité pour aider les sinistrés.

Permettez-moi de profiter de cette intervention pour poser quelques éléments qui me semblent essentiels dans le débat. Je ne reviendrai pas ici sur l’ampleur des dégâts, sur les comparaisons avec d’autres cyclones ou sur les nombreux articles s’interrogeant pour savoir si, oui ou non, les ouragans Maria, Harvey, Irma, José, tous plus puissants les uns que les autres et qui viennent de frapper le Nord-Ouest de la Caraïbe, le Sud-Est des Etats-Unis, la Guadeloupe et la Martinique sont dus au réchauffement climatique.

Comme l’a rappelé mon collègue Yann WEHRLING, certains entretiennent encore le flou, jouant encore de débats scientifiques, laissant planer le doute sur l’exactitude des modèles mathématiques. Mais nous n’avons malheureusement plus le luxe de cette confusion factice et de ce doute évanescent. Aujourd’hui, nous le savons, cette multiplication d’événements climatiques extrêmes est la conséquence directe des changements climatiques dont la première cause est à chercher dans notre modèle de développement, surconsommateur de ressources et d’énergie, producteur d’inégalités et déstabilisateur des grands équilibres environnementaux.

Actuellement, il n’est donc plus temps de douter. Il est temps d’agir, d’abord, en mettant en place une stratégie d’adaptation à cette nouvelle donne environnementale et climatique et en changeant le paradigme urbanistique qui a prévalu jusqu’ici. A la Nouvelle-Orléans, la destruction des zones humides et la construction d’un système urbain très dense ces dernières décennies ont fragilisé la région, amplifiant les conséquences catastrophiques de l’ouragan Katrina en 2005, notamment en accentuant la pénétration des vagues à l’intérieur des terres et en limitant l’évacuation des eaux générées par la pluie et le débordement des lacs adjacents. Avec, au bout du compte, des zones inondées et des dizaines de milliers de personnes en grande détresse.

En France, en 2010, la tempête Xynthia a dévasté les zones sableuses de basse altitude qui depuis les années 1950 ont été fortement urbanisées et rendues moins résilientes aux événements climatiques extrêmes.

Cette urbanisation sans prise en compte du risque climatique, qui bétonnise, densifie et tord les paysages par seul souci de rentabilité, nous rend extrêmement fragiles face aux déchaînements naturels plus fréquents et plus intenses. Là-encore, on l’a vu lors des événements récents qui ont concerné les territoires d’Outre-mer présentant de fortes différences de richesses, ce sont les plus pauvres, ceux qui habitent dans les habitations les plus fragiles, dans les zones les plus exposées et qui n’ont pas les ressources pour répondre rapidement aux fluctuations météorologiques, qui en sont les premières victimes. Ce qui rend d’ailleurs encore plus essentiel la solidarité de notre Ville en ciblant particulièrement les territoires et les populations les plus fragiles.

L’aménagement du territoire et en particulier urbain doit donc prendre en considération la réalité des risques naturels et l’intégrer dans toutes les politiques publiques, qu’elles soient menées au niveau local, national ou international.

Nous l’avions déjà souligné à plusieurs reprises lors des débats dans notre Assemblée lors du vote du P.L.U. l’année dernière, en évoquant l’importance de la désimperméabilisation des sols, ou encore lorsque nous nous battons pour conserver des espaces de pleine terre en ville en nous opposant aux grands projets inutiles destructeurs de terres agricoles, comme – ce serait encore le cas pour ce Conseil – pour Europacity. On ne peut donc pas à la fois transformer des terres agricoles en centre commercial très « années 1980 » et en même temps vouloir une stratégie de villes et de territoires résiliente. Il ne s’agit pas d’actions déconnectées les unes des autres, il faut une cohérence efficace, d’ensemble, pour définir un territoire et un écosystème qui au final peut absorber le plus largement possible les effets d’événements climatiques extrêmes.

Les villes, par leur importance, sont au cœur de l’enjeu du réchauffement climatique. Par nos activités et la concentration importante de populations, elles produisent 80 % des émissions de gaz à effet de serre.

Durant ce Conseil, nous allons débattre de la communication sur la première stratégie de résilience de notre Ville, qui constitue une étape importante. En novembre sera également présentée à cette Assemblée la révision du plan Climat-Air-Energie, avec notamment l’objectif de réduire pour 2050 l’ensemble des émissions du territoire de 75 % par rapport à 2004. Tout cela va bien sûr dans le bon sens, pour limiter notre impact sur l’environnement bien entendu, mais aussi pour adapter Paris et plus largement tout le territoire francilien à des événements climatiques extrêmes et notamment aux risques d’inondations.

Les Ecologistes prônent depuis de nombreuses années ces transformations de la vision de la ville et nous souhaitons, au-delà de ces plans, que l’impératif d’un modèle résilient imprègne toutes les dimensions de la politique de notre Ville. Seule cette mise en conformité de tous les pans de notre politique peut au final en garantir la réussite.

Je vous remercie.

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