LVMH et l’ancien musée des Arts et Traditions populaires
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Intervention de David Belliard relative à LVMH et l’ancien musée des Arts et Traditions populaires

 

Merci, Monsieur le Maire.

Chers collègues, nous y revoilà, donc une nouvelle fois un milliardaire s’invite au menu de notre Conseil. Après la Bourse du travail, il y a quelques mois, cédée à François PINAULT, c’est au tour de nouveau à Bernard ARNAULT d’occuper nos débats via le Musée des arts et traditions populaires.

Ce bâtiment, à l’abandon depuis de trop nombreuses années, va être transformé et réhabilité sous la férule de la Fondation L.V.M.H. pour devenir d’ici 2019 un centre de ressources et de travail pour les métiers de l’artisanat, et surtout un multiplex de salles de concerts et d’expositions agrémenté bien entendu d’un restaurant de luxe panoramique, le mécénat ayant toujours comme limite la raison économique.

Ce projet est, sur le papier, un beau projet architectural porté par Frank GEHRY et finira de transformer Boulogne, ce que d’aucuns ont pu nommer dans la presse « Bernard ARNAUD Land » ou « L.V.M.H. Land », car il y a là bien une belle opération pour la multinationale qui pourra s’assurer, à n’en pas douter, de multiples synergies entre la Fondation, le Parc d’acclimatation dont il assure la gestion et enfin l’ex-M.A.T.P. transformé.

Est-ce l’une des raisons pour lesquelles aucune mise en compétition n’a été effectuée avec d’autres porteurs de projets et d’autres propositions, comme cela se fait pour les bâtiments et concessions de la Ville ? Cette absence de mise en concurrence révèle d’ailleurs un problème de méthode et de transparence.

Comme tous les groupes de la majorité, nous avons découvert ce projet lors d’une réunion le jour même où, coïncidence de calendrier, le permis de construire a été déposé par la société. Mais d’être considérés comme des godillots et bien peu de choses face à la question de fond qui fait que jamais l’avenir de ce bâtiment n’a été sérieusement discuté au sein de notre Assemblée ! Cela aurait pu être le cas, s’il avait été intégré, par exemple, dans le processus « Réinventer Paris », si cher à notre collègue Jean-Louis MISSIKA, ce que nous avions proposé alors sans succès. Malheureusement pour la démocratie, mais manifestement heureusement pour L.V.M.H.

L.V.M.H. qui enchaîne d’ailleurs les bonnes nouvelles. Après avoir annoncé un résultat opérationnel courant exceptionnel de 7 milliards d’euros l’année dernière, il s’apprête donc à acquérir la gestion pour cinquante ans de ce qui s’annonce être un nouveau lieu prestigieux pour une somme fort modeste et avec un projet culturel qui reste encore particulièrement flou. Sur ces points, je laisserai d’ailleurs mes collègues, Yves CONTASSOT et Sandrine MÉES, développer notre analyse.

Ce projet, mes chers collègues, questionne la stratégie de la Ville qui, une nouvelle fois encore, met une partie de son patrimoine à disposition de quelques grands groupes qui, via des fondations de mécénat au régime fiscal avantageux, s’assurent des vitrines prestigieuses dans notre ville pour des coûts finalement fort limités.

Pour toutes ces raisons, notre groupe votera, vous l’avez compris, contre les trois délibérations qui concernent ce projet.

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