Incinérateur d’Ivry-Paris 13
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Intervention de David Belliard relative au projet de reconstruction de l’usine d’incinération d’Ivry-Paris 13.

 

Madame la Maire, mes chers collègues.

Depuis quelques jours, l’enquête publique sur le projet de reconstruction de l’usine d’incinération d’Ivry-Paris 13 est ouverte. C’est un passage obligé avant une autorisation du projet par l’Etat.

Paris, en tant que commune ayant confié le traitement de ses ordures ménagères au SYCTOM, est consultée sur le dossier comportant l’étude d’impact. On nous propose donc de donner l’avis de la Ville et sans surprise, notre groupe votera contre cette délibération.

Pour nous, ce méga projet d’incinérateur nous engage pour 40 ans sur un mode de traitement des déchets qui contrevient à tous les objectifs fixés par la réglementation européenne et nationale. Tout cela pour un coût de 2 milliards d’euros, soit 4 fois supérieur à feu le projet aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Une somme énorme pour un projet qui est déjà obsolète avant même d’avoir commencé et même néfaste pour atteindre la trajectoire de diminution des déchets que nous nous sommes fixée.

Cette analyse est d’ailleurs partagée. La publication de l’avis de l’Autorité environnementale s’inquiète de l’importante différence entre le scénario présenté par le SYCTOM dans le cadre de sa contribution au plan régional de prévention et gestion des déchets et celui de la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2016.

En effet, le SYCTOM annonce dans son scénario volontariste, un besoin de traitement de 1,63 million de tonnes à l’horizon 2031. Or, selon l’autorité environnementale, ce besoin de traitement par le SYCTOM ne serait que de 1,26 million de tonnes en 2031, soit 400.000 tonnes de moins, ce qui invalide de facto l’équilibre économique du projet, manifestement et sans doute volontairement surdimensionné.

Selon le collectif « 3R » qui se mobilise contre ce méga projet, les hypothèses de progression du tri du SYCTOM sont d’ailleurs ridiculement faibles. Il considère que le taux de recyclage ne sera que de 27 % en 2025 et 31 % en 2030. Cela même alors que les objectifs de la loi de Transition Energétique fixent la barre à 55 % en 2020 et que l’Union européenne s’oriente elle aussi vers un objectif à 55 % pour 2025.

J’en profite pour signaler que le Gouvernement a récemment présenté sa feuille de route pour l’économie circulaire, feuille de route à laquelle a largement contribué Antoinette GUHL. Les orientations visent, par exemple, au recyclage de 100 % du plastique en 2025, et de nombreuses collectivités partent à la chasse au plastique. Nous avions à ce titre déposé et fait adopter un vœu visant à la fin du plastique dans les cantines scolaires d’ici 2020.

Un scénario opérant tiendrait de l’évolution de ces comportements qui vont aller en s’amplifiant. Le projet d’incinérateur manifestement ne tient pas compte de cette orientation et de cette mobilisation qui prennent de l’ampleur dans la société.

L’O.N.U., dans un rapport publié aujourd’hui même, « Journée mondiale de l’environnement », appelle sur ce même sujet à une mobilisation forte en matière non pas d’incinération, mais de changement des comportements et des usages. Avec 5.000 milliards de sacs en plastique consommés chaque année dans le monde, c’est dire que le problème est crucial. A ce titre, le projet d’incinérateur géant d’Ivry, qui fait tout sauf inciter à la réduction de la consommation, et donc à la production de déchets, est d’une certaine manière, excusez-moi l’expression, à côté de la plaque.

Ce n’est pas un hasard si la « Marche des cobayes », grand rassemblement pour la santé environnementale porté par près de 90 associations et collectifs qui, des rejets industriels aux pesticides, en passant par les ondes électromagnétiques, dénonce toutes les formes de pollution portant atteinte à la santé, fera d’ailleurs étape le 30 juin prochain à Ivry.

Pourtant, des projets alternatifs existent. Jeudi prochain sera présenté à la mairie du 2e arrondissement, le Plan B.O.M. – baisse des ordures ménagères – version 2018, qui propose des mesures pour éviter de produire des déchets et mieux les trier pour éviter la stratégie du tout à l’incinération.

L’Autorité environnementale a recommandé que ce Plan B.O.M. fasse l’objet d’une présentation dans l’étude d’impact de même niveau que les autres solutions de substitution que le SYCTOM a envisagées, avant de les écarter.

C’est un choix d’ailleurs partagé par les écologistes depuis longtemps, qui a fait l’objet d’une demande des élus de notre groupe siégeant en comité syndical, acceptée mais sans jamais avoir été réalisée malgré notre insistance. C’est une bien étrange vision de la concertation que celle de ne pas présenter sérieusement les alternatives possibles à un projet.

Je vous remercie.

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