Manifestation du 1er mai
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Question d’actualité de David Belliard posée au Préfet de Police suite aux interventions policières lors de la manif du 1er mai

 

Monsieur le Préfet, mes chers collègues, mardi 1er mai comme tous les ans se sont déroulés dans toute la France et dans notre Ville des manifestations à l’occasion de la fête des travailleuses et des travailleurs. Plusieurs d’entre nous ont participé à ces rassemblements qui constituent une tradition importante, qui cette année avaient une signification politique majeure et qui se sont déroulés en effet dans un contexte où le gouvernement a lancé plusieurs réformes d’ampleur contestées par une partie de l’opinion publique.

Or ces manifestations ont été perturbées par des actes de vandalisme commis par des personnes dites « casseurs » ou « black blocs », agissant à visage masqué. A leurs actes de vandalisme contre du mobilier urbain et privé, se sont rajoutées de leur part des agressions contre les forces de l’ordre. Tous les responsables politiques associatifs et syndicaux ont immédiatement et vigoureusement dénoncé ces actes de violence. Comme eux, les Ecologistes condamnent fermement ces comportements de violence et de destruction.

Toutefois, si nous condamnons ces actes, permettez-moi, Monsieur le Préfet, au nom de mon groupe, de vous faire part d’un certain nombre d’interrogations sur la stratégie de maintien de l’ordre que vous avez choisie. Ces nombreuses interrogations ont d’ailleurs été relayées par des responsables syndicaux de policiers eux-mêmes. Si vous vous êtes félicité de la faiblesse des casses au regard de l’importance des individus appartenant aux « black blocs », votre stratégie a exposé une partie des manifestants pourtant pacifistes à la violence des affrontements en les soumettant aux tirs de lacrymogènes, ce qui n’a pu que contraindre ces manifestants à quitter le cortège. Cette exposition semble être une des conséquences d’une intervention très tardive et sur des effectifs qui apparaissent manifestement sous-dimensionnés au regard de l’ampleur des manifestations et des risques. En effet, vos services avaient eux-mêmes alerté la veille sur la très forte probabilité d’actions violentes. En outre, plusieurs témoignages vérifiables et filmés font état de policiers exerçant de manière disproportionnée l’exercice de la violence légitime.

Notre première question porte donc sur les conditions d’intervention pendant ces manifestations. Vous avez seul la lourde responsabilité de garantir ce droit constitutionnel qui est celui de manifester. Quelle a été exactement votre stratégie d’intervention ? Pourquoi avoir attendu avant de donner les ordres ? Quelles ont été vos actions pour prévenir ces débordements ? Quelle enquête comptez-vous mener sur les violences constatées vis-à-vis de certains manifestants ? Au final, quel bilan tirez-vous de cette stratégie dans un contexte de forte charge politique et symbolique qu’elle revêt ? Il est plus que légitime de bien comprendre comment de tels débordements ont pu avoir lieu.

Enfin, plus largement, suite à l’adoption par le Conseil de Paris d’un vœu initié par mon groupe, le Préfet CADOT était venu rendre compte et échanger en 3e Commission à l’automne 2016 sur les difficultés posées à la police par ces casseurs. Nous avions alors formulé des propositions de méthode ayant fait leurs preuves à l’étranger. Votre prédécesseur ayant accepté le principe de reprendre ultérieurement la discussion, nous vous demandons, Monsieur le Préfet, au nom de la continuité de l’Etat, de reprendre dès que possible nos échanges dans le cadre de cette 3e commission. L’objectif serait de présenter un bilan précis des victimes civiles et policières ainsi qu’un bilan des destructions matérielles, de faire état du nombre de procédures disciplinaires engagées contre les fonctionnaires de police et de gendarmerie pour fautes commises à cette occasion ainsi que le nombre de procédures judiciaires engagées contre les casseurs et autres manifestants, et ce que vous souhaiteriez mettre en œuvre pour contenir plus efficacement les actes de vandalisme que nous avons connu le 1er mai. A ce titre, des précisions sur le fonctionnement de la chaîne de commandement seraient souhaitables. Ma dernière question est donc simple : acceptez-vous, comme l’a fait votre prédécesseur, de participer à cette commission et à ses échanges ?

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